La frustration est palpable chez Aléa, Yasmine et Marwa. Ces jeunes filles, élèves de troisième au collège Jules-Michelet, doivent, comme tous leurs camarades, effectuer un stage d’observation pour se familiariser avec le milieu professionnel. Mais après plusieurs semaines de recherche, elles n’ont toujours rien trouvé.« Je voulais le faire dans une pharmacie, explique Aléa. J’en ai contacté plusieurs, mais aucune n’a accepté de me prendre. » Même constat pour ses amies : « On ne veut pas se retrouver sans rien. On ne demande rien d’extraordinaire, juste un stage », confient-elles.
À Vénissieux, de nombreux élèves sont confrontés à la même difficulté. Pour la deuxième année consécutive, le collège Jules-Michelet a organisé une « Bourse aux stages » où des entreprises du secteur ont été invitées à rencontrer des élèves. « Les familles de nos collégiens ont peu de réseau professionnel, analyse Mohammed Chala, principal de l’établissement. Nous voulons aider les jeunes à trouver un stage de qualité, et pas simplement un stage de dépannage. Ces expériences dans le monde professionnel sont essentielles : elles renforcent leur confiance, leur permettent de se projeter et d’envisager plus sereinement leur avenir. »
La mise en place de cette journée a été réalisée avec le soutien de la Ville de Vénissieux : « Avec les enseignants du collège, nous avons appris aux élèves à rédiger des lettres de motivation, à créer leur CV et nous avons organisé des simulations d’entretien », détaille Meryem Yildiz, chargée de mission emploi et relations entreprises à la Ville. La municipalité s’est aussi appuyée sur la charte de coopération signée avec des entreprises du territoire. Plusieurs groupes, comme Ikea, Pizzorno Environnement, Serfim ou AIJE, ont répondu à l’appel. « Nous sommes une entreprise d’insertion, donc l’accompagnement est au cœur de notre métier, souligne Delphine Perat, directrice d’AIJE. Nous avons eu d’excellents échanges avec les jeunes. Ils étaient bien préparés. Nous prévoyons d’en accueillir plusieurs dans nos locaux pour leur proposer d’autres entretiens. Cela leur permettra de mieux comprendre les processus et de lever certaines barrières qu’ils peuvent avoir. »
Un stage collectif dans différentes entreprises
De son côté, en lien avec la Maison métropolitaine de l’emploi et de l’insertion (MMIE), le collège Aragon a sélectionné un groupe de jeunes volontaires ou sans stage pour partir à la découverte de plusieurs entreprises de Vénissieux lors d’un stage collectif. « Nous souhaitons faire comprendre aux jeunes ce qu’est le milieu de l’industrie et leur montrer la diversité des métiers qui la composent», explique Gil Laurent, chargée de liaison entreprises et emploi à la MMIE.
Pendant une semaine, chaque demi-journée a été consacrée à des visites et des ateliers pratiques dans diverses structures. Ils ont notamment exploré les sites des Alchimistes, de Mob Energy ou encore de Volvo Renault Trucks.
Le mardi 21 janvier, les élèves ont visité le site vénissian de Gruau, une entreprise qui transforme des véhicules utilitaires en camions de pompiers, véhicules pour ambulances ou encore en fourgons de transport bancaire. Xavier Mâchoire, directeur de Gruau Lyon Lanéry, les a accueillis et a souligné l’importance du secteur industriel. Face au manque de main-d’œuvre dans des postes tels que soudeur, carrossier ou électricien, Gruau ouvre de plus en plus ses portes aux stagiaires et alternants.« Nous cherchons à former des jeunes. Beaucoup ne postulent plus pour nos métiers. Nous collaborons avec les lycées pour ajuster les programmes et nous assurer que les élèves soient formés avec les technologies dont les entreprises ont besoin aujourd’hui », affirme Xavier Mâchoire.
L’intérêt des élèves pour cette immersion a été immédiat et a même suscité quelques vocations : « Cette expérience a été très enrichissante, observe Farouk. Avant, je voyais les usines comme des endroits tristes, mais maintenant, je me dis que c’est un milieu qui peut me plaire. »
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