Plutôt qu’un long discours, Wilfrid Aubert, directeur du Certa, montre la feuille de programmation 2015-2016 des formations. Sur le premier trimestre ne figurent que deux lots. “L’an dernier on en avait quatorze, précise-t-il. Je ne peux pas être plus explicite”.
Dire que le Centre régional des techniques avancées (Certa) est en difficulté est un euphémisme. La situation financière du centre de formation des Minguettes, qui a soufflé ses trente bougies en 2013, n’a jamais été aussi fragile. Le 30 janvier dernier, lors de l’attribution des lots de formation professionnelle par la Région Rhône-Alpes, il n’a rien obtenu. Le manque à gagner s’élève à 1,2 million d’euros sur un budget annuel de 1,5 million ! Un véritable coup de massue, alors que le Certa emploie 27 salariés et forme 600 stagiaires par an, avec un savoir-faire reconnu.
Depuis, la direction et le conseil d’administration de l’association ont multiplié les démarches, en particulier auprès des décideurs politiques, tant au niveau régional que national. Sans succès. “Disons que nous avons reçu des réponses polies, mais rien de concret”, déplore Wilfrid Aubert.
Conséquence : un plan social est envisagé dès cet été. Il se traduira par le départ de huit ou neuf salariés. Mais cela ne sera pas suffisant pour sauver le centre à long terme. “Nous nous démenons pour décrocher de nouveaux lots, souligne le directeur. On s’est positionnés auprès des bailleurs sociaux pour assurer la formation des gardiens d’immeuble, que nous maîtrisons parfaitement. Une démarche a également été menée en direction des concessionnaires du pôle automobile du boulevard Laurent-Bonnevay pour former des vendeurs.”
Face à « une situation de quasi-monopole »
Mais l’enjeu principal sera l’issue d’un gros appel d’offres (plusieurs milliers d’heures de formation) sur les “compétences premières” (préqualification) à destination du public vénissian. Le Certa y a répondu en partenariat avec d’autres structures. La réponse est attendue en octobre. “Si on le décroche, nous survivrons et nous pourrons continuer à réorienter notre développement. Dans le cas contraire, ce sera la fin. Mais je n’ose pas l’imaginer. La région ne peut pas ne pas nous entendre.”
Pour Wilfrid Aubert, au-delà du cas particulier du Certa, la question est de savoir quel système de formation professionnelle nous voulons. Lors de l’attribution des lots par la Région en début d’année, deux organismes poids lourds, l’AFPA et les Greta, se sont en effet taillé la part du lion, ne laissant que des miettes aux structures plus modestes ne disposant pas d’un réseau étendu.
« On est aujourd’hui confrontés à une situation de quasi-monopole, estime le directeur. Or des centres comme le nôtre ont un rôle irremplaçable. Sans nous, la formation perd en innovation et en souplesse. Il y a des choses au Certa que nous sommes les seuls à faire. Nous ne sommes pas un simple opérateur qui se positionne pour décrocher le maximum de marchés, nous sommes ancrés dans la réalité sociale et locale, nous nous interrogeons sur la place des jeunes des quartiers populaires dans le monde du travail, nous les accompagnons en tenant compte de leurs difficultés. Depuis 30 ans, nous avons fait nos preuves, les résultats de nos stagiaires aux examens sont bons. C’est tout cela qui est menacé si le Certa vient à disparaître. »
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