“Mobiliser autant devant la boîte, c’est déjà rare, mais faire ça à Lyon, c’est exceptionnel”. Nombre de salariés de Renault Trucks mesuraient ce matin l’ampleur du mouvement qui s’est levé dans leur entreprise depuis quelques semaines. Après plusieurs rassemblements d’importance à Saint-Priest et Vénissieux, c’est dans les rues du 7e et du 3e arrondissements, ce mardi, qu’ils sont venus crier leur colère.
Rangés sous les banderoles des différentes organisations qui composent l’intersyndicale (CFE-CGC, CGT, CFDT, CFTC, FO et Sud), un millier d’hommes et de femmes, quasi exclusivement des cadres et techniciens (en première ligne dans le plan de 591 suppressions d’emplois), ont vilipendé le groupe Volvo, les actionnaires “toxiques” et réclamé du premier ministre, Manuel Valls, qu’il mette en conformité ses paroles et ses actes.
Lors d’une visite à Lyon le mois dernier, Manuel Valls avait en effet déclaré que le plan présenté par Volvo n’était “pas acceptable” et qu’une “autre solution” devait être mise en œuvre. Il a toutefois fallu attendre ce 16 juin pour que les pouvoirs publics négocient directement avec les responsables du groupe suédois. Au moment même où les salariés défilaient à Lyon, se tenait à Paris une réunion entre le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, le sénateur maire de Lyon, Gérard Collomb et le PDG par intérim de Volvo, Jan Gurander.
Selon les responsables syndicaux qui ont pu s’entretenir avec le préfet ce matin à l’issue de la manifestation, le gouvernement serait déterminé à mettre la pression. “Concrètement, le jeu a commencé, a indiqué Éric Freyburger, secrétaire de la CFE-CGC. On nous a fait comprendre que le bras de fer pourrait durer plusieurs mois.” Mais selon un autre délégué syndical, le gouvernement ne serait « pas outillé juridiquement » pour contrer Volvo, et compte sur la mobilisation des salariés pour peser davantage dans les négociations.
Une mobilisation qui reprend dès demain, mercredi, à 9 heures, sur les sites de Vénissieux et Saint-Priest, à l’occasion d’une nouvelle entrevue entre les représentants des salariés et la direction de Renault Trucks. À noter que quelques élus se sont joints aux manifestants ce mardi, notamment le maire communiste de Vénissieux, Michèle Picard.
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