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Un « tube » mondial made in Vénissieux

Installée dans la grande zone industrielle depuis 2016, Lyon Cintrage Seignobos célèbre ses 100 ans d’existence. Cette PME en plein renouveau excelle dans des domaines aussi variés que l’automobile, le nucléaire ou encore la défense.

 

Les salariés de Lyon Cintrage Seignobos fabriquent des pièces en petites séries pour de prestigieux clients

Si Lyon Cintrage Seignobos n’est installée à Vénissieux que depuis 2016, ses liens avec la ville sont bien plus anciens. La société lyonnaise, aujourd’hui basée rue Antonin-Dumas, était à l’origine un sous-traitant de Berliet, son unique client. Dès les années 1920, la chaudronnerie équipait les pinardiers de l’ancêtre de Renault Trucks, ces camions-citernes qui transportaient du vin.

« Berliet était notre client historique dès 1929, rappelle Jean-Albert Grange, dirigeant de Lyon Cintrage Seignobos de 2004 à 2012, puis de 2016 à 2024, à l’occasion de la célébration du centenaire de l’entreprise. Aujourd’hui, ce client est toujours là et a beaucoup changé : il s’appelle Arquus et Volvo. »

Lyon Cintrage Seignobos a également évolué. L’entreprise familiale s’est diversifiée en 1980 pour devenir un spécialiste du cintrage. Aluminium, cuivre, acier, inox, laiton… Peu importe le métal, les techniciens leur impriment la forme voulue et au diamètre demandé, au prix de quelques heures de réglages sur d’imposantes machines. « Si vous regardez le défilé du 14-Juillet à la télévision, dites-vous que plus de 80 % des tubes que vous apercevez sur les véhicules militaires ont été fabriqués ici : échappements, poignées de portières ou garde-boue », poursuit l’ingénieur.

« Depuis 2004, nous nous concentrons sur des pièces de plus en plus complexes. Nous travaillons sur des prototypes et des petites séries », explique Damien Tupler, commercial chargé d’affaires. « Nous sommes ce que j’appelle ‘une entreprise artisano-industrielle, complète Sébastien Jonard, à la tête de l’affaire depuis six mois. 65 % de nos 2 000 commandes annuelles représentent moins de 10 pièces. L’horlogerie est bien huilée. »

De la grande roue de Dubaï au réacteur thermonucléaire

Dans l’atelier de 3 500 m² , quelques photos de réalisations défilent. Comme cette barre assez complexe qui équipe les nacelles de la grande roue à Dubaï. Ou une décoration tubulaire destinée au Château de la Belle au bois dormant, à l’occasion des 25 ans de Disneyland Paris. Un peu moins glamour : de nombreuses mains courantes sur lesquelles s’accrochent les éboueurs pendant leur tournée matinale sont façonnées ici. Plus étonnant encore : Lyon Cintrage Seignobos équipe le réseau tubulaire du réacteur thermonucléaire expérimental international, destiné à reproduire la source d’énergie du Soleil.

La dynamique est bonne. Le chiffre d’affaires prévisionnel est de 5 millions d’euros en 2024. L’ambition est d’atteindre les 9 millions en 2030. Difficile d’imaginer que la boîte fut contrainte de déposer le bilan en 2016, lorsque le CA était revenu au niveau de celui des années 1990. « Le Tribunal de commerce était sur le point de vendre nos machines au prix de la ferraille, raconte Damien Tupler. Les difficultés remontaient au rachat de 2012. L’entreprise avait perdu ses compétences techniques. » Revenu pour remettre la machine en route en 2016, Jean-Albert Grange se souvient : « Il ne restait plus que six employés. Mais tous les anciens sont revenus progressivement et ont accepté de travailler deux ans et demi sans augmentation de salaire ni primes. »

Aujourd’hui en capacité d’investir, Lyon Cintrage Seignobos poursuit sa croissance. « Nous développons notre savoir-faire technique, expose Sébastien Jonard. Nous avons une trentaine de salariés, plus cinq à dix intérimaires. Nous espérons 50 emplois d’ici quelques années. »

Charte de coopération : Lyon Cintrage Seignobos est le 135e signataire

Djilannie Benmabrouk (adjoint municipal), Sébastien Jonard (dirigeant), Michèle Picard (maire) et Jean-Albert Grange (ex-dirigeant)

La signature interviendra sous peu. Lyon Cintrage Signobos est sur le point d’adhérer à la Charte de coopération. Ce document d’orientation et de programmation a été créé en 2015. Il vise à renforcer les partenariats entre la Ville et les entreprises locales pour promouvoir l’économie sociale et solidaire.

« C’est un réseau public qui prévoit des visites d’entreprises, des ateliers de simulations d’entretiens, des opérations de recrutements, des rencontres avec des partenaires, des parrainages de classes de 3e et des accueils de stages en alternance, énumère Michèle Picard. Il y a à Vénissieux une dynamique à valoriser. Il est essentiel de mettre en contact les acteurs économiques avec les bassins d’emploi et de stimuler les relations. »

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