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Libération de Vénissieux : une semaine pour se souvenir

Toute cette semaine, la Ville célèbre les 80 ans de sa libération du joug nazi. Avec notamment un grand bal populaire, vendredi, sur la place Sublet.

Les membres du comité de libération de Vénissieux, parmi lesquels Marguerite Carlet était la seule femme.

D’ordinaire, le printemps est attendu avec impatience, signe des beaux jours qui arrivent. Celui de 1944 ne fut pourtant pas de tout repos pour les Vénissians. Les Allemands occupaient la ville et les Alliés bombardaient inlassablement les cibles stratégiques, atteignant malheureusement aussi les habitations. Ainsi, l’aviation alliée détruisit, les 23, 25 et 29 mars, l’usine de moteurs d’avions Sigma. Furent également touchées une cinquantaine de maisons de l’avenue Jules-Guesde, ce qui causa la mort de cinq personnes. Le 2 mai, les avions attaquèrent l’usine Berliet, leurs bombes atteignant également le Charréard et le centre de Vénissieux, pour un bilan de 28 morts et 66 blessés. Puis, les 25 et 26 mai, le Moulin-à-Vent, les avenues de la République et Francis-de-Pressensé, la gare de triage et l’Arsenal — où se trouvent les usines Descours & Cabaud — furent partiellement détruits. Comme l’expliquait l’historien Alain Belmont dans l’un de ses articles écrits pour Expressions : « Durant ces deux jours, plus de 200 forteresses volantes américaines pilonnent les voies ferrées et les gares, larguant à chaque passage des bombes de 200 à 500 kg. Pour éviter les tirs de DCA, la défense anti-aérienne, les avions volent à haute altitude, ce qui les oblige à « arroser large » pour atteindre leurs cibles. »

On dit que plus de la moitié des bâtiments de la ville ont été pulvérisés par l’ensemble de ces bombardements, Vénissieux étant, après Lyon, la ville la plus touchée du Rhône, ce qui lui vaudra la croix de guerre à l’étoile d’argent, avec pour mention : « Une commune courageuse qui a apporté son aide efficace à la Résistance ».

Car celle-ci fut très active sur place. Le 9 août 1944, une vingtaine de résistants attaquèrent le garage Renault de la route de Vienne, où étaient entreposés des véhicules allemands. Eux ne firent aucun blessé mais, en représailles, le 18 août, les Allemands exécutèrent cinq otages. Le 23 août, le responsable syndical Étienne Broallier prit la direction de la grève insurrectionnelle des cheminots de Vénissieux du dépôt de la gare. Dans son Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, le Maitron apporte des précisions : « Il mit à l’abri 41 wagons de nourriture prêts pour l’Allemagne et dirigea un état-major de 21 hommes. Rapidement, il passa le commandement militaire au lieutenant Merviel envoyé par la Résistance à sa demande, tout en conservant la direction administrative. »

Le 24 août, les Vénissians prirent d’assaut l’Arsenal tandis qu’un autre groupe, dirigé par le boxeur Aurelio Gomez, se battit devant les usines Berliet. C’est là que furent tués Louis Trocaz, Pierre Joseph Gayelen, Félix Gojoly, Louis Moulin et Jean Navarro.

Le drapeau tricolore flotte sur l’hôtel de ville

Rosette Barioz, qui épousa plus tard le grand résistant et déporté vénissian Charles Jeannin, nous avait raconté que, le 2 septembre, les premiers camions de maquisards en provenance du Vercors furent « la plus belle chose » qu’elle avait vu arriver. « Sur Vénissieux, se souvenait-elle, un gros orage avait éclaté et les derniers Schleus avançaient dans la rue Gambetta avec les armes au-dessus de la tête, de l’eau jusqu’à la taille. Les milices patriotiques prévenaient de ne pas s’aventurer tout seul. Marguerite Carlet, qui était la seule femme membre du Comité de Libération de Vénissieux, a monté le drapeau tricolore sur le fronton de la mairie. »

L’épisode est resté ancré dans les mémoires. Le comité de libération, composé, outre Marguerite Carlet, de sept hommes (Cathelin, Coustier, Henri, Martel, Broallier, Philippo et Caparros), pénètre dans la mairie de Vénissieux, situé place Léon-Sublet — elle est devenue depuis la maison Rol-Tanguy, qui a abrité le musée communal de la Résistance et de la Déportation, et s’apprête à accueillir, au cours du prochain mandat, la Maison des mémoires. Marguerite Carlet, du balcon du premier étage, décroche le drapeau nazi et le remplace par le tricolore.
Ce même jour, Rosette Barioz-Jeannin apprend aussi la mort d’un ami, Louis Amadeo del Postal, tombé le 27 août à Saint-Nazaire-en-Royans. Le 3 septembre, tout n’est pas fini, hélas : Marcel Fermigier est en patrouille vers la gare de Vénissieux, le long de la voie ferrée. « Il fit prisonniers, peut-on lire dans le Maitron, trois militaires allemands. L’un d’entre eux le tua en lui tirant dessus à bout portant. »

Les troupes alliées avancaient et, avec l’appui de la Résistance, les villes se secouaient les unes après les autres du joug nazi. L’heure était à la fête et à l’épuration. Mais cela est une autre histoire.

Le programme de la commémoration de la Libération de Vénissieux

Le 2 septembre à 18 heures, au monument aux morts du parc Louis-Dupic, commémoration de la Libération de la ville et présentation, à l’hôtel de ville, du travail réalisé par les enfants élus au CME (Conseil municipal d’enfants) et ceux de la maison de l’enfance Anne-Sylvestre.

Le 4 septembre à 18 heures, au cinéma Gérard-Philipe, projection du documentaire Levés avant le jour, sur les Brigades internationales. Elle sera suivie d’un échange avec Roger Gay (président départemental de l’ANACR) et Alain Bujard (délégué régional Rhône-Alpes des Amis des combattants en Espagne républicaine). Accrochée au cinéma, l’exposition sur « les Brigades internationales, de l’Espagne à la Résistance » sera ensuite visible à l’hôtel de ville du 9 au 13 septembre.

Le 6 septembre à partir de 18 heures, sur la place Léon-Sublet, célébration de la Libération avec un karaoké autour des chansons populaires des années 1940-50, un bal populaire animé par Padam Partie et un concert du groupe Shall We Swing, tandis que paraderont des véhicules d’époque et que l’on pourra se rafraîchir à la buvette de la FNDIRP.

À partir du 22 septembre (dès 17 heures), sur l’espace Culture du site de la Ville, sera diffusé un podcast sur les mémoires d’Étienne Broallier, responsable du Comité de libération de Vénissieux. Dans ce document unique issu de la collection de la Ville, il retrace les derniers jours d’août 1944 et le début septembre.

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