Dans le quartier du Grand Parilly, les palissades s’ornent de graffs aux couleurs chatoyantes. Réalisés avec l’accord des chefs de chantier, ils sont dus au talent de l’artiste vénissian Aboe.
« Cela fait quinze ans que je peins. J’ai étudié à l’école de design Ynov, à Bordeaux, il y a une dizaine d’années. J’y ai appris tous les styles possibles, la peinture, le fusain, la vision d’objets dans l’espace, alors qu’aujourd’hui, je m’amuse à déformer les proportions pour créer un style. Et j’ai toujours dessiné, depuis tout petit. Je m’amusais alors à reproduire les couvertures des Astérix. »
Son « kiff sur le graff » est survenu quand il avait 10 ans. Une amie de ses parents est la sœur de Shade, un graffeur connu. « Il m’a fait découvrir cet art et je n’ai jamais lâché. Mon style a évolué depuis mes débuts. Avant, je dessinais des contours noirs, j’en fais de moins en moins. Je vais aussi davantage vers l’abstrait. Je préfère le côté graphique à la lisibilité. Avant, j’étais plus dans l’ego-trip et, d’ailleurs, le graffiti vient de là, à la base. Aujourd’hui, il m’arrive de ne pas signer mes œuvres. »
Sa signature justement, Aboe, est dérivée d’un mot qui, écrit en russe — la nationalité de sa femme —, ressemble à ce patronyme qu’il a depuis adopté. Être passé par des formes artistiques classiques est important pour lui. « L’abstrait, que je préfère à présent, est difficile à réaliser. Par accident, j’ai un jour éclaté un pot d’encre sur le sol. Avec ma femme, nous avons pris des feuilles de papier et avons frotté l’encre dessus. De toutes nos tentatives, nous n’en avons gardé que trois. Elles ne vibraient pas toutes de la même manière. L’abstrait est arrivé ainsi, de ce flacon d’encre renversé. Je fais couler de la peinture sur la toile, je l’étire avec un morceau de carton. Je sélectionne plusieurs couleurs qui me plaisent, que je vaporise. Sur une zone de la toile, je mets un amas de peinture que j’étends. J’attends que ça sèche, je pose dessus un tag ou deux, puis à nouveau de la peinture. C’est aléatoire ! »
Aussi, Aboe préfère-t-il peindre les murs. « La bombe sèche très vite. Si on se loupe, on peut repeindre par-dessus. C’est plus simple. Et il y a plus d’espace sur un mur, je me sens moins bridé que sur une feuille. »
Récemment, Aboé s’est essayé au tatouage, une technique différente pour laquelle il dit avoir « tout à apprendre ». Avec une fois de plus cette crainte « d’être répétitif » et qui le force à toujours se renouveler.
Sur Instagram : aboe.colors
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