Il fait nuit et la placette de la rue Maurice-Ravel, dans le quartier Léo-Lagrange, est à peine éclairée par deux lampadaires. Pourtant, les quelques personnes présentes ce soir du 19 novembre, lèvent un regard admiratif sur la façade d’un immeuble d’Alliade Habitat. « Je vais veiller sur elle, assure une habitante qui passe par là. Chaque fois que je sortirai du boulot, je passerai voir si elle n’a pas été salie ! »
« Elle », c’est une gigantesque fresque géométrique peinte par l’artiste Nelio dans le cadre du projet Mosaïque urbaine, mené sur plusieurs quartiers de la ville par l’association Bizarre ! « Je fais principalement de la peinture de mon propre chef, dans des lieux abandonnés, commente Nelio. De temps en temps, un festival ou une association m’invitent à réaliser une fresque. » Quel que soit le projet, qu’il soit en voyage ou dans son atelier, Nelio exécute « énormément de croquis ». « Je choisis ensuite parmi mes préférés et vois lequel irait le mieux par rapport à l’espace dont je dispose. »
Juché sur sa nacelle —le mur est très haut—, l’artiste s’est laissé la possibilité d’improviser, « de rajouter des formes ». Quand il en redescendait, il avait tout le loisir de discuter avec les riverains : « J’avais de bons retours. Certains me disaient que la fresque mettait plus de vie dans le quartier. Les uns me remerciaient, d’autres ne comprenaient pas. En discutant, cela allait mieux. Quant aux responsables d’Alliade, ils ont été enchantés. Ils avaient vu mes travaux et ne m’ont jamais imposé de valider quoi que ce soit. »
Auparavant, Nelio avait travaillé avec des enfants sur un mur du quartier Jules-Guesde, en face de l’école. « Les gamins étaient cools, très motivés, vraiment dedans. Ils ne voulaient pas s’arrêter, tellement ils étaient passionnés ! Je les ai guidés mais ils ont apporté pas mal d’idées. C’est eux, les auteurs de cette création. » La fresque de Maurice-Ravel est très géométrique : « Je viens du graffiti, du lettrage, reprend l’artiste. Depuis quelques années, je m’intéresse à l’architecture et donc à des formes plus géométriques. J’aime ce côté minimal… comme si on jouait avec des Legos, des formes pures qui peuvent construire un univers plus complexe. »
Nelio veut cependant que sa composition reste accessible à tous. On peut ainsi voir dans ses formes géométriques quelques livres ouverts, symboles des connaissances. « Le côté abstrait de la fresque fait que l’on se pose des question. Ce n’est pas du tout cuit ! Il faut chercher, même s’il n’y a rien à trouver. Et faire interagir ceux qui regardent. » Il ajoute que chacun des éléments peints est connecté aux autres, que rien n’est au hasard. « Avant, je dessinais des visages imbriqués les uns dans les autres. L’œil d’un individu était la bouche du suivant. Mes personnages sont devenus géométriques, abstraits mais le message reste le même. »
pascal Giraudon
27 novembre 2014 à 16 h 13 min
Cette fresque de Nélio est une très bonne réussite à comparer de celle des roses boulevard Ambroise Croizat…
Merci Nélio