Dans la partie vénissiane du parc de Parilly, à l’emplacement où ont déjà été montés les chapiteaux du cirque Plume et de Zingaro, une dizaine de personnes s’affairent. Six d’entre elles sont des stagiaires — quatre filles et deux garçons — du CNAC (Centre national des arts du cirque) et tous sont en train de scruter le ciel, très gris et d’où commencent à tomber les premières gouttes de pluie. Ce n’est donc pas aujourd’hui qu’ils vont pouvoir monter le grand chapiteau de l’APCIAC, l’Association de préfiguration de la Cité internationale des arts du cirque, fondée par la compagnie MPTA de Mathurin Bolze et l’École du cirque de Lyon. Laquelle Cité internationale (CIAC) s’installera à terme sur le terrain du Grand Parilly attenant à Ikea.
L’équipe dressera donc, en attendant, un petit chapiteau — il servira d’accueil par la suite — avant de pouvoir, le lendemain, s’occuper du grand.
Ce chapiteau, Samuel Wilmotte, qui est le directeur technique de l’APCIAC, le décrit : « Il contiendra 470 places pour un diamètre intérieur de 25 m2 et un diamètre extérieur de 32 m2. La piste sera aux environs de 13 m2. »
Samuel travaille depuis un an auprès de l’APCIAC, de la compagnie MPTA et du festival UtoPistes. « Auparavant, j’ai été régisseur général du collectif de jongleurs Petit Travers et je viens de l’événementiel et de la danse. J’ai rarement monté de chapiteau jusqu’à présent. »
Les stagiaires aussi vont apprendre à le faire. « Le CNAC organise une formation par an, reprend Samuel. La difficulté, au mois de mars, est d’être soumis aux aléas de la météo. Comme aujourd’hui, où il va falloir modifier le plan de montage. »
Le directeur technique inspecte le terrain. « Les bosses sont gênantes, surtout s’il pleut. Des mares peuvent se créer. Une fois installée, la toile va changer la vie de cet espace. »
Le chapiteau sera là jusqu’à fin juillet. « On va rester au même endroit pendant cinq mois avec différentes saisons, commente Samuel. Ce qui veut dire qu’il faut chauffer le chapiteau l’hiver et le refroidir l’été. Il va préfigurer la future Cité internationale du cirque. »
Comment sera utilisé ce qu’Annie Fratellini comparait, déjà à son époque, à « un rond de paradis dans un monde dur et dément » ? Plusieurs projets sont déjà définis.
« Nous allons proposer des résidences à des compagnies. Des professionnels pourront s’y entraîner — comme l’École de cirque de Lyon, qui est à Ménival — et il accueillera du public et plusieurs spectacles pendant le festival UtoPistes, qui va se dérouler du 22 mai au 21 juin. Nous aurons également des scolaires, dont plusieurs écoles de Vénissieux et Saint-Priest, pour de petites représentations, des échanges, des sorties de travaux faits en classe suite à des formations. C’est sous ce chapiteau qu’aura lieu l’inauguration du festival UtoPistes le 24 mai à 18 heures. Et, en juillet, se tiendront des colonies de vacances autour du cirque. Les enfants pourront voir l’étendue des métiers et se familiariser avec eux, en attendant le futur bâtiment qui devrait ouvrir en 2028 ou 2029. »
« Un projet qui a dix ans, voire plus »
Devant le terrain qui est encore vide, Samuel voit se concrétiser « un projet qui a dix ans, voire plus » et qui est « dans l’ADN de MPTA ». Rappelons que ce sigle signifie Les Mains, les pieds et la tête aussi. « Il y a eu pour la CIAC plusieurs lieux pressentis et abandonnés, jusqu’à Vénissieux. Le projet est soutenu par la Métropole, la Drac et la Ville de Vénissieux. Du fait du retrait de la Région, la construction devra se faire en deux temps. La phase 1 sera pour les écoles et les associations. La phase 2 verra l’arrivée d’une petite salle et d’une salle inclusive dédiée à la pratique du cirque pour des personnes en situation de handicap. Ce qui est important ! »
Au Grand Parilly, poursuit Samuel, le terrain accueillera « trois bâtiments dont le nôtre ». Lequel aura entre 4 et 5 000 m2. Après un appel à projets et des candidatures, quatre architectes ont été sélectionnés sur plusieurs critères. Un seul sera retenu, sans doute en septembre.
Après les cinq mois à Vénissieux, le chapiteau devra être installé ailleurs et d’autres lieux sont recherchés. « C’est probablement la dernière année que nous pouvons être ici, dans le parc de Parilly, car il existe un projet d’ensauvagement du site. »
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