Le 11 octobre, Michèle Picard, maire de Vénissieux, nous accordait une longue interview où elle déplorait l’attitude du groupe Casino dans le dossier de reprise du supermarché de Vénissy. « Casino reste sourd à nos propositions« , déclarait-elle.
Ses craintes se sont confirmées, puisqu’en début de semaine une promesse d’achat a été signée entre le groupe stéphanois et sa filiale Triangle, une chaîne de supermarchés halal qui ne propose ni alcool ni porc dans ses rayons. Cette cession était évoquée depuis le 23 septembre, mais restait incertaine en raison des oppositions soulevées.
Des habitants s’inquiètent en effet d’un recul de la diversité de l’offre commerciale. Le député Idir Boumertit a interpellé le gouvernement pour l’alerter sur la nécessaire défense du vivre ensemble. Et Michèle Picard, avec le soutien de la Métropole, a fait le forcing auprès de Casino pour qu’une solution alternative plus respectueuse de l’intérêt général soit étudiée. « L’offre d’alimentation générale doit être préservée sur les quartiers du plateau, insistait-elle. Chaque habitant doit pouvoir trouver ce qu’il souhaite dans son magasin de proximité. »
Tous ces efforts sont restés vains. Casino est bien déterminé à céder la moyenne surface des Minguettes à Triangle. « Cela nous permet de ne pas laisser de friche commerciale et de pérenniser l’emploi de 28 salariés, explique la direction de Casino sur le site Internet Lyon Mag. Ces salariés sont en majorité des habitants de la commune et favorables au projet. »
Michèle Picard est furieuse. « Quelle fourberie !« , s’exclame-t-elle dans un communiqué publié mercredi en fin d’après-midi. Révélant que Casino aurait cédé le fonds de commerce de 3000 m2 au prix symbolique de 1 euro – « Tous les repreneurs potentiels ont-ils eu la même opportunité ? » –, le maire de Vénissieux dénonce une partie de Monopoly. « La loi du marché s’impose à nous avec tout le cynisme capitaliste qui l’accompagne (…). Circulez il n’y a plus rien à voir, c’est du business ! »
« Avec colère et détermination »
« J’ai tenté d’en appeler au sens civique du groupe Casino, rappelle le maire de Vénissieux, car je considère qu’une entreprise est intégrée à son territoire, elle est un acteur à part entière du développement de la ville. (…) Mais pour toute réponse, on m’a signifié froidement une fin de non-recevoir. »
Michèle Picard s’en offusque d’autant plus qu’ « une longue histoire lie le groupe Casino à la Ville de Vénissieux : 50 ans de présence, un travail commun dans le cadre de la rénovation urbaine du plateau des Minguettes, des millions d’euros de fonds publics investis pour transformer le quartier, le dynamiser et favoriser la mixité sociale. »
Le maire ne s’avoue pas pour autant vaincu. Avec « colère et détermination« , Michèle Picard « appelle les pouvoirs publics partenaires de la politique de la ville à user de toute leur autorité, le procureur de la République à examiner les conditions de cette cession au plus bas prix, et les habitants à se mobiliser nombreux. »