Sept ans d’existence, déjà, et un générique à braver le temps : créés en 2009 par l’Institut Lumière, le festival Lumière et le prix du même nom ont tour à tour honoré Clint Eastwood, Milos Forman, Gérard Depardieu, Ken Loach, Quentin Tarantino et Pedro Almodovar. Pour sa septième édition, c’est Martin Scorsese qui repartira avec le prix tant convoité de la manifestation. Laquelle se déroulera cette année du 12 au 18 octobre.
Après quelques chiffres —145 000 festivaliers l’an passé pour 146 films projetés, 68 lieux impliqués dans l’agglo dont, à Vénissieux, le cinéma Gérard-Philipe, un budget de 3,3 millions d’euros financé à 45% par les pouvoirs publics, principalement la Métropole, la Région et le CNC, et à 55% par des ressources propres—, Thierry Frémaux, le directeur de l’Institut Lumière, peut annoncer la programmation. Roulements de tambour tant celle-ci est alléchante.
Plusieurs hommages seront rendus : à la cinéaste russe Larissa Chepitko, disparue dans un accident de voiture en 1979, véritable découverte. Trois de ses films seront montrés. Beaucoup plus connu, le Japonais Akira Kurosawa sera l’objet d’une rétrospective au cours de laquelle seront présentés une quinzaine de films de ses débuts (« Les années Toho », du nom du studio pour lequel il travaillait à l’époque), « avec beaucoup d’inédits et quelques films de propagande tournés pendant la guerre ». De Julien Duvivier, on pourra voir sept films en copies restaurées dont au moins deux n’ayant jamais fait l’objet d’une sortie DVD, « La belle équipe » —et Gabin qui chante « Quand on s’promène au bord de l’eau »— et « Le jour se lève », sur la fin de vie de comédiens dans une maison de retraite, avec Jouvet et Michel Simon en têtes d’affiches. La Gaumont, qui célèbre ses 120 ans d’existence, aura sa carte blanche. Bertrand Tavernier proposera la deuxième partie de son voyage à l’intérieur du cinéma français, et en profitera pour saluer la réalisatrice Jacqueline Audry, qui signa plusieurs films intéressants dialogués par son mari Pierre Laroche, et le musicien Maurice Jaubert. Toujours à propos de musiques de films, le récemment oscarisé Alexandre Desplats sera là.
Citons encore des hommages au studio d’animation Pixar, au Technicolor et à Jean Yanne. Avec toujours une Nuit de la peur, un film pour les enfants le mercredi après-midi, des ciné-concerts, avec une copie restaurée de la « Jeanne d’Arc » de Dreyer, quelques grandes projections (« Out of Africa », « Blade Runner », « Dr Jivago »). Et un coup de chapeau en sa présence à Sophia Loren, dont le fils, Edoardo Ponti, a filmé l’an dernier une version de « La voix humaine » de Cocteau, qui fut montrée au festival de Cannes 2014 et le sera à nouveau à Lyon.
Le Danois Nicolas Winding Refn (« Bronson », « Le guerrier silencieux », « Drive », « Only Gods Forgive ») viendra également à Lyon, pas pour les films qu’il écrit et réalise mais pour ceux qu’il aime. Actes Sud, dans sa collection « Cinéma » dirigée par l’Institut Lumière, publie « L’art du regard », interview de Refn sur sa collection d’affiches de la sexploitation. Quelques films appartenant à ce courant seront montrés. Dans une vidéo, le cinéaste explique que ce genre de livre et les films à qui il rend hommage sont davantage destinés au public français qu’aux Américains. « Les Français préfèrent le sexe », lâche-t-il avec un petit sourire narquois.
Qu’ajouter sinon que Martin Scorsese recevra le prix Lumière ? L’auteur de « King of Comedy » deviendra pour tous les Lyonnais l’espace d’une semaine, King of Movies. Vu les acclamations qui ont accueilli la nouvelle à l’Institut Lumière, gageons que ce n’est pas avec l’édition 2015 que le festival va vider ses salles.
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