Finies les vacances ! Après deux mois de pause estivale, écoliers, collégiens et lycéens ont retrouvé leurs camarades et leurs enseignants pour une nouvelle année. Devant l’école du Centre, les enfants, accompagnés de leurs parents, étaient nombreux à attendre patiemment l’ouverture de l’établissement ce lundi 2 septembre. Tous n’avaient qu’une hâte, savoir dans quelle classe ils allaient se retrouver : « on est ensemble ! », se réjouissait une petite fille auprès d’une de ses copines.
Du côté des parents, cette rentrée est partagée entre soulagement et émotion. Pour Nadia, maman de trois enfants, c’est une petite délivrance : « C’est bien les vacances, on les aime nos enfants, mais on est aussi contents qu’ils retournent à l’école », avoue-t-elle. Pour Véronique, les larmes sont au rendez-vous. Ses jumeaux de six ans rentrent en CP : « Ils sont impatients et excités de montrer leur nouveau cartable. Ça nous fait bizarre avec leur papa. On se rend compte qu’ils sont grands maintenant. Mais ils sont dans des demi-classes, et les enseignants vont pouvoir s’adapter en fonction des élèves, c’est une chance. »
Les enseignants et le personnel des établissements scolaires, eux, nagent dans le plus grand flou. Alors que de nombreux changements étaient à prévoir avec la mise en place de la réforme du Choc des savoirs, l’instabilité politique actuelle a tout bouleversé. Il y a quelques jours, Nicole Belloubet, ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, a annoncé que cette rentrée serait limitée à la « gestion des affaires courantes ». En ce qui concerne le premier degré, cela signifie que la refonte du programme scolaire est repoussée à septembre 2025, sauf changement de cap du prochain ministre. La seule nouveauté à noter concerne la généralisation des évaluations en CE2 et CM2.
Groupes de besoin, brevet… C’est flou !
Ce lundi, au collège Paul-Éluard, élèves et parents ont rencontré les professeurs principaux avant la rentrée officielle mardi et le début des cours mercredi. Pour cette nouvelle année, les changements ne seront pas aussi révolutionnaires que ce qui avait été annoncé. La mesure phare de la réforme du Choc des savoirs sera bien mise en place, avec la création des groupes de besoin en mathématiques et en français pour les élèves de 6e et de 5e. Mais la ministre démissionnaire a laissé entendre qu’une « souplesse » d’exécution serait laissée aux établissements. Selon les collèges, ces groupes vont donc prendre des formes très variées.
Extrêmement contestée par le corps éducatif, cette nouveauté a été plutôt bien appréhendée au collège Paul-Éluard de Vénissieux : « Tout est calé, se félicite la principale, Marianne Koreta. Cela a été très compliqué à organiser avec tous les emplois du temps, mais nous avons réussi à trouver un équilibre pour les élèves. » Un constat partagé par un enseignant de mathématiques qui estime que « sur le papier, l’organisation du collège à l’air pas mal ».
Quant au brevet des collèges, il sera bien réaménagé, mais son obtention ne serait plus obligatoire, comme cela avait été annoncé par Gabriel Attal. Les modalités d’évaluation devaient quant à elles changer, avec un contrôle continu passant à 40 % (contre 50 % auparavant). Mais là encore, tous les décrets n’ont pas été publiés à temps.
« Pause numérique » : un effet d’annonce ?
Autre exemple du flou généralisé qui entoure les réformes : la « pause numérique« , autrement dit l’interdiction des portables dans 200 collèges pour une expérimentation. Ils seront désormais déposés dans des casiers à l’entrée de l’établissement. Cette mesure devrait être généralisée dans l’ensemble des collèges pour janvier 2025. Sauf qu’une loi avait été votée à ce sujet en 2018, et que le Code de l’éducation l’avait déjà interdit en 2010. « Les portables étaient déjà interdits dans notre établissement depuis longtemps, confirme Marianne Koreta. Ils étaient autorisés uniquement pour un usage pédagogique à la demande des enseignants. Avec ce nouveau texte, on perd cette notion. »
Au sein du collège Paul-Éluard, la motivation reste toutefois de mise. De nombreux projets devraient voir le jour dès cette semaine, puisque une trentaine d’élèves, membres de l’association sportive, vont se rendre aux Jeux paralympiques pour assister à l’épreuve de para-fauteuil. Un médiateur en milieu scolaire, mis en place par la Cité éducative et la Métropole, va également faire son apparition aux abords et au sein de l’établissement. En lien avec l’association France Médiation, il sera présent quotidiennement et pourra faire de la prévention et de la gestion des violences ou des conflits, ainsi que de la prévention contre l’absentéisme et le décrochage scolaire, tout en incitant les jeunes à adopter « des comportements citoyens, une culture du dialogue et de la tolérance », selon le site de l’association.
Malgré les nombreuses incertitudes qui pèsent sur cette rentrée, on trouve des chefs d’établissement heureux. Ainsi au lycée professionnel Hélène-Boucher, cette nouvelle année est déjà un succès pour Pierre Sébert, proviseur. « C’est ma plus belle rentrée, affirme-t-il. Nous avons tous nos enseignants, et nos effectifs sont en hausse. Nous avons fait un gros travail pour faire connaître l’établissement, et cela paie puisque cette année, nous avons des élèves qui viennent de Chassieu, de Corbas ou encore de Saint-Symphorien-d’Ozon. »
Cet établissement, créé en 1961, propose différentes formations dans les métiers de la restauration, de la propreté et de l’environnement en accueillant près de 400 élèves chaque année. Et le chef d’établissement ne tarit pas d’éloges concernant ses équipes : « Nous avons des enseignants qui sont reconnus, nous avons un cycle qui a été labellisé ‘Prépa-métier d’excellence’, il faut faire résonner ce que font nos profs. Chez Hélène-Boucher, les élèves évoluent dans un climat exceptionnel et sérieux. »