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Associations au régime sec

Par effet de ricochet, la contraction des finances publiques décidée par l’État frappe le monde associatif, qui peine à poursuivre ses activités, en particulier dans le domaine social. Une commission d’enquête parlementaire a émis des propositions pour répondre à cette crise.

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L’ASSFAM, qui accompagne les migrants, fait partie des associations locales qui souffrent

 

Le plan d’économies drastique décidé par le gouvernement pour financer le « Pacte de responsabilité » censé redonner de la compétitivité aux entreprises françaises, n’en finit plus d’assécher l’action publique. Les collectivités territoriales (Régions, Départements, communes) sont les premières à en supporter les conséquences. Sur la période 2014-2017, la baisse des dotations d’État devrait atteindre 28 milliards d’euros ! Par un effet de ricochet, ces restrictions plongent le monde associatif dans une situation extrêmement délicate. La situation est suffisamment grave pour avoir motivé la création d’une commission d ‘enquête parlementaire, qui a rendu ses conclusions le 20 novembre dernier.
Selon le Collectif des associations citoyennes (CAC), un réseau national qui lutte contre la réduction des associations à leur seule dimension économique, « le secteur associatif apparaît comme l’une des principales variables d’ajustement de la réduction des finances publiques. » Le CAC estime que le manque à gagner a été de 1,4 milliard en 2014 et qu’il atteindra 5 milliards en 2015. Il craint par ailleurs la disparition de 265000 emplois d’ici à 2017 et dénonce « un plan social invisible ».

Dans le secteur associatif, tout le monde n’est pas aussi pessimiste. Mais personne ne nie l’ampleur des difficultés à venir. « On le sent vraiment depuis 2013, observe Corine Romeu, directrice du Centre associatif Boris-Vian de Vénissieux, qu’héberge la Maison des associations. Les budgets sont plus difficiles à boucler, mais également plus difficiles à construire. Pour obtenir une subvention ou une commande publique, la complexité des dossiers ne fait qu’augmenter. Or les associations de petite et moyenne taille ne disposent souvent pas des compétences et des moyens nécessaires pour accéder aux circuits de financements. Ici, au CABV, nous les accompagnons. Parfois, il faut quasiment déconstruire le projet associatif pour rentrer dans les cases administratives. »
Tarissement des ressources, changement de la relation avec la puissance publique, mise en concurrence des associations au travers des appels à projet : les effets conjugués de ces évolutions sont parfois dévastateurs.

Aucune visibilité

Les associations qui souffrent le plus sont souvent de taille moyenne, avec quelques salariés, et interviennent dans le secteur social, fortement dépendant des financements publics. Comme FIL (Femmes informations liaisons), basée à Saint-Fons, qui assure l’accueil et l’accompagnement des femmes victimes de violence conjugales avec des moyens loin d’être à la hauteur des besoins. Ou encore l’ASSFAM (association service social familial migrants), basée à Vénissieux, qui travaille à l’accueil et l’intégration des publics issus de l’immigration sur le territoire de la région Rhône-Alpes. « Nous avons perdu plusieurs subventions ces dernières années, déplore Saïda Choug, la responsable. On a été contraints de fermer un bureau à Villefranche, nous avons également dû fermer la permanence service social dans le Rhône qui constitue pourtant la base de notre activité. En 2013, nous avons perdu l’équivalent de six postes de salariés. Et les besoins ne baissent pas. L’équipe, aujourd’hui composée de 12 salariés, travaille dans des conditions très tendues. Nous n’avons aucune visibilité pour l’avenir. D’autant que les dynamiques territoriales sont très différentes. Entre le Rhône, l’Isère, la Savoie… les niveaux de subvention et la façon d’y accéder varient beaucoup. On passe notre temps à monter des dossiers, c’est incroyablement chronophage et énergivore. Et terriblement frustrant car on est moins efficace sur notre mission première qui est d’accompagner les migrants. »

Une enveloppe communale stable

Les associations sportives, récréatives ou de loisirs, ne connaissent pas autant de difficultés car elles sont moins liées aux financements publics issus de l’État, des Régions, des Départements. Leurs ressources sont majoritairement privées, notamment au travers des cotisations. Et leur principal partenaire public reste la commune. Leur équilibre n’en reste pas moins fragile. À Vénissieux, la municipalité, malgré l’austérité, a fait le choix de maintenir son enveloppe globale annuelle qui s’élève à un peu plus de 5,5 millions d’euros. « Nous n’augmentons pas car nous ne pouvons pas le faire, mais nous nous refusons à baisser l’aide au secteur associatif, souligne le maire, Michèle Picard. Ce soutien est essentiel dans le contexte de délitement de la société que nous connaissons. Les associations jouent un rôle éminent dans le maintien du lien social. »

Outre l’aspect financier, c’est surtout la crise du bénévolat qui, aux yeux du maire, constitue aujourd’hui la principale préoccupation du secteur associatif local. « Je suis régulièrement interpellée sur ce sujet. Les associations ne trouvent plus ou très difficilement des personnes prêtes à s’investir dans des postes à responsabilité, comme président, trésorier ou secrétaire. Face à la crise et aux difficultés, les gens ont tendance à se replier sur eux-mêmes. Et ils s’investissent forcément moins dans l’intérêt général. »

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