Bosch, Sillia et Rexroth : que restera-t-il de ces trois entreprises dans un an ? L’inquiétude est de mise chez les salariés de ces trois usines installées boulevard Irène-Joliot-Curie sur le même site. Ce qui a poussé la CGT des trois entités à organiser une conférence de presse ce jeudi, afin de “dénoncer un avenir bien sombre pour des sites historiques de Vénissieux”.
Sillia VL, tout d’abord. Selon la CGT, “les caisses sont vides, les commandes trop rares et le seuil de rentabilité n’est pas atteint”. “Depuis le départ, Sillia perd de l’argent, détaille Ali Gourari, délégué syndical. Les machines connaissent des pannes à répétition. La direction recherche des partenaires financiers et des clients. Mais elle a été très claire sur un point : si notre situation ne s’améliore pas, nous n’aurons pas les moyens de finir l’année 2015.”
La semaine dernière, le groupe Technique Solaire a annoncé avoir signé un contrat d’approvisionnement de modules photovoltaïques avec Sillia VL, pour un volume de 7 MWc. Une commande “insuffisante” pour donner plus de visibilité pour l’avenir du site, cédé par Bosch en juin 2014 après un investissement de plusieurs millions d’euros. Certains estiment même que le site se trouve “à deux doigts de la fermeture”…
Bosch, justement. Dans l’usine historique — où travaillent un peu plus de 300 personnes, dont 122 en préretraite et une cinquantaine (seulement !) dans les ateliers diesel — le moral n’est guère meilleur. La direction du groupe allemand vient d’accepter de remettre en place une commission de réindustrialisation du site. Commission qui, il y a quelques années, avait abouti à l’arrivée de lignes d’assemblage de panneaux photovoltaïques à Vénissieux. Activité depuis cédée pour quelques pièces au groupe normand Sillia Énergie. Pour la réussite que nous venons d’évoquer.
“Cette commission de réindustrialisation a pour mission de chercher toutes les solutions possibles pour l’usine de fabrication d’éléments de pompes à injection diesel, explique Kamal Ahamada, délégué syndical. C’est la concrétisation de 10 ans de précarité industrielle. Notre production est appelée à s’arrêter au plus tard fin 2016, et pour l’instant, nous ne savons pas ce qui sera fait par la suite. Cette commission aura au moins le mérite de faire sortir Bosch de l’inaction. Mais notre crainte, c’est qu’elle ne soit prévue que dans le cadre de la loi Florange, qui impose aux patrons de rechercher activement un repreneur avant de décider de fermer un site industriel. Le premier repreneur de Bosch à Vénissieux, c’est Bosch ! Ils ont les moyens de nous trouver une nouvelle production. Ils doivent assumer leurs responsabilités.”
Quelques mètres plus loin, chez Rexroth (qui appartient au groupe allemand Bosch), l’inquiétude monte également depuis l’annonce par la direction générale de la nécessité de réaliser des économies pour un total de 450 millions dans toutes les usines Rexroth. “La direction du site doit présenter dans les prochaines semaines un plan d’économies pour Vénissieux, annonce Gilles de Gea (CGT). Nous ne savons pas ce qu’il contiendra. Le site présente des atouts : il compte un bureau d’études, c’est un centre de compétences reconnu… Mais il se trouve dans une division en difficulté. Nous n’avons de visibilité que pour le début de l’année prochaine…”
“Pour ces trois entreprises, la question de la responsabilité de Bosch est posée, estime François Marquès, secrétaire général de l’Union locale CGT. L’ensemble est à un tournant de son histoire industrielle.”
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