“Windhager a toutes les cartes en main.” C’est ce que déclaraient les Veninov, la semaine dernière, quelques heures après s’être « fait poser un lapin » par le repreneur autrichien, lequel devait venir réaliser un audit du site. Convoqués ensuite par le juge du tribunal de commerce de Nanterre, les représentants de Windhager ont (enfin !) montré leur jeu : oui, ils prévoient de faire repartir l’activité industrielle rue Eugène-Maréchal.
Selon Eric Kurtz, directeur commercial de Windhager France, les statuts des deux sociétés ont été déposés. La première, Venilia Sales Marketing, commercialisera dans toute l’Europe les nappages et adhésifs produits par la seconde, nommée Veninov Production. Cette dernière sera placée sous le giron d’un industriel néerlandais, Van Merksteijn, qui aurait commencé à sortir de ses lignes de production des toiles cirées estampillées Venilia. Avant la fin de l’hiver, Van Merksteijn devrait par ailleurs transférer à Vénissieux une de ses machines. Preuve du savoir-faire de ce groupe néerlandais, notons qu’il a précédemment racheté une autre usine du groupe Alkor-Venilia, liquidé en juillet 2011 et auquel Veninov appartenait. Après y avoir investi 14 millions d’euros et embauché 48 personnes, il a déjà récupéré près de la moitié de l’ancien chiffre d’affaires du site.
Concernant l’emploi, les Veninov devraient en savoir plus dans le courant de la semaine. Un nouveau rendez-vous est en effet programmé ce mercredi 19 décembre à Paris, en présence d’un représentant de l’État et d’un autre de Veninov. Mais les embauches pourraient bien être moins nombreuses que prévu. De quarante à cinquante lors de la présentation du projet par Windhager au tribunal de commerce de Nanterre, on devrait n’arriver qu’à cinq à huit emplois à temps plein, ou bien une quinzaine à temps partiel. Le recrutement de deux anciens cadres de la “maison” est également annoncé.
Selon ses dires, le groupe autrichien compte investir une dizaine de millions d’euros en cinq ans sur le site de Vénissieux, dans l’optique de générer des bénéfices dès 2014. Car l’urgence est de relancer l’activité commerciale. Sauf que les présentoirs de Venilia ont été vendus par le liquidateur à un concurrent allemand, Hornschuch. Un véritable handicap que Windhager espère compenser en participant début janvier au salon des textiles d’ameublement et de la maison Heimtextil, à Francfort.
Des questions en suspens
Du côté des Veninov, le soulagement est de mise. Ne craignaient-ils pas, quelques heures plus tôt, que l’annulation de la visite du site par Windhager ne signifie un retrait pur et simple du groupe autrichien ? Il n’empêche que Catherine Chollier (CGT) se refusait lundi à commenter ces annonces. Chat échaudé…
“Nous venons de traverser une période de forte mobilisation de tous et surtout une très forte sollicitation des salariés, du syndicat CGT de Veninov et de ses responsables, détaille François Marques, secrétaire général de l’union locale CGT. Il est désormais possible pour les Veninov de se reposer et de profiter de la période des fêtes dans une perspective plus sereine qu’elle ne l’était hier. Nous entrons dans une période de trêve où les représentants des salariés souhaitent laisser les négociations et transactions en cours s’effectuer, sans faire de suppositions et sans les commenter.”
Une seule certitude : rien de concret n’interviendra avant la fin de l’année. Et les interrogations se bousculent encore. Combien d’anciens salariés seront embauchés dans les prochains mois ? Quelles perspectives pour l’avenir ? Malgré les promesses rassurantes de Windhager, les Veninov ont en effet une crainte : que le site de Vénissieux devienne un simple espace de stockage pour l’usine néerlandaise. Ce qui ferait s’effondrer comme un château de cartes leur combat pour une reprise industrielle du site de la rue Eugène-Maréchal.
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