Des rencontres et débats, des films indiens en version tamoule, des ciné-goûters, des ateliers pour enfants et un festival qui leur est entièrement destiné, des films classiques, des cartes blanches et, récemment, un Cluedo géant : le cinéma Gérard-Philipe ne cesse de multiplier les animations pour mieux fidéliser son public.
Sa directrice, Marine Sans, évoque les séances de cinéma indien, démarrées il y a déjà plusieurs mois. « Un agent de la Ville, lui-même d’origine indienne, nous a fait cette proposition, en nous expliquant qu’il existait une communauté tamoule à Vénissieux. Ces films ne sont pas distribués de manière classique et il faut réussir à les trouver. Pour l’instant, ces projections attirent beaucoup de monde. Nous avons atteint les presque 200 spectateurs pour certaines séances et, souvent, nous en avons plus d’une centaine. Curieusement, nous avons essayé avec des films Bollywood en hindi mais ils ne fonctionnent pas. Ce sont les films en tamoul qui attirent du monde. Nous aimerions développer cette programmation, pourquoi pas le week-end, avec plusieurs films et un traiteur indien. »
La directrice souhaiterait également « développer d’autres focus sur des films un peu rares ». Mais, ajoute-t-elle, « il faut des contacts et sortir des circuits classiques ».
70 000 entrées par an
Autre fierté pour l’équipe de Gérard-Philipe : celle de fêter prochainement son trois millionième spectateur depuis l’ouverture du cinéma aux Minguettes. « Nous ferons probablement quelque chose au printemps autour de cet événement. »
Avec 70 000 entrées par an, Marine Sans est satisfaite : « Les gens restent attachés au cinéma en salles. Beaucoup de films ont bien marché récemment : Un p’tit truc en plus, Monte-Cristo, Aznavour, Vice-Versa… Et nous attendons Vaiana 2, le nouveau Disney. »
Elle cherche également à programmer tout autant des films commerciaux que de l’art & essai, « pour qu’un maximum de spectateurs se sentent à l’aise ». Lesquels sont, en grande majorité, les retraités et les familles, auxquels s’ajoute ce que Marine appelle « le public volant ». « Les ados, eux, sont plus portés sur les blockbusters mais tous les derniers Marvel ont moins attiré. Nous allons passer le nouveau Venom — The Last Dance —, nous verrons bien. »
Elle remarque encore que les week-ends marchent mieux, d’où cette multiplication d’animations en semaine. Côté films classiques, ceux qui sont programmés dans le cadre de Ciné Collection attirent une vingtaine de spectateurs. Ils sont présentés par Ivan et Clémence, deux des salariés qui sont le plus pointus en cinéphilie. Les séances s’achèvent avec des boissons offertes. Quant aux débats qui accompagnent certaines soirées, ils sont en augmentation et fonctionnent bien. « C’est important de les continuer, indique la directrice, pour que les gens voient le cinéma différemment. Les associations nous sollicitent aussi énormément. »
Si l’on ajoute les tarifs attractifs, on se dit que le trois millionième spectateur ne va pas tarder à être rattrapé par de nombreux autres.
Cluedo géant : mais qui a tué Ben Stealer ?
À l’issue de la projection matinale du 31 octobre — l’expérience sera renouvelée dans l’après-midi —, une dizaine d’enfants s’étaient inscrits pour participer à un Cluedo géant, savamment concocté par les équipes du cinéma Gérard-Philipe et de la médiathèque Lucie-Aubrac.
À l’occasion de l’avant-première de son film, Meurtre à Bogota, le cinéaste Ben Stealer a disparu à l’intérieur du cinéma. Grâce à une série d’indices et avec l’aide de personnages — une journaliste, jouée par Marine Sans, la directrice du cinéma, un caissier, un projectionniste —, les détectives amateurs devaient retrouver le cinéaste disparu.
Se promenant de la cabine de projection aux toilettes, ils découvrirent un mail étrange, une perruque pour finalement dénicher le cadavre de Ben dans la salle des affiches. « Il respire un peu, regarde son ventre ! », nota un jeune Sherlock.
Tous munis de feuilles sur laquelle inscrire les différents indices, les plus grands aidaient les plus petits. « Dans la main du mort, il y avait une poignée de cheveux blonds. Note-le ! Cheveux, avec un X, et blonds avec un S. »
Finalement, le coupable sera arrêté et menotté, grâce à la perspicacité des détectives. Ce dernier est un écrivain à qui le cinéaste a volé l’histoire de son roman. « Il faut me comprendre, j’étais énervé », confesse-t-il. Ce à quoi un enfant rétorque : « Vous avez le droit d’être énervé mais, quand même, tuer quelqu’un… »
Tout ce machiavélique scénario a été spécialement conçu pour cette journée. « Nous avons tout inventé depuis le mois de juillet avec la médiathèque », explique Marine, d’autant plus satisfaite que les nombreuses animations proposées par le cinéma ont su trouver leur public.
« Nous voulions créer un événement pour Halloween, sans être classique en projetant juste un film d’horreur. Nous avons eu une programmation pour les plus petits, avec un atelier de construction de monstres. Mais l’idée était surtout de s’approprier le lieu. En parlant avec Charlotte, à la médiathèque, qui a une formation pour les escape games, nous nous sommes dit qu’un Cluedo sur le monde du cinéma conviendrait mieux. Nous sommes partis sur l’histoire de la disparition d’un réalisateur. »
Pour que le scénario fonctionne bien, il fallait tenir compte de l’âge des jeunes enquêteurs. Et pouvoir les balader aussi à l’intérieur de l’équipement, pour qu’ils rencontrent les salariés, tels que le caissier et le projectionniste.
Le Cluedo a été bien suivi à l’issue de deux séances. L’équipe a donc très envie de renouveler l’expérience. Y compris pour des adultes.
Doutchka
14 décembre 2024 à 8 h 35 min
Un commentaire sur la programmation : beaucoup de films « enfants » il faudrait revoir un peu une programmation plus équilibrée pour tous les spectateurs, pas seulement les classes et les centres aérés!! Il serait nécessaire de changer quelques fauteuils complètement HS.. Notre cinéma perd en qualité de programmation et d’accueil de TOUS les habitants.