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Rats des villes : un combat sans fin

Comme dans d’autres quartiers, les habitants de Léo-Lagrange observent une recrudescence des rats. Pourtant, les opérations de dératisation de la Ville, de la Métropole et des bailleurs sociaux se multiplient.

Des habitants du quartier Léo-Lagrange déplorent la prolifération des rats qui creusent des trous un peu partout autour des immeubles

« On en voit de toutes les tailles. Des petits, mais surtout des gros. Il y en a tellement… On va bien finir par les promener en laisse ! Un de ces jours, un gamin va se faire mordre. » Ces animaux que Gérard Frérot ne peut plus voir en peinture, ce sont les rats. Sur le Plateau, les rongeurs seraient de plus en plus nombreux, selon les habitants. Désemparé, le président de la section locale de la Confédération nationale du logement (CNL) et de l’Amicale des locataires Léo-Lagrange ne sait plus à quel saint se vouer : « On alerte la mairie et les bailleurs. Tout le monde doit faire son boulot. Les gens ont quand même le droit de vivre dans des conditions décentes. »

Un retraité approuve : « En plus de 50 ans, je n’ai jamais vu ça. Depuis deux ans, c’est terrible. À vue de nez, la population de rats s’est multipliée. » Certains déplorent des dégâts matériels. C’est le cas de Madeleine, dont la Citroën C3 a fait les frais de la voracité des nuisibles : « Ils ont grignoté les faisceaux moteur et des morceaux de ceinture de sécurité. Ils rentrent partout. Même par le pot d’échappement. Cet incident m’a coûté ma franchise. Hors assurance, il y en a pour 2 800 euros. Maintenant, je mets des granules près de la batterie. »

« Les habitants doivent nous alerter »

Ce secteur HLM des Minguettes est loin d’être le seul touché. Selon la Ville et les bailleurs sociaux interrogés, la prolifération de rats touche de nombreuses zones, de manière cyclique. « Précédemment, on a eu de gros soucis au parc Louis-Dupic, raconte Philippe Laurent, responsable du service espaces verts. Et aussi place Jeanne-d’Arc, vers l’église. Les rats y ont creusé des terriers. Devant le groupe scolaire Léo-Lagrange, on a décidé d’arracher les bosquets pour les remplacer par des plantations basses. »

Pour endiguer le fléau, les entreprises mandatées disposent des pièges dans les espaces verts. Mais cet angle d’attaque ne suffit pas. Il convient de rendre leur environnement hostile. Malheureusement, la présence récurrente d’encombrants et de déchets sur la voie publique ne facilite pas les choses. Les agents en appellent au civisme de chacun. « La saleté et la nourriture les attirent, déplore Philippe Laurent. C’est peut-être le problème numéro un. »

« La présence de rats est un phénomène est difficile à juguler, reconnaît Loïc Capdevilla, directeur général adjoint prévention citoyenne à la Ville de Vénissieux. Dès qu’il y a des travaux ou qu’il fait chaud, on les voit. Un comité de salubrité se réunit chaque trimestre. Les actions sont coordonnées, surtout au printemps et en été. À Léo-Lagrange, il y en a eu cinq entre juillet et septembre. L’amélioration doit être ressentie à court et moyen terme. Les opérations sont efficaces mais la situation finit forcément par se dégrader. »

La Ville, qui est tenue d’agir en matière d’hygiène publique, dépense chaque année entre 40 000 et 45 000 euros pour financer ses marchés « 3D » (dératisation, désinsectisation, désinfection). Le budget est en constate évolution. « Les habitants doivent nous alerter, souligne Loïc Capdevilla. Si un acteur ne joue pas le jeu, nous disposons d’un arsenal réglementaire pour le contraindre à intervenir, par des mises en demeure ou des amendes. »

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Contact : Service communal d’hygiène et de santé (SCHS) au 04 72 21 44 10 ou schs.venissieux@ville-venissieux.fr

Ville, Métropole, bailleurs : qui fait quoi ?

La lutte contre les nuisibles est un travail d’équipe. Les syndicats de copropriétaires et bailleurs sociaux agissent sur leur patrimoine, tandis que la mairie intervient sur la voie publique, dans le cadre de sa police administrative générale. Mais lorsque cela grouille sous nos pieds, c’est la Métropole de Lyon qui prend le relais.

« Nous intervenons spécifiquement dans les réseaux d’assainissement », confirme la collectivité territoriale, qui intervient au cas par cas. « Le cadre juridique a évolué. Il s’est durci en 2013 et en 2019. Ces évolutions nous imposent une utilisation ciblée, fondée sur un diagnostic préalable des causes, et interdisent les campagnes préventives. »

Parmi les quatre bailleurs sociaux contactés, deux ont pu nous dévoiler avec précision leur plan de lutte à Léo-Lagrange. « Dès lors que nous avons un signalement, nous intervenons une fois par mois sur les gaines techniques, les vides sanitaires et les réseaux, assure Alliade Habitat. Nous finançons des opérations coûteuses. Malheureusement, malgré le temps et l’argent investis, les soucis reviennent. »

En 2024, GrandLyon Habitat (GLH) a dégagé 2 100 euros pour financer 15 interventions dans les locaux poubelles, les espaces communs et les extérieurs de la résidenceLéo-Lagrange. « Par ailleurs, cet été, nous avons commandé une dizaine de conteneurs qui manquaient, poursuit GLH. Nous les avons équipés d’une grille perforée qui empêche les rats de s’introduire dans les bacs. »

La solution chimique reste la plus efficace

Pierre Ulrich (société Toptim)

Pierre Ulrich, dirigeant fondateur de la société Toptim, note une recrudescence des rongeurs dans l’agglomération lyonnaise : « Ça évolue surtout sur les zones en travaux, comme à La Part-Dieu. Mais on reste assez préservé comparé à Paris. »

Vecteur de maladies transmissibles à l’homme, comme la leptospirose, le surmulot est connu pour causer des dégâts sur les infrastructures et les réseaux. Pour régler le problème, il n’y a pas 36 solutions : le professionnel opte pour l’appât chimique. « Il n’existe pas encore de solution écologique réellement applicable, explique-t-il. Les tapettes ne fonctionnent qu’une seule fois, demandent trop de manutention et sont inefficaces, surtout lorsque les colonies atteignent 200 individus. Les furets sont utiles lorsqu’il existe des terriers. Mais l’introduction de prédateurs crée d’autres problématiques. »

Concrètement, le raticide est placé dans une boîte fermée à clé. L’anticoagulant entraîne la mort du rat en trois ou quatre jours, par hémorragie interne. « Le produit a un pouvoir déshydratant, explique Pierre Ulrich. Cela évite les odeurs, les insectes et incite les autres animaux à ne pas manger le cadavre. Si la dératisation chimique se fait dans les règles de l’art, il n’y a pas d’impact sur la faune. Parfois, un gros chien peut avaler la boîte si elle n’est pas fixée. Mais cela relève d’une erreur d’utilisation. »

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