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Renault Trucks : le spectre de licenciements secs

La mobilisation reste forte contre le plan de 508 suppressions d’emplois lancé par AB Volvo. Les syndicats appelaient à une nouvelle journée d’action ce 24 avril. Ils dénoncent des négociations stériles et craignent des licenciements secs.

RTrucks 24 avril 125La mobilisation reste forte contre le plan de 508 suppressions d’emplois lancé par AB Volvo. Les syndicats appelaient à une nouvelle journée d’action ce 24 avril. Ils dénoncent des négociations stériles et craignent des licenciements secs.
Les semaines passent mais la tension ne baisse pas dans les ateliers et les bureaux des établissements Renault Trucks. Si l’on en croit l’intersyndicale (CGT/CFDT/SUD/CFE-CGC), « chaque jour amène un peu plus de confusion, d’anxiété chez les salariés ».

Depuis l’annonce début mars par AB Volvo (Propriétaire de Renault Trucks) d’un plan de 4400 suppressions d’emplois dans le monde, dont 508 en France (1300 en comptant les intérimaires et les prestataires), les négociations sur les modalités de départ n’avancent guère, en tout cas pas dans le sens souhaité par les représentants du personnel. La direction avait affirmé d’emblée vouloir « limiter les départs contraints« , mais les syndicats craignent aujourd’hui des licenciements secs. “Après deux mois de négociations stériles, nous estimons que les modalités proposées jusqu’ici pour inciter aux départs volontaires sont insuffisantes pour éviter des licenciements secs sur l’ensemble des sites français”, explique Olivier Parret, délégué CFE-CGC, qui représente les cadres et techniciens, les plus touchés numériquement par ce plan “social”.

Le 19 mars, à l’occasion du CCE qui lançait les négociations, plusieurs centaines de salariés avaient débrayé. Une 2e journée d’action et de manifestation a eu lieu le jeudi 24 avril, avec un important rassemblement devant l’établissement de Vénissieux, qui accueillait un nouveau CCE. Une pétition ayant déjà recueilli 2000 signatures a été remise à la direction.

“C’est d’embauches dont nous avons besoin”

Hormis le nombre d’emplois qui seront supprimés (319 à Vénissieux et Saint-Priest, 128 à Blainville et 61 à Bourg-en Bresse), les contours du plan d’AB Volvo pour « maîtriser les coûts et restaurer la compétitivité » restent flous. La direction, qui refuse de s’exprimer avant la fin des négociations, aurait proposé des départs en préretraite financés à hauteur de 65 % du salaire net. Des conditions que les syndicats jugent trop faibles pour convaincre les plus anciens de partir. D’où la crainte de licenciements secs.

Au-delà des modalités de départs, l’intersyndicale conteste le bien fondé d’une réduction des effectifs. “La quantité de personnel a déjà bien baissé ces dernières années avec les départs à la retraite non-remplacés”, observe Patrick Draussin, délégué central SUD. “La charge de travail n’est déjà pas facile à tenir, qu’est-ce que ce sera demain ?, interroge son homologue de la CGT, Grégory Khiati. Ce n’est pas de suppressions de postes dont nous avons besoin mais d’embauches.” Il cite l’exemple de l’établissement de Bourg-en-Bresse où il a récemment été décidé “des augmentations de cadence et le recours aux heures supplémentaires”. Pour Olivier Parret, “la direction prend le risque d’affaiblir l’entreprise alors que l’activité devrait repartir avec la nouvelle gamme de camions lancée en juin dernier.” Et la CFDT attire l’attention sur les dangers qu’entraînerait ce plan pour la santé du personnel restant.

« Des licenciements uniquement boursiers »

Tous les syndicats, y compris la CFE-CGC, estiment que le plan d’AB Volvo n’est pas économiquement justifié, sinon par la volonté de verser davantage de dividendes aux actionnaires. La CGT appuie ces accusations sur une analyse des comptes d’AB Volvo montrant que « 83 % des bénéfices dégagés entre 2001 et 2012, soit un peu plus de 9 milliards d’euros, ont été distribués aux actionnaires sous forme de dividendes. »

Le syndicat va même plus loin en affirmant que les investissements, loin d’avoir été assurés par les actionnaires, ont été réalisés en grande partie par le biais de l’autofinancement et de l’emprunt. « Si les actionnaires du groupe n’avaient pas eu un appétit aussi vorace, les bénéfices générés auraient pu servir à financer intégralement les investissements sans recours à l’endettement, souligne Grégory Khiati. Les actionnaires en veulent toujours plus. C’est l’unique raison de ce plan. »

 

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