Après le débat sur les orientations financières en décembre dernier, le conseil municipal était appelé, le 3 février, à voter* le budget primitif pour 2025. Et ce dans un contexte très particulier, puisque l’État n’avait, de son côté, toujours pas de budget – il a finalement été adopté le mercredi 5 février, après que François Bayrou a fait usage de l’article 49-3.
Véronique Callut, adjointe au maire en charge des finances, n’a pas manqué d’évoquer les difficultés pour la collectivité à se projeter dans un tel flou : « L’absence de loi de finances nous empêche de déterminer les niveaux de financement de l’État. Nos hypothèses retenues reposent cependant sur un désengagement de la part du gouvernement, compte tenu de la poursuite de la dégradation du déficit public. »
Alors, que retenir de ce budget communal ? D’abord un niveau record d’investissement dans ce mandat, avec 27,8 millions d’euros de dépenses programmées. La Ville consacrera notamment 2 millions à la création de l’équipement polyvalent Annie Steiner, 2 millions à la reconstruction de la crèche Graine d’Eugénie et la réhabilitation du centre social Roger-Vailland, 500 000 euros à la Maison des Mémoires… sans oublier l’investissement le plus important du mandat : 9 millions d’euros pour le nouveau centre aquatique Auguste-Delaune.
« Impacté par des crises — sanitaire, inflationniste, énergétique — à répétition, ce mandat 2020-2026 n’aura pas été de tout repos, constatait Michèle Picard. (…) Mais il nous faut aussi regarder plus loin, et réaliser entièrement le plan de mandat pour lequel les Vénissians nous ont élus. Ce sera chose faite, avec au total 124 millions d’euros de dépenses d’investissements. »
Les taux de fiscalité locale toujours gelés
En matière de fonctionnement, les dépenses s’établiront à 110,4 millions d’euros, en hausse de 2,8% par rapport à 2024. Si les charges de personnel augmentent de 3,3%, notamment en raison d’une hausse des charges patronales et de l’évolution de carrière des agents, la Ville peut compter sur un reflux des coûts de l’énergie, qui reculent de 18,6% entre 2024 et 2025, après avoir augmenté de 38% entre 2023 et 2024.
« Nous avons décidé de poursuivre le gel des taux de la fiscalité directe locale, inchangés depuis 2016, annonçait le maire. Nous maintenons par ailleurs l’enveloppe des subventions aux associations, qui a été revalorisée en 2024, à hauteur de 4,9 millions d’euros. Enfin, les tarifs municipaux impactant le plus grand nombre de familles (enfance et restauration scolaire) seront à nouveau gelés en 2025, les autres tarifs augmenteront en moyenne de 2%. »
* Maurice Iacovella, Alexandre Dallery, Aurélien Arnould et Cyril Santander ont choisi de quitter l’assemblée pour l’ensemble des rapports ayant trait au budget (voir ci-après, intervention de M. Iacovella).
Ils ont dit
Pierre-Alain Millet — Groupe communiste et républicain (majorité)
« Le budget de Vénissieux assure la continuité des missions de service public, malgré les politiques nationales de réduction des dépenses publiques. Certains disent que le budget Bayrou est moins violent que la version Barnier ; en réalité, il enlève encore 6 milliards de dépenses publiques, après les 30 milliards prévus par Barnier, tout en réduisant d’autant les quelques augmentations de recettes qui faisaient hurler le Medef. »
Monia Benaïssa — Groupe La France Insoumise de Vénissieux (majorité)
« [Ce budget se veut] protecteur des habitants et des organisations qui agissent au quotidien pour la population. C’est une bonne chose, car il ne faut pas oublier que 32% des ménages de cette ville vivent sous le seuil de pauvreté. (…) Le bien vivre de nos concitoyens est en danger. Protéger et soutenir nos concitoyens par un budget social, que nous la France Insoumise nous voudrions plus important encore à Vénissieux, est un objectif de toute gouvernance au profit du peuple. »
Lotfi Ben Khelifa — Groupe gauche progressiste, élu(e)s socialistes et écologistes (opposition)
« Il faut continuer d’investir pour améliorer les conditions de vie des habitants, pour financer des actions en direction de la jeunesse, pour le cadre de vie et la culture. Il faut aussi investir pour la sécurité des habitants et pour la prévention de la délinquance. (…) Vous dégagez une enveloppe supplémentaire de 37 600 euros pour l’indemnité de fonction des policiers municipaux ; je ne peux que vous encourager dans cette voie. »
Maurice Iacovella — Groupe Vénissieux Pluriel (opposition)
« L’examen dans le détail du budget n’aurait aucun sens au regard de l’absence des dispositions relatives aux ressources des collectivités locales dans le cadre de la loi de finances 2025. [Ce budget primitif] ne satisfait pas aux règles élémentaires prévoyant l’information précise des élus (…). Dans ces conditions, nous ne participerons pas au vote de ce budget et nous quittons l’assemblée pour ce rapport et ceux en lien avec le budget. »
Damien Monchau — Groupe Le Rassemblement vénissian (opposition)
« Les choix de votre majorité pèsent lourdement sur les budgets des contribuables de Vénissieux. Je note en particulier une hausse des dépenses de fonctionnement, qu’il conviendrait, dans le contexte actuel, d’éviter. Vous nous parlez d’économies effectuées, mais en réalité, celles-ci sont au moins en partie contextuelles. Bref, dès lors que vous tenez les manettes, vous échouez à présenter un budget de qualité. »
Le moment « Expressions »
Lors du vote sur les subventions aux associations locales et aux régies publiques, plusieurs élus de la majorité ont brandi des exemplaires du journal Expressions, afin de marquer leur soutien au journal. Rappelons, en effet, qu’après deux ans de procédure, le tribunal administratif a rejeté fin janvier la requête de certains élus d’opposition, qui demandaient l’annulation de la subvention de 610 000 euros versée annuellement au média.