Au-delà de la colère… Deux semaines après avoir passé des premiers entretiens d’embauche, les Veninov étaient convoqués ces 9 et 10 avril pour apprendre si oui ou non, le repreneur Windhager les embarquait dans « le nouveau projet » du groupe autrichien pour l’usine de la rue Eugène-Maréchal. Sur vingt personnes convoquées, treize seulement se sont vu remettre un « projet de contrat de travail ». Aucun des cinq délégués syndicaux de la CGT n’a été retenu. Ceux-là même qui, depuis deux ans, se battent pour que leur entreprise survive à la liquidation judiciaire.
« Il y a, derrière cette décision de Windhager, une dimension plus que symbolique, estimait ce mercredi soir André Gerin, le député honoraire du Rhône. Le fait d’avoir dirigé une lutte, de s’être occupé de l’industrie, de l’emploi, on voudrait nous faire croire que ce n’est pas bien. C’est gravissime. On les traiterait presque de délinquants, alors qu’ils ont sauvé l’usine ! »
« 100% des délégués CGT non repris, c’est une véritable provocation et une véritable chasse à l’homme », relève Stéphane Navarro (CGT). Il note aussi que les projets de contrats de travail proposés « sont entachés d’erreurs, pour ne pas dire d’irrégularités. En tout état de cause, ils ne correspondent pas aux engagements pris par Windhager. » Et le responsable syndical de lister ces manquements : « Outre le fait qu’ils ne reprennent pas toutes les primes comme cela était convenu, ils constituent des contrats de travail à durée indéterminée à temps partiel pouvant être d’une durée hebdomadaire de 20 heures, voire moins selon le bon vouloir de Windhager. La proposition que l’embauche à temps partiel soit pour une durée limitée de trois ou quatre mois, puis transformée en temps complet, est balayée. Alors qu’une convention d’objectifs et de moyens avec l’Etat doit être établie pour que Windhager obtienne aide financière et exonérations, le préfet de Région va-t-il accepter que les emplois financés par les pouvoirs publics soient des emplois au rabais ? Nous avons le sentiment que les dirigeants de Windhager, plus particulièrement leurs conseils juridiques, se moquent de toutes les parties concernées par cette affaire. »
De fait, cette décision de Windhager de précipiter les embauches après une dizaine de jours de silence, est à l’évidence liée à l’audience prévue ce jeudi au tribunal de commerce de Nanterre. Rappelons en effet qu’en février dernier, l’administrateur judiciaire avait assigné Windhager en référé afin de l’obliger à présenter un plan de reprise respectant les ordonnances rendues par le tribunal de commerce en mai 2012. Faute de quoi, il demandait que Windhager soit astreint à payer 30 000 euros par jour de retard. Mais Windhager s’était alors engagé à redémarrer les activités et les embauches à partir de mars sur le site de Vénissieux et le président du tribunal de commerce avait décidé de renvoyer l’affaire au 11 avril.
Cette audience, les Veninov souhaitent aujourd’hui la voir repousser. Dans une « adresse au président du tribunal de commerce » (adresse transmise au préfet de Région), ils demandent l’application de la demande de l’administrateur judiciaire « quitte à ce qu’elle soit revue et annulée si un protocole d’accord et des contrats de travail conformes aux engagements étaient signés ». Ils lui demandent aussi de surseoir pour une semaine à sa décision, le temps que le groupe autrichien présente enfin « un protocole d’accord et des contrats de travail conformes aux engagements ».
Pour l’heure, l’audience reste prévue ce jeudi, à 14 heures. Les Veninov y seront représentés par André Gerin et par le sénateur Guy Fischer.
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