« Nous, les maîtresses, on n’est pas contentes, et on le dit », explique une femme à sa fille qui se tient près d’elle. Ce jeudi 5 décembre, un cortège de plusieurs milliers de manifestants a quitté la place Jean-Macé à Lyon pour se rendre devant la Préfecture, répondant à l’appel de l’intersyndicale.
Cette mobilisation fait suite aux annonces du gouvernement visant à allonger le délai de carence en cas d’arrêt maladie dans la fonction publique, passant de un à trois jours. En parallèle, les fonctionnaires verraient leur prise en charge salariale diminuer de 100 % à 90 % durant ces arrêts.
Parmi les manifestants, des personnels hospitaliers, des membres de l’Éducation nationale dont de nombreux enseignants étaient présents. À Vénissieux, la mobilisation dans les établissements scolaires a été particulièrement suivie. « On est là pour montrer notre désaccord, même si on n’est pas entendus », explique Alexia Barbosa de Lima, enseignante de physique-chimie au collège Louis-Aragon. Selon elle, ces mesures vont à l’encontre des préoccupations actuelles : « On parle de plus en plus de santé mentale, de burn-out, et là, on minimise le mal-être en augmentant les jours de carence. Pour eux, on n’est que des pions, pas des humains. » Une collègue partage son avis : « On ne sait plus où donner de la tête. Nous sommes face à un avenir incertain. Une réforme commence, une autre suit, et tout cela sans budget supplémentaire. C’est incohérent, il n’y a aucune continuité ! »
Une métier en perte d’attractivité
Au collège Elsa-Triolet, les enseignants se sont mobilisés en nombre pour dénoncer les dernières annonces du gouvernement. « On est là pour tout : les jours de carence, le Choc des savoirs, la crise des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Rien ne va, et rien n’est fait », affirme Chloé Gamaz, professeure d’anglais. Elle se dit particulièrement préoccupée par l’avenir de la profession : « On s’inquiète pour les jeunes professeurs, déjà en situation précaire. J’ai obtenu mon diplôme il y a trois ans, et parmi ceux avec qui j’ai passé le concours, la moitié ont déjà quitté l’Éducation nationale. »
Les professeurs dénoncent également les classes surchargées, qui rendent leur travail plus difficile. Romain Tisserand, professeur agrégé d’anglais au lycée Marcel-Sembat, décrit des conditions de travail dégradées : « On nous demande de faire beaucoup avec peu, voire plus rien. Depuis septembre, un enseignant d’anglais est absent et n’a toujours pas été remplacé. C’est pareil pour un collègue en français. On ne peut pas continuer comme ça. »
Selon le Syndicat national unitaire des instituteurs et des professeurs des écoles (SNUipp) du Rhône, 72 % des enseignants des écoles primaires et maternelles étaient en grève, soit plus de 2 000 professeurs. D’après l’académie, le taux de participation était de 36,03 % chez les enseignants du 1er degré. Dans le second degré, le syndicat SNES-FSU estime que 60 % des personnels (enseignants ou non) ont participé à la grève. Tandis que l’académie évalue la mobilisation à 29,35 % dans les collèges, 15,18 % dans les lycées d’enseignement général et technologique, et 11,20 % dans les lycées professionnels.
Diégo
6 décembre 2024 à 9 h 25 min
Les autres fonctionnaires auraient du se mobiliser car le gouvernement et les suivants… veulent casser le Statut de la Fonction Publique qui est le garant de l’égalité de services pour tous les citoyens, et pour les salariés de la Fonction Publique. Bravo aux enseignants