7e dan de karaté, fondateur et conseiller sportif emblématique du Sen No Sen, Djamel Bezriche ne brille pas seulement sur les tatamis. Homme aux multiples facettes, ce touche-à-tout aborde chaque nouvelle expérience avec passion et finesse.
Né en 1958 à Paris, Djamel Bezriche quitte la capitale dès son premier anniversaire lorsque son père, en quête de reconversion professionnelle, s’installe à Lyon, boulevard des États-Unis. Il découvre Vénissieux et les Minguettes à la fin des années 1970. « C’était une période formidable : un grand appartement, une solidarité entre voisins, des amitiés durables », se souvient Djamel. Notamment avec Alain Réale, Marc Buisson, Roger Napoletano… des footballeurs qui marqueront l’histoire de l’AS Minguettes. » Le sport s’impose aussi dans sa vie quand, en assistant à un entraînement de karaté, alors qu’il souhaitait pratiquer le judo, il est frappé d’évidence. « Je me suis dit : c’est ce sport-là que je veux pratiquer. » Cette rencontre fortuite deviendra une passion de toute une vie.
En 1982, le club Sen No Sen voit le jour, du nom d’un concept de karaté que Djamel apprécie particulièrement. « Sen No Sen, cela signifie attaquer avant que l’adversaire ait achevé son mouvement. Cela demande une anticipation, une précision et une maîtrise totales. » Sous cette bannière, Djamel va construire non seulement une carrière sportive mais aussi un modèle de transmission et de partage.
Sur les tatamis, son parcours est jalonné de quelques succès : un titre national junior et une place de quart-finaliste aux championnats d’Europe à Düsseldorf. « J’ai beaucoup appris d’André Julien, mon enseignant de l’époque. Je n’étais pas un prodige, mais j’ai eu une carrière honnête et gratifiante. »
L’armée, qu’il rejoint en 1979, enrichit encore son bagage. Affecté à l’infirmerie grâce à son brevet de secourisme, il alterne blouse blanche et treillis, tout en participant à des stages commandos pour se dépasser physiquement et mentalement. « J’ai voulu participer à des stages de commando pour m’aguerrir. Au 92e régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand, les militaires participaient souvent à des missions de sécurité du territoire national. »
Le Sen No Sen, une fabrique à champions
En 1991, après diverses expériences professionnelles, il est sollicité par le maire de Vénissieux, André Gerin, pour superviser la sécurité de la Municipalité. Cette mission, liée à son expertise martiale et son sens de l’organisation, consiste à veiller à la protection des agents et des bâtiments communaux. Parallèlement, Djamel poursuit son investissement dans le Sen No Sen, qui devient l’un des clubs les plus performants de France. « Entre 2004 et 2010, nous avons connu une période faste : des dizaines de titres nationaux en combat et en katas, en individuel et par équipes. Huit de nos athlètes ont intégré l’équipe de France. Cela nous a également permis d’organiser des stages au Maroc et en Suisse, une forme de reconnaissance. »
Puis Djamel s’éloigne un moment de la compétition pour s’investir dans l’arbitrage. Comme il ne fait jamais les choses à moitié, il atteint en quelques années seulement le niveau international, délaissant de plus en plus de ses responsabilités locales. Pourtant, il choisit de recentrer ses priorités et de se consacrer à nouveau à son club et ses proches. « Ma femme Lydie a été déterminante. Elle m’a fait comprendre qu’il ne fallait pas négliger le Sen No Sen. Elle a toujours su me pousser à aller plus loin. » Pilier de sa vie, son épouse l’a également aidé à canaliser son énergie. « J’étais parfois bagarreur dans ma jeunesse. Une fois, en vacances à Vias, un jeune de Vénissieux est venu me demander de l’aide pour régler une altercation. Lydie lui a sèchement répondu de partir, pour m’éviter de faire une bêtise. Sans elle, je serais peut-être allé dans une mauvaise direction, j’aurais peut-être mal tourné. »
Versé dans les arts
Hors des tatamis, Djamel se révèle un touche-à-tout. Formé à l’école du livre de Villeurbanne, il travaille d’abord dans l’imprimerie, où il acquiert les techniques de la sérigraphie et de la reliure. Entrepreneur dans le nettoyage, il ne compte pas ses heures. Avant de s’imposer comme le « Monsieur sécurité » de la Ville de Vénissieux, où il achève sa carrière. Son appétence pour la découverte est constante. Initié à l’œnologie par sa belle-mère, il se passionne pour l’univers du vin, il l’explore, se constituant une cave qui ferait rêver Bacchus. « Ce n’est pas tant boire qui m’intéresse, mais tout ce qu’il y a autour : l’histoire, les saveurs, les terroirs, les cépages, les techniques de vinification, l’art de la dégustation. »
Autre passion : la pêche, qu’il pratique souvent en solitaire ou avec son fils Brice. Mais c’est dans la coutellerie que Djamel trouve aujourd’hui une nouvelle forme d’expression. Dans son atelier vers Villefontaine, où il réside, il forge des couteaux, une activité exigeante et minutieuse. « Il faut choisir l’acier, dessiner la lame, la chauffer, l’affûter, puis confectionner le manche. Fabriquer un couteau peut me prendre entre 100 et 150 heures. » Cette harmonie entre force et finesse reflète sa quête personnelle : conjuguer effort et contemplation, rigueur et créativité.
Cette sensibilité, Djamel la partage avec sa sœur Natascha, auteure-compositrice et comédienne, qui a également laissé son empreinte à Vénissieux. « Qu’il s’agisse de karaté ou d’arts plastiques, tout est une question d’émotion et de recherche d’équilibre. »
Derniers commentaires