Apprendre à la fois les bases du français et bâtir un projet professionnel cohérent. C’est à ce double défi que doivent répondre — en moins de 550 heures — les stagiaires inscrits à la formation en Français langue étrangère (FLE) dispensée par le Certa.
“C’est une formation de quatre mois, avec deux objectifs centraux. Le premier est le développement de la compétence d’expression écrite et orale. Le second est la construction du projet professionnel, qui se décline en trois étapes comprenant chacune une période d’immersion en entreprise : exploration d’un secteur ou de métiers, élaboration puis stabilisation”, explique le directeur du centre de formation des Minguettes, Wilfried Aubert.
Les seize stagiaires, âgés de 19 à 48 ans, ont tous été orientés par Pôle emploi, la Mission locale, Cap emploi ou la plateforme linguistique du CIDFF. Leurs profils sont multiples, mais ils partagent la même motivation : l’insertion par l’emploi. “C’est un public qui a déjà des compétences car certains ont eu des expériences assez importantes dans leur pays, ajoute Wilfried Aubert. Ils sont motivés, les enjeux sont importants. Lorsque l’on quitte un pays, on quitte sa maison, on n’a rien plus du tout. Il faut manger, dormir. Et donc maîtriser la langue.”
Hang, 35 ans, vietnamienne, vit en France depuis quatre ans. Elle est titulaire d’un un master 1 en japonais. “Je suis venue en France parce que mon mari est Français. Avant, je parlais anglais avec lui, mais j’ai commencé à apprendre le français il y a deux ans. Je voudrais trouver du travail dans une boutique de bijouterie car je me suis découvert une passion pour le montage des bijoux et la création. J’ai fait un stage de deux semaines dans une bijouterie à Paris, qui s’est très bien passé.”
Mamadou, 35 ans, est arrivé récemment du Mali pour rejoindre sa famille. À la fois musicien et menuisier, il cherche surtout à mieux appréhender le milieu professionnel de la menuiserie et son vocabulaire technique. “Je n’ai jamais été scolarisé. Après la naissance de notre second enfant, ma femme a réussi le concours de professeur des écoles et elle enseigne maintenant à Saint-Priest.” Un profil qui se rapproche de celui d’Hachani, 48 ans, originaire d’Algérie. “Avant, j’étais chauffeur poids lourd dans l’est du pays. Je parlais un mélange de français et d’arabe. Je veux continuer à travailler comme chauffeur routier, mais c’est dur sans parler français correctement.”
Fatoumata, 23 ans, est arrivée pour sa part il y a trois ans de Guinée-Conakry, un pays francophone. Cette jeune maman est venue chercher un travail d’assistante maternelle, après avoir vécu de ménages pendant plusieurs années. Mais faute d’avoir pu trouver le stage correspondant à ses attentes, elle l’a effectué dans la vente. “Je me débrouille bien mais je préférerais être assistante maternelle”, sourit-elle. Elle compte toutefois bien poursuivre sa carrière de vendeuse, d’autant qu’elle a reçu une promesse d’embauche, comme la plupart de ses “camarades de classe”.
“L’idée, c’est de faire un stage qui consolide le projet professionnel, ou qui l’infirme si c’est nécessaire. Les apprenants peuvent ainsi se placer dans des entreprises intéressées par leurs profils, explique la formatrice en FLE, Chloé Deglaire. Certains vont se voir proposer, peut-être pas systématiquement un contrat, mais au moins de l’apprentissage ou du travail les week-ends. Ils peuvent ainsi commencer à construire leur réseau, et prennent confiance en eux.”
Durant le mois qui leur reste à travailler au Certa, les stagiaires vont encore progresser sur l’apprentissage du français et sur la construction de leur projet professionnel. Grâce à une meilleure connaissance du monde de l’emploi et de la formation, ils sauront ainsi à quelle porte frapper, et comment. “Ce sera le début de la grande aventure”, conclut Chloé Deglaire.
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