Un sentiment d’effroi a envahi les élèves et le personnel pédagogique du lycée Sembat-Seguin, ce jeudi matin. Alors que les jeunes rentraient en classe, une dizaine d’individus encagoulés s’est mêlée à la foule et a jeté des mortiers et des pierres sur l’établissement, ainsi qu’en direction du personnel.
Ils ont également ramené des chariots remplis de produits inflammables et des vélos qu’ils ont ensuite incendiés devant le lycée. Une voiture stationnée boulevard Marcel-Sembat a également été incendiée. « Ils sont arrivés masqués, avec plusieurs épaisseurs de vêtements pour se cacher, détaille Patrick Samzun, enseignant dans l’établissement et représentant syndical à Sud Éduc’Action. Ils se sont ensuite enfuis et, d’après ce qu’on sait, il y a eu deux arrestations. »
L’établissement n’a pas été immédiatement fermé, au grand regret de Patrick Samzun : « Le rectorat n’a pas tenu son rôle de protecteur, affirme le syndicaliste. Il y avait de la confusion et peu de communication avec le personnel de la part de la direction. » Les élèves qui étaient déjà dans le lycée ont été maintenus en cours ce matin, avant que l’établissement ne ferme en début après-midi. Certains enseignants ont exercé leur droit de retrait.
« Nous sommes furieux »
D’après l’enseignant, ces dernières semaines, le climat scolaire s’est fortement dégradé au sein du lycée Sembat-Seguin, et de nombreuses tensions auraient éclaté. Des projectiles seraient régulièrement lancés en classe, en début de semaine une vitre aurait été brisée pendant un cours.
« Nous sommes furieux car nous donnons l’alerte depuis plusieurs mois maintenant : nous sommes en sureffectif dans les classes, affirme le syndicaliste. Les élèves ne se sentent pas bien, tout comme les enseignants. Ce sont des conditions de travail inacceptables, et on ne peut pas faire cours comme ça. »
Fin septembre, sept lycées de l’Est lyonnais, dont Sembat-Seguin, se mobilisaient devant le rectorat pour demander plus de moyens humains. Pendant l’audience, l’établissement avait demandé un demi-poste de CPE supplémentaire et un demi-poste d’infirmière, mais ses demandes n’ont pas été accordées.
Dans un communiqué commun, les syndicats du lycée font état d’un constat sans appel : «Le rectorat a délibérément choisi d’ignorer ces alertes et de ne pas débloquer les moyens nécessaires pour apaiser le climat scolaire. (…) La banalisation de tels incidents graves, pouvant causer non seulement des traumatismes psychiques mais aussi des infirmités permanentes chez les élèves comme chez le personnel, n’est pas acceptable. »
Michèle Picard, maire de Vénissieux, a adressé une lettre à Olivier Dugrip, recteur de l’académie de Lyon, dans laquelle elle « condamne sans appel ces actes de violence » et exprime son inquiétude concernant des « conditions d’enseignement de plus en plus dégradées« . L’édile rappelle avoir déjà fait part, en juin dernier, des difficultés rencontrées par les enseignants et demande que leurs revendications soient entendues : « Nous ne pouvons rester sourds face à un climat de plus en plus tendu, affirme-t-elle. Les moyens nécessaires doivent être attribués pour garantir de meilleures conditions de travail. » Michèle Picard a également apporté son soutien « sans faille à l’ensemble du personnel de l’établissement ainsi qu’aux lycéens, face à une situation aussi intolérable qu’inadmissible. »