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La colère et le désarroi des AESH

Les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) demandent de meilleurs salaires, une reconnaissance et des moyens pour l’inclusion.

Céline Reynaud et Audrey Sicurani sont AESH au collège Elsa-Triolet

Ils sont indispensables au bon fonctionnement des établissements scolaires et constituent un appui essentiel pour les enseignants. Pourtant, le statut des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) reste très précaire. Non considérés comme des fonctionnaires, ils figurent parmi les salariés « aux plus bas revenus » de l’Éducation nationale, aux côtés des assistants d’éducation.

Le jeudi 16 janvier, les AESH ont une nouvelle fois tenté de faire entendre leur voix et leurs revendications lors d’une mobilisation nationale. Ils espèrent notamment obtenir une augmentation de leur salaire et une reconnaissance officielle de leur métier. Audrey Sicurani, accompagnante d’élèves en situation de handicap à Vénissieux, était présente devant le rectorat de Lyon, où se tenait un des rassemblements. Nous l’avions rencontrée il y a deux ans lors d’une précédente mobilisation. À l’époque, elle dénonçait déjà des conditions de travail compliquées, avec un salaire de « moins de 1 000 euros par mois pour 26 heures de travail hebdomadaire ». Ce jeudi 16 janvier, le constat est le même pour la jeune femme : « Il y a une sorte de mépris pour notre travail de la part du rectorat, estime-t-elle. Nous avons des primes qui ne sont pas versées ou alors pas en totalité, et nous devons nous battre pour récupérer notre argent, ce qui retarde nos demandes de droits. Cela crée un trou dans notre budget. Surtout, nous souhaitons une augmentation de salaire, ce qui aurait un impact sur notre future retraite, contrairement aux primes. »

Un accompagnement global

Audrey Sicurani partage son temps de travail entre deux établissements vénissians : l’école Anatole-France et le collège Elsa-Triolet. Avec deux de ses collègues, Céline Reynaud et L. Tardy, également AESH au collège de Vénissieux, elles ont souhaité partager leur quotidien. « Nous assurons un accompagnement global des élèves en situation de handicap : nous écrivons les cours, aidons à la concentration, à se recentrer sur le travail, reformulons les consignes ou emmenons l’enfant hors de la classe si nécessaire », expliquent les trois femmes. Chaque AESH prend en charge plusieurs élèves et trois types d’accompagnement sont possibles : individualisé, mutualisé ou collectif. Dans le cadre de l’accompagnement individualisé, les enfants nécessitent une attention soutenue et continue. Le suivi mutualisé, quant à lui est plus léger, tandis que l’accompagnement collectif concerne les élèves intégrés dans des unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS).

L.Tardy et Audrey Sicurani accompagnent respectivement sept et cinq élèves, avec des suivis individualisés et collectifs. « On passe peu de temps avec chacun d’eux, c’est dispersé, explique L. Tardy. On est multitâches, et on essaie de s’occuper de tous les élèves concernés à la fois. Mais pour ceux en notification mutualisée, il y a peu d’heures attribuées. On fait de notre mieux, mais ce n’est pas évident. »

Repenser l’accueil des élèves en situation de handicap

Ces dernières années, elles ont constaté une augmentation des pathologies lourdes chez les élèves, avec parfois, aucun suivi adéquat en dehors du cadre scolaire. « On se retrouve au même niveau que des éducateurs spécialisés, assure Audrey Sicurani. Mais sans le salaire qui va avec. On se débrouille. Enseignants, parents, élèves : nous sommes tous démunis face à cette situation, et nous manquons de moyens pour les aider. » Elles soulignent également un manque de détection des troubles chez de nombreux jeunes : « Nous ne nous limitons pas aux élèves qui nous sont attribués. Nous identifions régulièrement des enfants en difficulté qui n’ont pas été diagnostiqués et nous les aidons aussi. Nous ne pouvons pas les laisser seuls, mais cela représente une charge de travail et mentale supplémentaire. »

Pour les trois femmes, l’accompagnement des élèves en situation de handicap doit être repensé. Cela inclut des structures d’accueil adaptées, avec des espaces permettant aux élèves de se reposer. « Il faudrait des espaces de décompression dans les écoles, propose Audrey Sicurani. Nous avons une salle sensorielle à l’école Anatole-France. Elle peut accueillir les élèves qui en ressentent le besoin. Les lumières y sont tamisées, douces, sans stimuli, ce qui leur permet de se reposer et de décompresser. » Céline Reynaud pointe également les limitesd de l’école inclusive : « Je suis pour l’école inclusive. Mais certains cas sont trop lourds. Il faudrait orienter ces élèves vers des structures plus adaptées, afin de préserver leur équilibre, car ils sont souvent en souffrance dans un environnement qui ne leur correspond pas. »

Malgré une lassitude palpable, les trois femmes restent passionnées par leur métier. « Je me suis lancée dans cette profession parce que mon enfant est en situation de handicap. Je travaillais dans le privé et j’ai décidé de tout abandonner pour aider des petits dans la même situation », explique L. Tardy. Céline partage un sentiment similaire : son enfant est accueilli dans une structure pour adultes handicapés. « Je voulais accompagner des enfants, les aider à se sentir bien dans leur peau. Malgré les conditions difficiles, je n’ai pas quitté cet emploi parce que c’est une passion. Ces enfants ont le droit à un avenir, comme n’importe quel autre. Je veux me battre pour eux.»

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