Fréquentation des grands jours ce jeudi matin dans la salle des profs du lycée d’enseignement général et technologique Marcel-Sembat. Sur la soixantaine d’enseignants, 90 % sont en grève. “Une mobilisation inédite”, observe l’un d’eux. Dans l’après-midi, ils ont prévu de se rendre en délégation au rectorat. Et si cela ne suffit pas, une occupation de l’établissement est d’ores et déjà programmée jeudi prochain.
Les enseignants sont en grève pour obtenir la création d’un second poste de Conseiller principal d’éducation (CPE). Alors que de nombreux lycées de taille comparable dans l’agglomération sont dotés de deux CPE, le lycée Marcel-Sembat (612 élèves) n’en a qu’un. Une situation d’autant plus incompréhensible que les effectifs ne cessent d’augmenter : près d’une centaine d’élèves supplémentaires en trois ans. À la rentrée prochaine, “Sembat” devrait même franchir la barre des 700 élèves.
Cette progression est à mettre en relation avec une autre progression, celle de la cote de l’établissement. Hier dans les profondeurs des classements dont raffolent la presse spécialisée étudiante et les news magazines, le lycée a fait une remontée spectaculaire, notamment pour ce qui concerne les taux de réussite au bac. Une remontée qui s’explique par un projet d’établissement ambitieux, basé sur un accompagnement poussé des élèves. Et, bien sûr, par des moyens supplémentaires… qui font aujourd’hui défaut.
“Il y a quatre ans, j’avais un peu plus de vingt d’élèves en 1re S, témoigne un prof de maths, aujourd’hui je ne suis pas loin des 35. Cela change tout”. Au-delà de la revendication d’un poste supplémentaire de CPE, les enseignants veulent donc alerter sur la nécessité de réguler les effectifs et de continuer à doter le lycée de moyens lui permettant de pérenniser son projet pédagogique.
Cité en exemple par l’Éducation nationale, érigé en symbole des établissements qui parviennent à concilier réussite scolaire et origine sociale modeste des élèves, le lycée Marcel-Sembat est aujourd’hui dans une situation fragile. “Depuis la rentrée, on sent clairement que nous sommes de nouveau sur la pente descendante, souligne une enseignante. La motivation qui nous portait s’étiole. Tous ensemble on a réussi un boulot extraordinaire et par manque de moyens on risque de tout gâcher. Nous sommes bien placés pour savoir qu’un établissement scolaire descend la pente beaucoup plus vite qu’il ne la remonte”.
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