Dès le 1er janvier prochain, la Zone à faibles émissions de la Métropole de Lyon deviendra plus contraignante, excluant tous les véhicules Crit’Air 3. À Vénissieux, plus de 7000 automobiles sont concernées, soit près 30 % du parc. L’impact de cette mesure, perçue par de nombreux citoyens comme un catalyseur d’inégalités, est potentiellement énorme. Des centaines de familles modestes et d’artisans verraient leur mobilité réduite. Ou s’exposeraient à des pénalités financières en cas de non-respect de la règle. C’est un sujet brûlant sur lequel Expressions prépare un large dossier. Interrogée dans le cadre de cette enquête, Michèle Picard, maire de Vénissieux, annonce qu’elle vient d’écrire au président de la Métropole pour qu’il desserre le calendrier et mette en œuvre une réponse adaptée à la situation sociale. Nous reproduisons ci-dessous l’entretien qu’elle nous a accordé.
– Je ne remets pas en cause les objectifs de la ZFE en matière de décarbonation et d’amélioration de la qualité de l’air, mais avec les élus communistes à la Métropole, cela fait longtemps que nous alertons sur le fait que le calendrier de mise en place est très serré, et que l’impact n’est pas supportable pour une grande proportion des habitants. C’est encore plus vrai aujourd’hui vu le contexte social et économique que nous traversons. C’est pourquoi j’ai écrit au président Bruno Bernard pour lui demander de donner davantage de temps aux habitants et de mieux les accompagner dans cette transition.
– Que lui demandez-vous précisément : un moratoire, un délai, des aides plus élevées… ?
– Je demande que l’on recule la date butoir et que l’on bâtisse une réponse adaptée à la situation sociale. Cette réponse passe probablement par des aides financières supérieures de la Métropole, mais aussi par une action revendicative auprès de l’État pour qu’il revienne sur la suppression des primes à la casse et ZFE, récemment décidée dans le cadre des restrictions budgétaires. Il faut reconstruire un contexte favorable à la transition écologique, sans quoi nous n’y arriverons pas.
La consultation que nous avons menée en 2023 à Vénissieux montrait bien que de très nombreux habitants n’envisageaient pas de changer de véhicule. Ce n’est pas une question de volonté de leur part, c’est qu’ils ne peuvent pas le faire. Ils n’en ont pas les moyens. On ne peut pas être sanctionné pour cette raison, ce n’est pas un délit de ne pas pouvoir changer de voiture.
Donc au 1er janvier vous vous opposerez à la sanction ?
Si on desserre le calendrier, de fait il n’y aura pas de sanction.
– Mais si le calendrier n’était pas desserré, quelle serait votre attitude sur le territoire vénissian, quelles consignes donneriez-vous à la police municipale ?
– Je le dis très clairement dans mon courrier à Bruno Bernard : la PM à Vénissieux a d’autres priorités, elle a déjà fort à faire en matière de tranquillité publique. Il n’est pas envisageable de déroger à cette mission prioritaire pour une mission supplémentaire de verbalisation dans la ZFE. D’autant que les contraintes budgétaires imposées par l’État pèsent sur nos capacités de recrutement de nouveaux policiers.
– Quand vous dîtes qu’il faut desserrer le calendrier, c’est de combien : un an, deux ans, trois ans… ?
– Plutôt que de fixer une date précise, je pense qu’il faut changer de paradigme. Nous devons d’abord prendre en compte le cycle naturel – si je puis dire – de renouvellement des véhicules. Ensuite, il faut créer un contexte d’accompagnement véritablement favorable, suffisamment pour enclencher une dynamique, une adhésion, il faut que ce soit incitatif. Ce n’est pas par la sanction que l’on peut régler cette question-là. J’en suis convaincue.
– La Métropole a déjà fait plusieurs reports et de nombreux aménagements sur la ZFE, pensez-vous que le président Bernard puisse encore reculer ?
– Sa réponse nous le dira. Je l’espère en tout cas, la problématique sociale ne se pose pas qu’à Vénissieux, elle touche une grande partie de la population de la métropole.
Diégo
14 décembre 2024 à 8 h 23 min
La métropole va-t-elle prendre en compte la demande du maire? on nous a vanté la ZFE localement ok! mais comment faire abstraction de la paupérisation. Changer de voiture est un luxe que peuvent se permettre les bobos lyonnais mais pas la majorité des habitants! maintenant on recule sur les décisions mais n’est ce pas trop tard? Les élus à la Métropole doivent écouter les difficultés de ceux qui ne prennent pas l’avion et le TGV! les électeurs s’en souviendront!