“Je vous demande d’influer sur le personnel pour le rassurer, afin de conserver l’excellente image que l’usine a su transmettre, et cela également durant ces derniers mois, malgré toutes les tensions et charges psychologiques.” Ainsi s’exprime Franz Fehrenbach, président du directoire de Bosch, en réponse au courrier que lui ont adressé les syndicats du site vénissian la semaine dernière, pour l’alerter de l’exaspération qui monte dans l’entreprise face aux menaces qui pèsent sur l’emploi.
On savait que le syndicalisme allemand était caractérisé par une tradition de dialogue avec le patronat, mais pas au point de demander à des organisations de salariés (françaises de surcroît) d’ “influer sur le personnel” ! Comment les ouvriers, les techniciens et les cadres pourraient-ils être rassurés quand on leur annonce que le site va perdre entre 250 et 400 emplois à l’horizon 2012 ? Et que toutes les recherches menées jusqu’ici pour faire venir de nouvelles fabrications se sont soldées par des échecs. Franz Fehrenbach le confirme du reste lui-même dans son courrier : “Le travail intensif de la commission de recherche industrielle n’a apporté aucune nouvelle solution à l’intérieur du groupe Bosch. Seule l’idée de l’assemblage de panneaux solaires reste toujours sérieusement à l’étude. (…) Ce qui complique la situation est le fait que le gouvernement français n’a malheureusement pas encore fixé les futures conditions générales pour la filière du photovoltaïque”.
Tandis que les syndicats exigent des décisions rapides et des engagements fermes pour sauvegarder le maximum d’emplois, le n° 1 du groupe allemand les prie donc de calmer le personnel. Outre le fait qu’il s’agit là d’une conception toute particulière de l’action syndicale, cette demande surprend d’autant plus que les salariés font preuve d’une patience exemplaire depuis l’annonce, fin 2009, du désengagement de la division diesel de Vénissieux.
Le courrier de M. Fehrenbach comporte tout de même une note optimiste. Il fait part de travaux engagés avec l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) et l’Agence pour le développement économique de la région lyonnaise (Aderly), pour convaincre des investisseurs étrangers de la qualité de l’usine et de ses collaborateurs. “Ces travaux avancent bien, indique-t-il. Par exemple, des documents de présentation du site ont été distribués aux services économiques de toutes les ambassades françaises. Nous sommes en train de déterminer le besoin de surface et de collaborateurs avec certains investisseurs intéressés.”
Pas sûr que cela suffise à rassurer le personnel.
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