Philippe Malloggi, gérant du magasin, avait succédé à son père Daniel. Ce dernier avait repris l’affaire créée par son père Eraldo dans les années 1940.
L’affaire de famille aura tourné pendant trois générations. En ville, ce magasin faisait partie des meubles. Mais rien n’est éternel, surtout dans le petit commerce. Les Meubles Malloggi sont en liquidation totale depuis le 14 mars. Dans la rue Paul-Bert, difficile de ne pas remarquer les couleurs rouge et jaune vif des affiches collées en vitrine : « Cessation d’activité » ; « Tout doit disparaître ».
« Nous sommes locataires du fonds de commerce et nous n’avons pas trouvé de repreneur, explique Philippe, le gérant, en nous invitant à tester l’assise moelleuse d’un des canapés à brader. Le propriétaire va reprendre son local. Et moi, j’ai 62 ans et je ne veux pas faire l’année de trop. Il faut savoir dire stop. Je prends ma retraite. »
La liquidation totale a commencé le 14 mars 2025.
Dans un contexte économique difficile, et sur un marché de plus en plus concurrentiel, la rentabilité de l’affaire était mise à mal depuis quelque temps. « On faisait de la résistance grâce à la fidélité de nos clients, confie Philippe Malloggi. Aujourd’hui, ils ont plus de 60 ans. C’est la seule tranche d’âge qui a encore du pouvoir d’achat. Et il faut dire que le commerce de proximité a du plomb dans l’aile, notamment dans le centre de Vénissieux. Désormais, il faut être présent le long des grands axes. Et Internet a fini par tuer le marché. »
Ainsi s’achève cette belle aventure entrepreneuriale, sur laquelle Daniel, le père de Philippe, est intarissable. « Mon père, Eraldo, avait commencé en 1942, rue Jules-Ferry, à 100 mètres d’ici, raconte l’ébéniste. Il a choisi cet emplacement en 1947. Il était connu pour avoir été le président-fondateur de l’Ucav, l’association des commerçants. Ici, on fabriquait des meubles pour d’autres magasins sous un label de qualité. On a toujours été positionné moyen-haut de gamme. Et on n’a jamais voulu descendre. »
Encore de bonnes opportunités à saisir
L’achat patrimonial étant en berne depuis bien longtemps, les Meubles Malloggi s’étaient repositionnés au fil du temps sur du renouvelable. Canapés, fauteuils, sièges et matelas habillaient son espace de vente et son hall d’exposition. « On travaillait à 80 % avec des fabricants français, précisent fièrement le père et le fils. Et bien sûr avec l’Italie, qui reste incontournable sur les canapés. Chez nous, les gens venaient chercher de la qualité, mais aussi du service. On n’a jamais fait payer la moindre réparation. »
Jusqu’au 14 mai, pendant la durée légale de la liquidation, de beaux coups de fusil sont à faire. « Entre -30 et -70 % sur des prix déjà serrés », affirme le patron. Si certains poussent la porte du magasin en ayant flairé la bonne opportunité, d’autres se contentent de saluer une dernière fois ceux qui ont longtemps animé le commerce local. « Samedi, on a eu un monsieur qui pleurait. Ce magasin, il l’a connu toute sa vie. Il faisait partie de son quotidien. »
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