Photo Emmanuel Foudrot
Originaire de Savoie, le directeur de l’école de musique Jean-Wiener depuis 2021 insiste également sur ses origines francs-comtoises. Est-ce parce que de cette région sont originaires des musiciens tels que Hubert-Félix Thiéfaine, le groupe Ange, Alex Beaupain ou Gaspard Augé, l’un des membres de Justice ? Quoi qu’il en soit, Martin Bouveresse s’est intéressé très tôt à la musique.
« J’ai commencé la trompette à 7 ans. Jusqu’à mes 17 ans, j’ai été un élève sage et poli, qui n’aimait pas trop travailler. À la base, je voulais apprendre le trombone mais je n’ai pas pu parce que j’étais trop petit — NDLR : ce qui est étonnant, vu la taille qu’a aujourd’hui Martin. J’ai donc commencé par la trompette et j’ai rebasculé plus tard sur le trombone. »
Après le conservatoire de Chambéry, il entre en musicologie à Lyon 2 et joue d’autres instruments, « pour se diversifier », tels que l’accordéon et la contrebasse.
« Entre 2002 et 2004, j’étais au CFMI, le Centre de formation des musiciens intervenants, qui forme des musiciens pour des projets musicaux. Et, en 2004, je suis embauché comme musicien intervenant à l’école de musique de Saint-Fons. J’enseignais à des élèves de 4 à 13 ans, de la maternelle au collège. On travaillait autour des percussions, du chant et de l’invention de chansons, avec l’intervention d’artistes professionnels comme La Table de Mendeleieff ou Merlot. Puis, je suis passé directeur de cette même école. Ce qui est l’évolution habituelle pour les musiciens intervenants, parce qu’on travaille avec tout le monde et qu’on a un profil un peu 4X4. »
En 2021, suite au départ de Florent Vernay, l’école de musique Jean-Wiener, à Vénissieux, recherche un nouveau directeur. Martin Bouveresse postule et est retenu. « L’école était plus grande, avec une belle dynamique, une équipe dévouée à la cause de l’enseignement et une habitude de pratique collective entre profs et élèves. »
Une entrée en fanfare (éphémère)
Son objectif est alors de « dézoomer le travail dans la salle de cours », pour mettre en place le dispositif DPO (Débutants par l’orchestre). Le principe est expliqué sur la page de l’école de musique, sur le site de la Ville : « Les élèves de 7 et 8 ans démarrent tous la musique au sein d’un orchestre constitué sur mesure, dans lequel le plaisir de jouer ensemble sert de base à la pratique et aux apprentissages. »
Avec ses collègues enseignants et soutenu par la municipalité, Martin monte ainsi plusieurs projets, comme celui autour de Dalida, présenté aux Musicianes l’an dernier. « Joëlle Gaudin, l’enseignante de clarinette, est une grande connaisseuse. On a embarqué les profs dans l’aventure. Au début, ils ont été surpris puis, une fois convaincus, se sont lancés dedans. L’équipe est toujours enthousiaste, même lorsqu’il s’agit de partir dans des directions qu’elle ne maîtrise pas. Cela transpire dans notre programmation. »
C’est ainsi que Martin initie également la fanfare éphémère, destinée à des gens qui n’ont jamais pratiqué l’instrument qu’on leur confie. Beaucoup se souviennent de l’orchestre monté avec des agents de la Ville, qui offrit de belles prestations.
« On a recommencé avec un chœur éphémère, là encore avec les agents de la Ville. L’école n’est pas un îlot isolé. Elle est liée à la fonction publique territoriale et au service d’un public beaucoup plus large que les seuls usagers. On tient aussi énormément à la convivialité ! »
Il mentionne ainsi le travail dans les écoles et les enfants du PRE (Programme de réussite éducative), « qui viennent chaque année pour des découvertes instrumentales ».
Pour les Musicianes, Martin crée des partenariats avec les structures de la ville, pas forcément culturelles. Car, si on retrouve l’école de musique main dans la main avec le centre d’art, le cinéma, la médiathèque et « Bizarre ! », elle propose également des concerts immergés à la piscine Auguste-Delaune. Ce fut le cas l’an dernier et l’expérience a tellement plu qu’elle est renouvelée pour la soirée de clôture des Musicianes 2025, le 21 février prochain.
En scène
Ce que Martin apprécie également à Vénissieux, c’est la politique tarifaire. « Il existe souvent l’image d’un frein financier à la pratique instrumentale, image que l’on essaie d’atténuer. Nous sommes une des écoles de la métropole à avoir des tarifs planchers attractifs, en fonction du quotient familial. Ce qui n’est pas le cas de toutes les écoles de musique. »
Si Martin s’investit énormément dans la direction de l’école, il ne faut pas oublier qu’il a aussi une activité de musicien amateur. C’est du moins ainsi qu’il se définit.
« C’est l’écoute du rock et du jazz qui m’a donné envie de monter sur scène. J’ai ainsi pratiqué le jazz en tant que trompettiste. J’aimais beaucoup Miles Davis, Ibrahim Maalouf… Aujourd’hui, je tiens la contrebasse dans Maria Pop, un groupe de musiques des Balkans. J’ai aussi été dans une formation d’électro-jazz, Ola Kala, toujours à la contrebasse. Elle s’est arrêtée depuis. Et je joue aussi pour moi. Sans parler de mon intérêt pour la facture instrumentale. J’apprends à retaper les cuivres car une autre de mes passions est la soudure. » Ajoutons que, multi-instrumentiste, Martin pratique encore l’accordéon dans des soirées.
À propos de l’école de musique, il explique qu’il recherche « une identité la plus protéiforme possible » et « une programmation surprenante ». « Plus de la moitié des profs sont des artistes pros, ce qui est une bonne chose pour les élèves. C’est un excellent terreau pour faire naître des projets intéressants. C’est d’ailleurs important dans le recrutement d’avoir des enseignants ayant une personnalité artistique. Et, chaque année, nous avons des élèves qui poursuivent leurs études en troisième cycle et qu’on oriente alors vers l’ENM de Villeurbanne, l’École nationale de musique, de danse et d’art dramatique. Cette année, quatre élèves y sont entrés, qui se destinent à faire de la musique. L’école forme surtout des musiciens amateurs et quand nos élèves deviennent pros, c’est super ! »
560 élèves sont aujourd’hui inscrits à Jean-Wiener. Et beaucoup participeront à l’un ou l’autre concert des Musicianes.
Derniers commentaires