Six artistes de la région, dont trois Vénissians, ont accordé leurs instruments pour fonder le groupe Cher Chéri. Remarqué par le festival Emergenza, il concourt pour la finale régionale ce 23 juin au Transbordeur. Du rock, du reggae, de la funk, du ska et un chemin qui peut les emmener vers la labellisation et le studio.
On imagine bien la scène. Boris, qui a démarré la musique et plus particulièrement les claviers en classe de 5e, vers l’âge de 12 ans, travaille à la SNCF : « J’y retape le matériel en musique, en tapant sur les amortisseurs”, dit-il. C’est là qu’il rencontre Michael qui, lui, chante en travaillant. Les deux Vénissians réunissent une bande de copains pour jouer ensemble la musique qu’ils aiment. “On a trouvé des musiciens à droite, à gauche, et le groupe s’est agrandi. Un percussionniste nous a rejoints et le bassiste, qui avait des problèmes de santé, a été remplacé par notre tromboniste.” Chacun avait alors déjà œuvré ici et là. Comme Boris, dans les années 1990, auprès de Loulou Dedola et son Raze City Plage, groupe né à Vénissieux dans le défunt quartier Démocratie. “Je n’oublierai jamais ça… et j’adresse à Loulou une petite dédicace.”
Au fil du temps, la formation a trouvé son nom : Cher Chéri, puisque c’est ainsi que commençaient toutes les lettres adressées au chanteur claviériste par sa femme. Elle a trouvé aussi son équilibre : Boris chante aux claviers, Michael garde la guitare et les chœurs, Maxime a pris la batterie et Julien les percussions, Sylvian est à la basse et Hubert au saxo. Trois des musiciens viennent de Vénissieux : Boris, Michael et aussi Maxime. Deux sont de Lyon et un de Vienne.
Cher Chéri existe depuis trois ans et chante ses compositions originales. Tous revendiquent leur amateurisme passionné : aucun n’est musicien professionnel, ils travaillent à la SNCF, sont pâtissier ou commercial. Mais le son est là, très pro, les paroles sont en anglais ou en français et les mélodies oscillent entre le rock, le reggae, la funk et le ska. D’ailleurs les chapeaux que portent Boris, Julien et Hubert ou la présence d’un saxophoniste à lunettes noires sont des détails qui rappellent le groupe Madness et son fameux “One Step Beyond”.
Reggae, rock, électro voire dance et house
« Au départ, résume Boris, nous avions tous les mêmes influences, reggae, rock, électro voire dance, house. L’un de nous est d’ailleurs DJ. Nous avons une exception, c’est Sylvian, notre bassiste (aussi tubiste), qui préfère le hard trash et tout ce qui est rapide. J’ai commencé par proposer mes propres compositions mais c’était mieux que tout le monde se libère et amène sa sauce. À présent, nous créons tous des morceaux et cela nous offre un répertoire varié. Les paroles viennent après la musique. On trouve d’abord le thème puis tout le monde participe.”
Ces paroles, chacun les trouve “plutôt engagées, faites pour donner le moral aux exclus. Aujourd’hui, c’est comme si la gaieté n’existait plus. Notre musique veut redonner de la gaieté. On aime bien aussi aborder des sujets graves qu’on accompagne de musiques joyeuses. Et il y a toujours un espoir à la fin de nos chansons.”
Ce plaisir que ressent chacun à jouer sa musique, c’est sur scène qu’il s’exprime le mieux. Boris a même trouvé une comparaison : le bonheur est aussi grand que la première fois où il a tenu sa fille dans ses bras. Les cinq se souviennent de leur premier concert au bar des Capucins, sur les pentes de la Croix-Rousse : “Les filles sont venues danser. Plus tard, quand on a joué sur des scènes plus grandes, on a senti le public réceptif.” Ce qui n’a rien d’étonnant : “On a un côté très scénique parce qu’on s’amuse entre nous, on se répond et on fait rire la salle. On ne se prend pas la tête, on joue pour le plaisir et les gens ressentent notre énergie positive.”
Cher Chéri a commencé par écumer les pubs, les bars, les salles de fête, jusqu’au jour où le groupe est contacté par Emergenza, un festival dédié à la musique rock émergente. “Nous avons joué à la Marquise, avec huit groupes, et nous avons été qualifiés. On a rejoué au Ninkasi Kao avec neuf groupes et on est arrivés premiers. Les deux premiers groupes qualifiés vont se retrouver au Transbordeur le 23 juin, pour la finale régionale. C’est une bonne pression car le Transbo, c’est un peu l’Olympia de Lyon. Après ce concert, tous les finalistes régionaux se retrouveront dans une grande salle parisienne, Bataclan ou autre. Et ensuite, il y aura une finale européenne. Emergenza nous a aussi demandé une chanson pour la diffuser dans un album compilation. On aimerait bien être labellisés à la fin.”
Concert au Transbordeur le 23 juin à 19 heures dans le cadre du festival Emergenza. Renseignements : 04 78 93 08 33.
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