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Plateforme de transport combiné : plus d’activité pour moins de nuisances

Le réaménagement de la plateforme de transport combiné Vénissieux/Saint-Priest sera prochainement mis en service. S’il permettra au site d’augmenter de 40% son activité, les riverains du chemin du Charbonnier en attendent aussi une amélioration de leur quotidien. Car, depuis des décennies, ils se battent contre la circulation de camions dans le quartier.

 

Photo Emmanuel FOUDROT

Installée le long du chemin du Charbonnier, en limite du quartier Max-Barel, entre Vénissieux et Saint-Priest, la plateforme de transport combiné est l’un des poumons de la logistique de l’agglomération lyonnaise. Voire, de la région. Et forcément, cela fait beaucoup de camions ; trop, aux yeux des riverains, qui se plaignent depuis des années — plus de quarante ! — de l’impact de la circulation des poids lourds sur leur quotidien et sur leur santé.

Alors, quand les habitants ont appris, au début de la décennie, que la plateforme de transport combiné allait faire l’objet d’un réaménagement, l’espoir étant grand de voir leurs soucis, sinon s’envoler, au moins être nettement réduits. D’ici quelques semaines, ils pourront en tout cas juger sur pièces : les travaux sont désormais terminés — il ne manque que quelques équipements —, et la « nouvelle plateforme multimodale » fonctionnera à plein régime. Elle a d’ailleurs été inaugurée le mardi 21 janvier.

« C’est peu dire que ces réaménagements étaient attendus de longue date, rappelait, lors de l’inauguration, Michèle Picard, maire de Vénissieux. Les riverains vénissians se sont largement mobilisés contre toutes les nuisances occasionnées, notamment par le trafic des poids lourds. »

Alors, concrètement, qu’est-ce qui va changer pour les habitants ? D’abord, ce réaménagement repose sur la suppression de l’entrée poids lourds par le chemin du Charbonnier, et la création d’une entrée-sortie unique rue du Beaujolais. De plus, la mise en place de portiques de manutention électrique doit permettre une réduction « significative et attendue », selon les mots de Michèle Picard, des nuisances sonores.

« On verra, commente laconiquement Enrico Rea, président de l’association Halte aux bruits et à la vitesse, laquelle a mené la bataille contre la circulation des poids lourds dans les environs. On a déjà eu tellement d’espoirs, et il y a eu de telles conséquences sur la santé et la vie des habitants… Sur le papier, ce réaménagement est une bonne chose. On attend maintenant d’être véritablement soulagés. Pour l’instant, il y a encore des poids lourds qui empruntent l’impasse d’Auvergne, laquelle donne sur le chemin du Charbonnier. Il va y avoir, pour les entreprises et pour les chauffeurs, de nouvelles habitudes à prendre. »

« Le projet va dans le bon sens »

« J’ai participé à la phase de concertation, en 2021, se souvient une riveraine. Les équipes de la SNCF nous semblaient plutôt à l’écoute, et le projet va dans le bon sens. Mais des promesses, on en a eu pas mal au fil des années. Mon fils a failli se faire renverser par un camion qui passait à grande vitesse sur le chemin du Charbonnier. Ce réaménagement, il doit constituer une étape. La prochaine étant, on l’espère, une requalification du secteur. Il y en a besoin : ça fait des décennies que des poids lourds y passent, tout est abîmé ! »

« On a tellement pris l’habitude de voir passer des camions, à toute heure de la journée, que l’on ne peut qu’être dans l’attente d’un apaisement du quartier, renchérit Georges, un autre riverain. J’aime me déplacer à vélo : c’est bon pour la santé et ça permet de faire des économies d’essence. Mais je n’ose plus sortir le mien quand il pleut ou quand il y a du brouillard, par peur de me faire happer par un camion qui ne m’aurait pas vu. Là, on a l’espoir de voir une amélioration. Par contre, je ne peux pas m’empêcher d’être inquiet quand j’entends que ce réaménagement va entraîner une hausse du nombre de camions sur la plateforme… »

« La sécurisation du trafic est importante, résumait, le 21 janvier, Michèle Picard. Elle s’inscrit dans les actions que nous menons, en particulier sur le chemin du Charbonnier : réduction de la vitesse, résorption des problématiques de stationnement ou des problèmes de propreté… Sa requalification complète reste une condition essentielle de l’apaisement concret et durable. »


Une nouvelle dimension pour la plateforme de fret

Le site entre dans une nouvelle ère. Son activité augmentera de 40 %, passant de 7 à 10 trains allers-retours quotidiens. Pour cela, deux ans de travaux ont été nécessaires.

Le réaménagement de la plateforme fret SNCF a été inauguré le 21 janvier – Photo Emmanuel FOUDROT

Si la plateforme de transport combiné Vénissieux/Saint-Priest a fait l’objet d’un important réaménagement, c’est parce que son propriétaire, SNCF Réseau, a fait un double constat. D’abord, elle ne parvenait plus à absorber de nouveaux flux ferroviaires, malgré une demande croissante. Ensuite, elle occasionnait une gêne pour les riverains, en raison des nombreux poids lourds empruntant, au quotidien, la zone résidentielle du chemin du Charbonnier.

Alors, après une phase de concertation, les travaux ont été lancés. Ils se sont déroulés entre septembre 2022 et l’automne 2024. « La première phase, de septembre 2022 à mars 2023, a permis d’aménager une réserve foncière de près de deux hectares jusqu’alors inutilisée, pour devenir ce qui constitue aujourd’hui la cour sud, explique-t-on chez SNCF Réseau. Cette nouvelle cour accueille aujourd’hui un vaste espace de stockage pour les conteneurs maritimes, les caisses mobiles ou les remorques routières ainsi qu’une nouvelle voie de service pour laquelle les manutentions s’effectuent à la grue routière. »

Dans le même temps, un nouveau bâtiment administratif — d’une superficie totale de 1000 m2 — est sorti de terre. Il regroupe désormais les équipes opérationnelles et administratives des différents opérateurs de transport combiné en un seul et même lieu.

« La seconde phase, démarrée en avril 2023, consistait à aménager la future entrée-sortie unique du site, qui se situe dorénavant au 66, rue du Beaujolais : points de contrôle des poids lourds, parking pour les véhicules des employés… Cette phase comprenait également l’aménagement d’une nouvelle cour centrale d’une superficie de 1,2 hectare. »

Celle-ci est équipée de trois nouvelles voies de service de 250 mètres de longueur chacune, avec de part et d’autre des longrines en béton équipées d’un rail supportant la circulation d’un portique de manutention. « Ce portique de 31 mètres de portée enjambera ainsi trois voies ferrées, une voie routière et quatre lignes de stockages de conteneurs », précise SNCF Réseau.

Enfin la troisième phase, qui a démarré en janvier 2024, consistait à réaménager la cour ouest d’une superficie de 1,5 hectare, équipée de trois voies de services de 450 mètres de longueur avec de part et d’autre des longrines en béton équipées d’un rail qui supportera la circulation d’un portique de manutention — en cours de fabrication —, enjambant trois voies ferrées, une voie routière et deux lignes de stockages de conteneurs.


Ils l’ont dit

La nouvelle plateforme de fret SNCF est le fruit d’un partenariat entre l’État, l’Union européenne, la Métropole de Lyon et la Région, ces deux collectivités investissant en dehors de leurs compétences respectives.

Michèle Picard, maire de Vénissieux

« La conciliation doit guider nos actions »

« Les infrastructures ferroviaires doivent être favorisées, mais jamais au détriment de la qualité de vie des riverains. Besoins économiques et cadre de vie doivent être pensés ensemble. (…) La Ville reste mobilisée et vigilante. Ce réaménagement doit s’inscrire dans un processus plus large de réduction des nuisances sonores ou visuelles, de l’engorgement lié au fret, et pour une ville plus durable. La recherche de la conciliation entre activité économique, sécurité et qualité de vie doit guider toutes nos actions. »

Gilles Gascon, maire de Saint-Priest

« Favoriser la décarbonation des activités »

« Aujourd’hui, les nuisances générées par les poids lourds dans la zone résidentielle du chemin du Charbonnier ont été diminuées et la révision du plan de circulation et l’accès au site a amélioré la sécurité routière. À l’échelle régionale, nationale et internationale, la réalisation d’un tel aménagement est une étape importante dans le développement du fret ferroviaire, un enjeu crucial pour favoriser la décarbonation des activités. L’engagement financier de l’État, de la Région, de la Métropole et de l’Union européenne démontre leur forte volonté de développer ces infrastructures. »

Isabelle Delon, directrice générale client et territoire de SNCF-Réseau

« Un carrefour de possibilités de développement »

« Le potentiel de cette plateforme de transport combiné est très important. C’est un carrefour de possibilités de développement depuis le sud vers le nord, vers l’ouest de la France, vers l’Allemagne. Ce projet nous permettra, on l’espère, d’augmenter de 40% la capacité du site. Le tout, en améliorant la desserte routière du site et la qualité de vie des riverains. Ce qui est important, puisque si les trains supplémentaires vont générer une diminution de camions sur les grands axes routiers, le dernier kilomètre est toujours bien sûr fait avec le camion. »

Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon

« Une opportunité pour l’économie »

« Le développement du fret ferroviaire fait consensus, et c’est essentiel sur le territoire si l’on souhaite retirer les poids lourds de nos voiries. Mais c’est probablement l’une des politiques publiques où depuis des décennies, l’écart entre les déclarations et les actes est le plus important. Alors aujourd’hui, les paroles ont été suivies d’actes et nous en sommes ravis. Bien que nous ne soyons pas sur nos compétences, la Métropole de Lyon a choisi de s’engager financièrement dans ce projet, qui constitue une opportunité bien tangible pour l’économie de l’agglomération, de la région et du pays. »

Frédéric Aguilera, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes

« Un projet porteur de développement »

« La réalisation de ces travaux permettra d’accompagner le développement de notre grande région industrielle, qui est d’ailleurs la première région industrielle de France puisqu’elle a capté, ces derniers mois, l’essentiel des projets de relocalisation. Et si notre région est attractive, c’est que l’on est tous mobilisés en dehors de nos compétences. Car tout comme pour la Métropole, le fret n’est pas une compétence régionale. Pour autant, et nous le démontrons encore aujourd’hui, nous savons tous nous mobiliser autour de projets qui font sens et de projets peuvent apporter du développement sur nos territoires. »

Fabienne Buccio, préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, préfète du Rhône

« Un symbole de notre ambition pour la région »

« L’État a financé à hauteur de 50 % ce projet, comme il finance la ligne Lyon-Turin, comme il finance d’autres grands projets comme le CFAL nord ou le passage à quatre voies de la voie ferrée entre Saint-Fons et Grenay. Bref, l’État répond présent pour développer tous ces axes majeurs qui participent à l’intérêt de notre région, à la circulation des marchandises et des voyageurs. Ce réaménagement, c’est une finalité mais c’est aussi une étape, un symbole de notre ambition pour la région, première région industrielle de France. »

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