Avec un gouvernement démissionnaire et une absence de loi de finances votée pour l’année prochaine, difficile pour les municipalités de construire leurs budgets 2025. C’est pourtant l’exercice auquel se sont livrés les élus de Vénissieux ce lundi 9 décembre, lors du traditionnel débat d’orientation budgétaire.
Que retenir de ce budget 2025 préparé « dans un contexte inédit, incertain, voire incompréhensible » ? Tout d’abord que la majorité prévoit une nouvelle fois de geler les taux de fiscalité communaux — comme c’est le cas depuis 2016 —, et de « sanctuariser » l’enveloppe totale dédiée au fonctionnement des associations, à hauteur de 4,9 millions d’euros. Mais aussi et surtout d’accélérer sur les investissements, portés à près de 28 millions d’euros, soit le double de la moyenne des années précédentes.
Et pour cause : des opérations d’envergure devront être financées l’an prochain sur le territoire de la ville : l’opération de reconstruction de la piscine Auguste-Delaune, la création de l’équipement polyvalent Annie-Steiner, les travaux d’extension du groupe scolaire Ernest-Renan, la reconstruction de la crèche Graine d’Eugénie, la poursuite des travaux de passage à 100% LED de l’éclairage public… Des opérations financées notamment par un recours à l’emprunt — une première depuis 2022 —, à hauteur de 8 millions d’euros.
« Les tarifs municipaux impactant le plus grand nombre de familles (enfance et restauration scolaire) seront à nouveau gelés en 2025 ; les autres tarifs augmenteront de 2%, précisait Michèle Picard, maire de Vénissieux. Le budget 2024 était placé sous le signe de l’amortisseur social, il en sera de même l’année prochaine. (…) [Nationalement], les politiques de la ville sont les grandes absentes des débats en cours. Il n’y avait ni ministre attitré ni secrétaire d’État dans le gouvernement Barnier. Pour les communes en politique de la ville, comment voulez-vous vous projeter ? C’est impossible ! »
Dans l’opposition, clairsemée une nouvelle fois – seuls Maurice Iacovella et Alexandre Dallery, groupe « Vénissieux Pluriel », Aurélien Arnould et Cyril Santander, groupe « Vénissieux en Mieux », Lionel Pillet et Marie-Danielle Bruyère, groupe « Avenir pour Vénissieux », étaient présents –, le débat d’orientation budgétaire a bien sûr soulevé des commentaires différents. « La levée d’emprunt pour 2025, serait-ce pour mettre les bouchées doubles afin d’atteindre votre objectif de PPI (Programmation pluriannuelle d’investissement) de mandat 2020-2026 de 120 millions d’euros ?, s’est interrogé Maurice Iacovella. Peine perdue car il vous faudrait un mandat de sept ans. À moins que vous ayez d’ores et déjà préempté une année du prochain mandat… »
Une subvention en soutien aux Libanais
Au-delà du débat d’orientation budgétaire, les élus se sont également prononcés en faveur d’une subvention d’urgence de 20 000 euros pour le Secours populaire français, destinée à la mise en place d’actions humanitaires en soutien aux populations déplacées du Liban. Une aide qui permettra notamment à l’association d’acheter des fournitures d’hivernage et des denrées alimentaires, et d’entretenir les abris destinés aux familles. « Cette décision est bien plus qu’un geste de solidarité, c’est un message puissant de paix et d’humanité, soulignait Bayrem Braïki, adjoint en charge des finances. En tant que ville, nous affirmons notre volonté de nous tenir aux côtés des victimes de la guerre et de contribuer, à notre échelle, à un monde plus juste et pacifique. »
Le versement de cette aide n’a cependant pas fait l’unanimité. Si les élus du groupe « Avenir pour Vénissieux » se sont abstenus, ceux des groupes « Vénissieux en Mieux » et « Vénissieux Pluriel » ont voté contre. Alexandre Dallery, au nom de ce dernier groupe, est ainsi intervenu pour, en substance, inciter la ville à utiliser les deniers municipaux pour des actions de solidarité locale, et non internationale. Un message qui avait déjà été le sien en décembre 2023, lors du vote d’une subvention de 30 000 euros pour venir en aide aux Gazaouis.
Le conseil municipal demande à l’État de revoir sa copie
En fin de conseil municipal, les élus de Vénissieux ont adopté un vœu — proposé par les groupes communistes, insoumis, écologistes, socialistes et citoyens, qui ont voté pour, pendant que les groupes d’opposition votaient contre ou s’abstenaient — demandant au (futur) gouvernement de revenir sur les mesures du Projet de loi de finances 2025, qualifié « d’atteinte grave au fonctionnement des collectivités territoriales ».
« Le premier ministre avait initialement annoncé une ponction de 5 milliards d’euros, mais elle pourrait atteindre jusqu’à 11 milliards d’euros selon les différents scénarios qui restent flous, dénonce les élus. Pour la commune de Vénissieux, la perte pourrait aller de 1,4 à 3,8 millions d’euros. » Et le texte de condamner le lien fait par le gouvernement entre le déficit public et les collectivités territoriales, « alors que celles-ci ont dégagé, entre 2019 et 2023, un solde cumulé positif de 1,9 milliard d’euros »… pendant que l’État, lui, « dégageait un solde négatif cumulé de 690,7 milliards d’euros ».
Derniers commentaires