Photo Emmanuel Foudrot
Que vaut-il mieux pour bien diriger un réseau de bibliothèques ? Adorer lire ou aimer piloter une équipe ? On pourrait répondre familièrement « les deux, mon capitaine » d’autant plus qu’Agathe Turquet, qui vient d’être nommée à la direction du réseau de lecture publique de Vénissieux, répond aux deux critères.
« Je suis originaire de Valence et j’ai fait toutes mes études à Lyon. C’est une ville et une région que je connais bien. »
Après avoir passé le bac au lycée international François 1er de Fontainebleau, elle s’inscrit en hypokhâgne et khâgne au lycée du Parc, à Lyon, avant de passer son Master 2, en 2018, à l’ENS (École normale supérieure) de Lyon.
« J’étais passionnée par la lecture, les lettres classiques, les civilisations anciennes, le patrimoine et l’histoire. En parallèle de mon Master, je me cherchais professionnellement. L’enseignement semblait être la voie toute tracée mais je n’avais pas forcément la vocation. »
Sa mère étant une élue locale, Agathe accomplit plusieurs stages dans la communauté d’agglomération du pays de Fontainebleau puis au Conseil général de Loir-et-Cher, mais aussi à la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) et dans des bibliothèques de Bordeaux.
« J’ai découvert l’action territoriale, le service public et le management des collectivités. Cela m’a plu. À la fin du Master, je pouvais préparer l’agrégation mais j’ai préféré Sciences Po Lyon et j’ai été lauréate du concours de conservateur de bibliothèque en 2019. En 2020, j’ai fait une formation à Strasbourg, pendant 18 mois. Je me suis retrouvée en plein Covid, avec des conditions particulières : le confinement, le télétravail, c’était assez rock ’n’ roll. »
En 2021, Agathe devient directrice des médiathèques d’Aubervilliers.
« C’était un réseau de 21 médiathèques, très structuré, assez ancien, avec une vingtaine d’années de recul. J’avais quatre équipements à diriger, une trentaine d’agents à manager, des enjeux d’accompagnement et de cohésion d’équipe. C’était une adhésion à un projet commun, sur un territoire, la Seine-Saint-Denis, très populaire. Avec des enjeux sociaux, une population à la fois fragile et d’une grande diversité. C’est vrai qu’Aubervilliers a beaucoup de points communs avec Vénissieux : en périphérie d’une grande ville, dénommée « banlieue rouge », etc. »
C’est ainsi qu’Agathe explique sa candidature à Vénissieux : « J’avais envie de revenir dans la région lyonnaise et de continuer cet engagement culturel et social. Une médiathèque doit être vue comme un lieu vivant, où l’on fait société. un lieu d’accueil où les gens se rencontrent et où l’on vient aussi chercher de l’aide, du soutien, de l’accompagnement. »
Agathe est donc nommée en octobre dernier directrice du réseau de lecture publique de Vénissieux. Mais, suite à un congé maternité, elle n’a véritablement pu prendre ses fonctions que début février.
Des animations qui fonctionnent bien
« En termes d’agents, ils sont deux fois plus nombreux qu’à Aubervilliers. En équipements, il y a une médiathèque, deux bibliothèques de proximité (Anatole-France et Robert-Desnos) et une troisième (Annie-Steiner) qui devrait ouvrir à l’automne et qui sera partagée avec un EPJ et un FabLab, ce qui n’existe pour l’instant pas en tant que tel sur la ville. Dans ce lieu, la bibliothèque, sur deux niveaux, sera plus particulièrement tournée vers les pratiques numériques, l’innovation, pour un public davantage ciblé ados/adultes. Elle sera en complémentarité d’Anatole-France, qui est axée sur la jeunesse. »
Quant à la médiathèque elle-même, toute en verre, Agathe avoue qu’elle a été intimidée la première fois où elle l’a vue. Mais, ajoute-t-elle, « comment construire un équipement qui soit à la fois accueillant et pas intimidant ? C’était déjà une réflexion que j’avais lors de mon précédent poste. À Aubervilliers, existait un projet de construction d’un nouveau bâtiment. Celui de Vénissieux est architecturalement intéressant. Quand on y pénètre, on comprend qu’il y a de la vie et que la population se l’est approprié alors que, de l’extérieur, l’aspect vitré est un peu froid. L’essentiel est que le public ait réussi à franchir la porte. Après tout, c’est notre boulot, aussi ! »
Photo Emmanuel Foudrot
Elle est satisfaite de constater que, dans le réseau des bibliothèques vénissianes, la communication fonctionne bien. « Les animations parlent à tout le monde — elles sont beaucoup plus nombreuses qu’à Aubervilliers —, sans parler des accueils de classes, des formations différentes et de tout ce travail au quotidien qui dépasse l’aspect institutionnel. »
Elle désire à présent accompagner toutes ces actions. Elle cite encore des conférences, des rencontres, des tables rondes et, prochainement, le 4 avril, la présence d’une autrice, Céline Denjean, dans le cadre des Quais du polar. « Les partenariats aident à mobiliser les publics, remarque-t-elle. Ici, on ne peut pas parler de public captif. C’est un lieu où les gens passent. C’est ce qui me plaît, en plus du management de l’équipe. »
Quant à la fonction même d’une médiathèque, Agathe relève, outre la véritable mission d’utilité publique, son impact sur la transition écologique car il est préférable, pense-t-elle, qu’un livre passe de main en main plutôt qu’il soit acheté à de multiples reprises.
Dominique
14 mars 2025 à 8 h 02 min
Bienvenue à Agathe Turquet, la médiathèque Lucie Aubrac est un équipement de grande qualité. Le personnel qui le fait vivre y est attaché, les supports sont équipés sur place et réparés par une équipe d’agents en reclassement professionnel pour raison de santé. Ayant travaillé pendant de nombreuses années au sein de l’administration je sais l’implication de tous les agents.
Contente qu’une jeune femme prenne la direction de cette médiathèque.