Selon l’Association des maires de France (AMF), qui tente d’évaluer au plus juste le montant des restrictions que le gouvernement veut imposer aux collectivités locales dans le cadre du projet de loi finances 2025 (PLF), la ponction pourrait atteindre 11 milliards d’euros ! Et non 5 milliards comme l’avait d’abord annoncé le Premier ministre.
Les chiffres restent flous. Pour Vénissieux, selon les différents scénarios connus, la perte irait de 1,4 à 3,8 millions d’euros. Le projet de loi, qui fait la navette entre le Sénat et l’Assemblée nationale, évoluera jusqu’au 21 décembre. Mais les intentions du gouvernement sont claires : pour réaliser une économie globale de 60 milliards d’euros, il veut mettre les collectivités territoriales à contribution.
Une mesure qui hérisse fortement les élus locaux, quel que soit leur bord politique. On l’a vu au dernier congrès des maires et des présidents d’intercommunalités de France, où 5000 élus ont endossé une écharpe noire en signe de protestation.
« Inadmissible et contre-productif »
Il faut dire que les collectivités locales ont beaucoup donné ces dix dernières années. « Sous Hollande, les dotations de l’État avaient baissé de plus de dix milliards, rappelle Michèle Picard, maire de Vénissieux. Les coupes ont continué avec Macron, qui nous a imposé les contrats de Cahors pour limiter les dépenses de fonctionnement. Ajoutez à cela le Covid, l’inflation, la flambée des coûts de l’énergie… Les crises n’ont cessé de s’agréger. Et là, nouveau coup de massue. Je comprends la colère de mes pairs, je la partage. C’est l’État qui creuse le déficit, et c’est à nous que l’on demande des comptes. Non seulement c’est inadmissible, mais c’est contre-productif économiquement. Les collectivités locales assurent près de 70 % de l’investissement. Le pays ne s’en sortira pas en affaiblissant les communes. »
Si certaines villes n’auront d’autre choix que de réduire leurs investissements ou de rogner, voire supprimer, des missions de service public, Vénissieux devrait parvenir à limiter la casse. « Grâce aux efforts fournis ces dernières années, notre situation financière est saine, souligne Michèle Picard. Notre dette est faible et notre niveau d’épargne reste élevé. Cela devrait nous permettre de faire face, contrairement à de nombreuses collectivités qui devront faire des choix cornéliens. Mais il ne faut pas laisser croire que cette situation ne nous pénalise pas. Construire un budget dans ces conditions, avec de telles incertitudes, reste difficile. D’autant que la situation politique nationale est instable. Nous n’avons aucune visibilité pour l’avenir. »