Les quatre policiers du commissariat de Vénissieux interpellés le 11 septembre n’avaient pas encore été mis en examen pour ”corruption passive par personne dépositaire de l’autorité publique”, mais -actualité oblige- c’est d’abord sur cette action spectaculaire de l’IGPN que Michèle Picard, le maire, était interrogée lors de la conférence de presse de rentrée qu’elle tenait, jeudi 13 septembre à Lyon. Au-delà, il a été question de bien d’autres sujets d’actualité. Certains nationaux, tels que la politique envers les Roms ou le traité budgétaire européen, d’autres plus locaux, tels que le Puisoz. Elle était accompagnée de plusieurs membres de l’équipe municipale, en particulier de la première adjointe Yolande Peytavin, de Danièle Gicquel (parti socialiste) et de Thierry Vignaud (MRC).
”Ne comptez pas sur moi pour tirer à boulets rouges sur la police ni pour mettre tout le monde dans le même sac. Il y a environ 140 agents en poste à Vénissieux et leur travail est remarquable. Les chiffres de la délinquance le prouvent, qui sont soit stables soit en baisse. Les incendies de voitures, par exemple, ont baissé de 20% en deux ans. Cela veut bien dire que tout le travail qu’elle mène en partenariat avec les bailleurs, le Sytral, Kéolis, la police municipale, le TOP paie. Mais je ne vis pas au pays des Bisounours et il me semble indispensable que l’Etat renforce la police d’investigation pour démanteler les trafics de drogue, d’armes et les économies souterraines.»
Le maire n’a pas eu l’occasion d’en parler au ministre, venu le lendemain dans l’agglomération lyonnaise. Pour autant, elle ne s’offusque pas que Vénissieux ne soit pas parmi les villes retenues pour bénéficier d’un classement en « zone de sécurité prioritaire » : « Les services compétents ont considéré que les moyens suffisaient, puisque nous bénéficions déjà de dispositifs tels que les UTEQ ».
À Manuel Valls, Michèle Picard aurait pu également parler des Roms : « Les démantèlements de camp montrent bien que le problème n’est pas du tout résolu. Les collectivités sont prises entre leur devoir de dignité et d’humanité, et l’impératif de sécurité et de tranquillité pour les riverains. Je note que certains maires demandent au préfet une conférence d’agglomération, que je réclame depuis trois ans. Si l’on veut agir au cœur du problème, il faut déjà œuvrer à l’échelle de l’agglomération et aussi interpeller les instances européennes, sans lesquelles on ne sortira pas de ce bricolage incessant et indécent. »
Cette rentrée, la première sous « l’ère François Hollande », n’a rien d’un fleuve tranquille. Et surtout pas pour les personnels des innombrables entreprises menacées de fermeture ou de délocalisation. « Veninov est l’exemple du jeu de massacre auquel se livre la finance, assure Michèle Picard. Les fonds de pension se fichent des salariés et des productions : ils veulent l’argent, tout l’argent, et tout de suite. » Certes, la « lutte historique » des salariés vénissians a contrecarré ces plans, mais pour l’instant, rien ne se passe. Aussi, Michèle Picard s’affirmait-elle « vigilante sur les conditions et le calendrier de redémarrage de l’entreprise », estimant « légitime » l’impatience des salariés.
« L’Etat doit retrouver sa place, pour booster les secteurs d’avenir, accompagner les PME-PMI et s’opposer frontalement à la rapacité de la finance», plaide le maire communiste de Vénissieux. « Il faut agir vite et fort, car nous traversons des crises qui se superposent : emploi, industrie, éducation, logement, santé… Nous n’avons pas le choix car à l’impatience risque de succéder la déception ou l’exaspération. Il ne faut pas simplement une gauche de gestion, mais une gauche de combat. »
Dénonçant « l’Europe des marchés et des marchands », le maire juge encore « inacceptable » le traité budgétaire européen, « amendé à la marge par François Hollande à travers le pacte de croissance » ; et développe la revendication du Parti communiste et du Front de gauche pour que ce traité MES fasse l’objet d’un référendum : « C’est aux citoyens de s’exprimer ».
Michèle Picard a tenu à revenir sur l’échec de sa candidature aux élections législatives : « Je l’assume et je le regrette profondément. Pas pour moi, parce que je n’ai pas de plan de carrière si ce n’est celui d’être entièrement au service des habitants et salariés de Vénissieux. Mais pour l’expression de la pluralité, et pour tous ceux qui travaillent au renouveau de la gauche populaire et à la reconquête de nos droits les plus fondamentaux. » Mais ceci posé, Michèle Picard ne compte pas se flageller : « La leçon que j’en tire, c’est que rien n’entamera ma détermination à poursuivre l’essor de notre ville, populaire, industrielle. Une ville de caractère que je porte en moi. »
On relèvera enfin cette indication, concernant le Puisoz : «Le dossier (lié au Plan local d’urbanisme) est bien avancé : nous n’avons jamais été aussi près d’une solution. Je dois bientôt rencontrer Gérard Collomb, le président du Grand Lyon, à qui je veux demander une révision partielle du PLU sur Vénissieux ». Et cette annonce : « Le projet de jumelage avec Jenine est en cours ».
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