« Le protoxyde d’azote, ça paralyse et ça tue ! » a lancé à l’Assemblée nationale Idir Boumertit, député de la 14e circonscription du Rhône. Mercredi 19 janvier, l’élu vénissian a présenté une proposition de loi visant à restreindre la vente du protoxyde d’azote aux seuls professionnels. Le texte a été adopté en première lecture par 90 voix pour, deux contre et six abstentions.
Ce gaz est normalement utilisé en cuisine, notamment dans les siphons à chantilly, ou dans le milieu médical comme anesthésiant une fois mélangé avec de l’oxygène. Il peut également être manipulé dans le secteur industriel. Mais ces dernières années, une autre pratique a fait fureur : les consommateurs aspirent le gaz à l’aide de ballons de baudruche pour ses effets « récréatifs ».
Face à l’ampleur de ce phénomène, le député alerte sur la situation depuis plusieurs années : « Cela fait plus de deux ans que je travaille sur le protoxyde d’azote, un sujet qui m’interpelle en tant que citoyen et député, mais aussi en tant que père de famille. (…) À chaque fois que je retourne dans ma circonscription, je constate qu’il s’agit d’un problème important pour la santé de nos enfants, notre environnement et la société dans laquelle nos concitoyens veulent voir leur famille s’épanouir. »
Ce gaz hilarant serait la troisième substance la plus consommée en France après le tabac et l’alcool, selon la préfecture de police de Paris. La consommation sur la voie publique et la vente aux mineurs sont interdites depuis 2021. Pourtant, « ce produit est encore en libre accès dans les épiceries, en supermarché et sur internet », remarque Idir Boumertit. Le premier article de la loi qu’il présente prévoit donc d’interdire sa vente à partir du 1er janvier 2026 dans « l’ensemble des lieux publics, des commerces et en ligne ».
Des consommateurs âgés de 22 ans en moyenne
À Vénissieux, ces dernières années, malgré les interdictions, les procès-verbaux pour usage sur l’espace public se multiplient, tout comme le nombre de bonbonnes retrouvées dans la commune. En 2022, quatre tonnes avaient été récupérées par les services municipaux, contre plus de huit tonnes en 2024. Pour le député, il est donc urgent de s’emparer de ce « sujet explosif », qui représente un « danger immédiat », notamment pour les jeunes, friands de ce gaz hilarant et de ses effets.
En France, la moyenne d’âge des consommateurs est de 22 ans, et près de 13 % des 18-24 ans en auraient déjà consommé. Pourtant, les dangers sont nombreux : « C’est un problème majeur de santé publique, qui doit être appréhendé à grande échelle. (…) Le protoxyde d’azote a des effets neurotoxiques et altère les capacités reproductives. » En effet, il peut entraîner des pertes de connaissance, des vertiges, une asphyxie et des brûlures. Consommé régulièrement, il provoque des complications neurologiques et peut causer une paralysie temporaire ou permanente ainsi que des AVC. « On dénombre au moins trois décès en France, affirme le député, sans parler des accidents mortels indirectement liés à ce gaz. »
L’autre problématique mise en avant par Idir Boumertit concerne l’impact environnemental de ce produit. De nombreuses bonbonnes sont jetées sur la voie publique. Les coûts de traitement pour les communes sont exponentiels et peuvent atteindre 115 euros par bonbonne : « Les collectivités sont dépassées », assure le député.
Idir Boumertit espère que cette interdiction enverra un message fort aux jeunes concernant la dangerosité de ce produit. Quant aux amateurs de chantilly, il leur rappelle que « rien ne vaut une crème fouettée à la main ».
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