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Michèle Picard : « Casino reste sourd à nos propositions »

Face à la perspective de voir s’installer un supermarché halal à Vénissy, la Ville et la Métropole ont fait des propositions alternatives. Sans succès pour l’instant.

« Je n’ai rien contre le halal en soi, mais les habitants doivent pouvoir trouver de tout dans leur magasin de proximité », déclare Michèle Picard. Photo Expressions

Fin septembre, on apprenait la probable reprise du supermarché Casino de Vénissy par la chaîne de magasins halal Triangle, filiale du groupe stéphanois. Non confirmée dans un premier temps, l’information a pris depuis de l’épaisseur. Mais elle suscite des réactions. Le député de la 14e circonscription, Idir Boumertit, a adressé le 30 septembre un courrier à Françoise Gatel, ministre délégué en charge du Commerce et de l’artisanat, pour lui demander d’intervenir « afin que Casino réexamine les conditions de cette cession dans un cadre de dialogue ouvert et constructif, respectueux des enjeux locaux et des attentes de tous les habitants ». L’enjeu, rappelait l’élu insoumis, est de faire en sorte que « la population multiculturelle de Vénissieux puisse accéder à une diversité de produits, renforçant ainsi le vivre-ensemble et garantissant que chacun puisse trouver ce dont il a besoin. » Avec le même souci d’éviter un recul de la diversité de l’offre commerciale aux Minguettes, la Ville de Vénissieux et la Métropole de Lyon sont entrées en contact avec Casino. Le maire, Michèle Picard, fait le point sur ce dossier pour Expressions.

Pourquoi êtes-vous restée discrète jusqu’à présent sur ce dossier ?
Michèle Picard : D’abord parce que j’ai été prise au dépourvu. J’ai appris comme tout le monde dans la presse que Casino Vénissy pourrait être remplacé par un supermarché halal. Depuis le mois de mai, nous étions informés que le groupe cherchait un repreneur, mais ensuite ce fut silence radio. Et là, brusquement, on est mis devant le fait accompli.
Ensuite, il me fallait du temps pour voir concrètement ce qui pouvait être fait. Il ne s’agissait pas de réagir pour réagir.

Êtes-vous en colère contre Casino ?
M.P. : Oui, je ne suis pas contente, car il y a une longue histoire de partenariat, vieille de 50 ans, entre Vénissieux et le groupe stéphanois. Nous avons toujours travaillé étroitement, en particulier dans le cadre de l’opération de rénovation urbaine des Minguettes. Casino a du reste profité de cette opération, et est bien placé pour savoir que des sommes importantes ont été investies par les pouvoirs publics pour transformer le quartier, le revitaliser, ramener de la mixité sociale. Casino ne peut pas faire fi de tout cela. Faire le choix aujourd’hui d’implanter un supermarché halal va à l’encontre de ce pourquoi nous nous battons depuis des dizaines d’années avec l’État et la Métropole. Ne pas proposer d’alimentation générale sur le Plateau, ce n’est pas envisageable. C’est contraire au vivre-ensemble et à l’intérêt général. Je n’ai rien contre le halal en soi, mais les habitants doivent pouvoir trouver de tout dans leur magasin de proximité.

« Nous avons proposé la piste d’une solution multiple, deux enseignes au lieu d’une, qui viendraient occuper les 3000 m2 du local commercial de Vénissy. En sachant qu’une des deux enseignes garantirait une alimentation générale pouvant satisfaire tous les publics. »

Qu’avez-vous entrepris pour changer la donne ?
M.P. : Avec Émeline Baume, 1re vice-présidente de la Métropole de Lyon, en charge notamment du commerce, nous avons eu deux réunions avec les responsables de Casino. Il s’agissait d’abord de savoir si l’annonce de l’arrivée du supermarché halal était officialisée. On nous a confirmé que c’était bien le cas, même si on ne sait toujours pas à quel point le dossier est avancé.
Comme solution alternative à l’installation de Triangle, nous avons proposé la piste d’une solution multiple, deux enseignes au lieu d’une, qui viendraient occuper les 3000 m2 du local commercial de Vénissy. En sachant qu’une des deux enseignes garantirait une alimentation générale pouvant satisfaire tous les publics. Nous avons avancé des noms. Notre proposition était construite, même si sa mise en œuvre demanderait du temps et des ajustements. Mais Casino est resté sourd. Pour l’instant nous nous heurtons à la loi du marché.

Ne pouvez-vous rien faire de plus ? Les pouvoirs publics ne disposent-ils pas de moyens légaux pour agir ?
M.P. : Si vous pensez à une préemption, la réponse est non car il n’y a pas de périmètre de sauvegarde à Vénissy, contrairement au centre-ville. Cela ne signifie pas que nous baissons les bras. Le député Boumertit a interpellé le gouvernement, de mon côté je travaille localement avec la Préfète. La Métropole est également soucieuse d’aboutir. L’idée est de voir comment, tous ensemble, nous pouvons exiger que Casino travaille avec les partenaires publics et tienne compte de l’intérêt général.

 

 

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