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ZFE : malgré les nouvelles restrictions, un marché de l’occasion très calme

Depuis janvier 2025, les Crit’Air 3 sont interdits sur le périmètre de la ZFE. Avec un impact minime sur le marché de l’occasion jugent les professionnels.

L’impact de la Zone à faibles émissions sur les concessions automobiles ne semble pas très significatif (photo Emmanuel Foudrot)

Au 1er janvier 2025, plusieurs milliers de véhicules, classés Crit’Air 3, ont été interdits de circuler au sein de la Zone à faibles émissions de la Métropole de Lyon. Mais cette mesure — qui concerne l’ensemble des arrondissements de Lyon, les axes M6/M7, le boulevard Laurent-Bonnevay, ainsi que les parties intra-périphériques des villes de Vénissieux, Bron, Caluire et Villeurbanne — peine à convaincre, alors que de nombreux foyers impactés n’envisagent pas de changer de véhicule. À Vénissieux, par exemple, une enquête réalisée pour la Ville par l’institut d’études marketing et d’opinion CSA constatait qu’un habitant sur deux avait un avis défavorable sur la ZFE, assurant « ne pas avoir les moyens de changer de voiture » et regrettant que « les véhicules électriques [étaient] chers ».

De fait, l’impact de la mise en place des  ZFE sur l’évolution du marché automobile s’annonce faible. Un sondage réalisé récemment par Autol Group auprès de 8 857 concessionnaires européens le confirme. En France, près de la moitié d’entre eux (43 %) sont incapables de dire si les nouvelles réglementations ont une influence sur leur activité. Un quart (24 %) supposent que l’impact est nul. Un autre quart observent que la mise en place des ZFE est mauvaise pour les affaires.

À Vénissieux, les professionnels du pôle automobile qui ont accepté de nous répondre jugent que les conséquences sont minimes. « Pour nous, ça ne change pas grand-chose, observe Laurent Charbinat, directeur de Suma 69 Lyon Nord et Lyon Sud, distributeur multimarques. Ce sont les clients qui modifient leurs habitudes. Aujourd’hui, ils font attention à ne plus choisir de vignettes Crit’Air 3 et au-dessus. Nous, on revend ces véhicules à des marchands situés dans des zones plus rurales qui ne sont pas concernées par ces restrictions. »

« Ceux qui pouvaient changer l’ont déjà fait »

À l’extérieur du périph’, côté Saint-Fons, Starterre, imposant centre auto, ne semble guère plus touché que son voisin vénissian. « Ces changements n’ont pas dopé notre chiffre d’affaires, remarque Laurent Saez, le chef des ventes. Nous qui vendons uniquement des modèles récents, n’avons pas constaté une hausse de la demande ces derniers mois. Les gens n’ont pas envie de se débarrasser de leur vieille voiture. Ceux qui n’ont pas le budget ne vont pas trouver l’argent du jour au lendemain. Surtout qu’aujourd’hui, en dessous de 25 000 euros, on ne trouve pas grand-chose sur le marché. Ceux qui ont les capacités financières d’anticiper la réglementation l’ont déjà fait. »

Non loin d’ici, chez 3W Auto, revendeur premium positionné sur les petites berlines allemandes, l’impact est également mesuré. « On a pu constater du changement il y a quelques années, se souvient Mickaël Délice, cogérant. Pendant deux ans, on a vendu très peu de diesels. Certaines personnes ont eu peur de l’évolution de la réglementation. Désormais, nos clients les plus ruraux en rachètent. Il faut dire qu’aujourd’hui, le prix des diesels a baissé et colle avec celui des essences. »

« On constate un net ralentissement de l’évolution du parc, constatait également, en conseil de la Métropole, Pierre-Alain Millet, conseiller métropolitain. À Vénissieux, nous n’avions début 2024 que 168 véhicules électriques et 6 000 Crit’Air 1 sur 25 000. Au rythme actuel, il faudrait 38 ans pour remplacer les véhicules qui seraient interdits en 2028. Beaucoup de gens prennent conscience que la ZFE va produire un choc en pleine crise sociale, choc qui est socialement injuste et sera environnementalement inefficace, tant la réalité est que les habitants ne changeront pas de pratique de déplacement par un coup de baguette magique… »

Radars automatiques : pas d’amendes avant 2027 ?

Les radars automatiques, prévus pour contrôler les zones à faibles émissions (ZFE) en France, subissent de nouveaux retards. Initialement annoncés pour 2022, puis reportés à 2024, ces dispositifs ne devraient être pleinement opérationnels qu’à partir de 2027. En effet, si ces équipements doivent renforcer le respect des restrictions imposées aux véhicules les plus polluants, leur déploiement se heurte à des défis techniques et réglementaires.

Ainsi, avant une mise en service généralisée, une première phase de test est prévue pour 2025 dans plusieurs métropoles françaises. Ces radars automatiques utiliseront la technologie LAPI (Lecture automatique des plaques d’immatriculation) pour vérifier si les véhicules circulant dans les ZFE respectent les normes Crit’Air. Cependant, cette phase ne concernera que des sites pilotes, avec un temps dédié à la pédagogie — en clair, l’amende ne sera pas forcément délivrée. Les collectivités devront encore s’appuyer sur des contrôles ponctuels, par les forces de l’ordre, pour assurer le respect des restrictions. Rappelons à ce sujet que Michèle Picard, maire de Vénissieux, a annoncé dans nos colonnes, en décembre, ne pas envisager de demander à la police municipale « de déroger à sa mission prioritaire de tranquillité publique pour une mission supplémentaire de verbalisation dans la ZFE ».

Selon les dernières prévisions, les radars automatiques ne seront déployés à l’échelle nationale qu’en 2027. Une échéance qui permettra de résoudre plusieurs problèmes identifiés lors des tests, notamment sur la précision des dispositifs, la gestion des données personnelles, et l’actualisation des fichiers administratifs. Des ajustements réglementaires devront également être effectués, afin de garantir l’équité et la transparence dans l’application des sanctions.

1 Commentaire

  1. Diego

    14 janvier 2025 à 9 h 05 min

    Bien sûr changer de véhicule pour ne pas polluer à un coût. Vénissieux ne fait pas exception et de nombreuses familles voyagent à l’étranger pour retrouver leur famille (cela a également un coût non négligeable). La pollution tue : cancer des voies respiratoires et du poumon.
    Les véhicules trop polluants devraient être mis à la casse sans attendre 2027.
    Chacun gère son budget et la santé n’a pas de prix, la vie est souvent faite de choix mais une collectivité est garante d’une qualité de l’air pour tous les habitants.
    Je suis pour la ZFE qui respecte cette obligation. Jusqu’à 2027 combien de malades suchargeront les hopitaux suite à la pollution urbaine. Changer de véhicule est un sacrifice pour chacun et une sécurité sanitaire pour tous… les Élus sont là pour faire respecter la santé de tous, merci pour eux.

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