
Tout comme le mécanisme de préemption, le recours à l’Économie sociale et solidaire fait partie des options pour relancer l’attractivité commerciale du centre-ville
Élus et habitants partagent le même constat. En matière de commerces, l’hyper centre de Vénissieux n’est pas des plus dynamiques. Bien qu’importante quantitativement, avec 140 boutiques, l’offre commerciale des places Sublet et Barbusse et de leurs rues adjacentes manque de qualité et de diversité. Surtout pour la troisième ville la plus peuplée de l’agglomération. L’expertise, lancée par la Ville et la Métropole en 2021 pour rendre le centre-ville plus attractif, fait également état d’un taux de vacance commerciale élevée (21 %).
Le projet « cœur de ville 2030 » est une véritable course de fond. Depuis 2016, les pouvoirs publics interviennent pour corriger les failles de la loi du marché et gagner en maîtrise. La préemption des fonds commerciaux, artisanaux et des baux commerciaux est devenue systématique dans le périmètre de sauvegarde, cette zone de chalandise de 10 000 habitants située dans le centre historique. Concrètement, la Métropole de Lyon préempte les murs pour le compte de la Sempat, une société d’économie mixte axée sur l’administration, la gestion, la location et la vente de biens dans des zones peu attractives. Une stratégie que la Ville juge indispensable pour rééquilibrer l’offre commerciale mais qui agace les investisseurs évincés, comme les coiffeurs et les gérants de restaurants rapides.
« Sortir de cette logique de marché »
Les élus ajoutent désormais une nouvelle corde à leur arc en se tournant vers l’Économie sociale et solidaire (ESS). « On a décidé de passer une étape supplémentaire, annonçait Nicolas Porret (Les Écologistes), adjoint aux commerces, lors du conseil municipal du 3 février. On va travailler de manière alternative en sortant du champ du commerce traditionnel pour explorer celui de l’Économie sociale et solidaire. L’idée est de sortir de cette logique de marché qui peut être un frein à l’installation de nouveaux commerces. Il s’agit de répondre aux attentes des habitants qui sont élevées. »
Ce concept d’ESS, encadré par la loi du 31 juillet 2014, englobe les entreprises qui adoptent des modes de gestion démocratique et participative, encadrent l’utilisation de leurs bénéfices et disposent de financements publics. « Nous actionnons tous les leviers dont nous disposons, a justifié le maire Michèle Picard. Cela représente beaucoup d’efforts dans un contexte national et local difficile. Ici, le panier moyen est plus bas que dans les autres villes. »
Un premier projet aboutira-t-il prochainement ? « Nous avons quelques pistes, assure Nicolas Porret. On a sollicité des porteurs de projet dont l’activité peut être difficile dans l’économie traditionnelle. On pense à une librairie, qui subit de plein fouet la concurrence avec Amazon ou la Fnac. Il est question d’aider un commerce à s’implanter en l’orientant vers un modèle hybride. La condition, c’est que le service rendu à la population remplisse une mission d’intérêt général. Une autre solution existe : la création de boutiques éphémères. Un bail court, dans une petite cellule, est idéal pour tester un projet qualitatif. Des ventes flash peuvent attirer de nouveaux flux. Par ailleurs, on réfléchit avec la Chambre des métiers et de l’artisanat à la création d’un marché de l’artisanat et de la seconde main, une fois par mois. »
Des fermetures non compensées qui laissent un vide
Des activités portées par l’ESS viendraient ainsi combler des manques, identifiés de longue date. « Les Vénissians attendent une charcuterie, une épicerie, ou encore un pressing », regrettait la conseillère municipale d’opposition, Marie-Danielle Bruyère (Vénissieux Plurielle).
Nicolas Porret le confirme, les demandes sont nombreuses : « Une boucherie traditionnelle, une poissonnerie, une librairie, des vêtements, de l’artisanat, des cadeaux… Il faut articuler tout ça en créant une identité propre au centre-ville, sans pour autant le mettre en concurrence avec Venissy, Grand Parilly et le centre commercial de Carrefour. »
Déléguée du conseil de quartier du Centre, Béatrice Clavel-Inzirillo cite, en premier lieu, « une enseigne de distribution de presse, qui fait défaut depuis tant d’années. On avait proposé un kiosque, à l’époque. Plus récemment, la pâtisserie a fermé. Les habitants regrettent aussi la fermeture de La Halle aux chaussures et celle de Virginie, pour les vêtements. Dans la restauration, l’offre a chuté et la variété est en recul. Les cafés n’attirent que des habitués, principalement des hommes. Globalement, au-delà du manque de diversité, on déplore la baisse de qualité. »
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