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« Je me souviendrai toute ma vie du Marathon pour Tous des JO »

La Vénissiane Stéphanie Tranchand faisait partie des 20 024 coureurs du Marathon pour Tous, première épreuve de l’histoire des Jeux ouverte au grand public.

Stéphanie Tranchand, comment êtes-vous parvenue à prendre le départ du Marathon pour Tous ?

« J’ai commencé à relever le défi en 2021. Via une application mobile, il fallait participer à un challenge course, vélo ou marche, et obtenir 100 000 points pour espérer être tiré au sort. Grâce à ma pratique régulière, j’ai pu accumuler les points assez vite. »

À Paris, vous participiez seulement à votre quatrième marathon…

« Au début, je ne voulais pas courir de marathon. Je pensais que ça m’était inaccessible. Mais j’ai tout de même pris le départ du Marathon Bresse Dombes en 2022 (4 h 32). Une épreuve très festive. J’y suis allée sans préparation, en me disant : ‘fais-toi plaisir et termine-le !’ En avril 2023, j’ai fini le marathon de Paris (4 h 16), puis celui de Berlin (4 h 49), en septembre. Je pensais que je n’allais plus en faire avant celui de New-York en 2026, pour mes 50 ans. Mais être retenue pour le Marathon pour Tous, c’est vraiment une chance exceptionnelle. »

Vous finissez donc tous vos marathons !

« Oui, quand je commence quelque chose, je vais jusqu’au bout. La grosse difficulté se situe entre le 30e et le 35e kilomètre, avec l’apparition de douleurs. Quand les jambes se contractent, je commence un décompte, de 5 en 5. On se fixe des petits objectifs. Le mental doit prendre le dessus sur le corps. C’est un combat contre soi-même. Cette fois, j’ai eu la chance de compter sur la présence de ma sœur et de mon copain dans le public, ça aide. »

Tout le monde souligne l’atmosphère qui régnait autour de cet événement. Comment avez-vous vécu cela ?

« L’ambiance était vraiment exceptionnelle. Je n’ai jamais vu ça. Il y avait du monde partout, pas seulement au départ, à l’arrivée et aux endroits stratégiques. Il y avait des écrans géants, des animations, des ambiances lumineuses et des concerts tout au long du parcours. Des bénévoles étaient présents dès le 5e km. Les ravitaillements étaient disponibles tous les 2,5 km. »

Êtes-vous satisfaite de votre performance ?

« J’ai bouclé le marathon en 5 h 11. Mais je n’étais vraiment pas là pour le chrono. Dès le premier km, on a envie de profiter de l’environnement. Quand on voit la tour Eiffel illuminée, avec les anneaux olympiques, on veut prendre des photos. On vit des moments magiques, avec la flamme à côté du Louvre, ou encore la flamme-montgolfière. Tout le monde se tape dans les mains… »

« On en prend plein les yeux »

Quels moments forts avez-vous vécus et quelles difficultés avez-vous rencontrées tout au long de ces 42,195 km ?

« Il y avait 439 mètres de dénivelé positif et 439 mètres de dénivelé négatif. Au 15e km, une montée de 1,5 km assez progressive. Au 28e, la fameuse montée de la côte du Pavé-des-Gardes : un vrai mur, une pente à 9 % bordée d’arceaux lumineux. Cette portion de 700 m, la plupart des coureurs la gravissent en marchant. En redescendant sur les quais de Seine, on pense que ça va faire du bien. Mais c’est trop abrupt. Les genoux, les cuisses et les mollets prennent. Une fois qu’on aperçoit la tour Eiffel, on sait qu’on arrive presque au bout. Les athlètes de l’équipe de France olympique nous font passer des messages qui défilent sur des écrans, du type ‘courage, vous tenez le bon bout’ ! Puis ce sont les familles qui diffusent des petits mots d’encouragement. Et au 40e, on aperçoit tout le public. Les spectateurs tapent comme des fous sur des plaques et hurlent pour nous motiver. On n’en peut plus, mais ça nous porte, alors on accélère. Enfin le tapis bleu nous emmène jusqu’à la ligne d’arrivée. »

Vous aimez courir la nuit ?

« J’ai pris le départ de 22 heures. Il faisait chaud : 27 °C. Je m’étais mise en mode nocturne 15 jours avant. C’était les vacances. Je me couchais régulièrement à 4 heures du matin et je me reposais les après-midi. J’aimais déjà l’ambiance des trails nocturnes. La lumière donne une dimension particulière à l’épreuve. Courir la nuit ne m’angoisse pas du tout. »

Avez-vous croisé quelques célébrités ?

« Hélas, non. J’aurais bien voulu voir Tony Estanguet ! Mais les célébrités prenaient le départ en début de sas. Et il y avait 2 400 participants par sas, pour huit sas au total. Mais je n’étais pas là pour ça. »

Comment se remet-on d’une telle épreuve ?

« On a beaucoup marché le lendemain dans Paris. J’ai fait du vélo le lundi. Je n’ai eu que quelques courbatures et une douleur au pied dont je me suis remise rapidement. J’ai refait ma première sortie à J+8. J’ai eu une sensation de jambes lourdes au début et j’ai couru 5 km de manière progressive. »

Avez-vous eu conscience de participer à un événement hors du commun ?

« Sur le moment, on sent qu’on vit un événement historique. Tout est fait pour qu’on ait cette sensation. On en prend plein les yeux. Je sais que je garderai ce souvenir toute ma vie. »

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