C’est avec une grande tristesse que nous avons appris, ce 26 juillet, la disparition du poète Charles Juliet. Il aurait célébré ses 90 ans le 30 septembre prochain. Grand ami du poète et éditeur vénissian Thierry Renard, Charles Juliet était le parrain de cœur de l’Espace Pandora et était souvent venu à Vénissieux pour des rencontres et des lectures, à l’Espace Pandora et à la médiathèque Lucie-Aubrac.
Sur son Facebook, effondré par cette « infinie tristesse », cette « perte profonde », Thierry Renard écrit : « Certes, je m’y attendais. Il était très diminué. Mais l’annonce demeure terrible. Un véritable choc. Nous nous connaissions depuis tellement longtemps, plus de quarante années. Mon second père s’en est allé. Il ne corrigera plus mes poèmes. Il ne relira plus mes épreuves. Charles est parti. C’est fini. »
C’est avec la publication de L’Année de l’éveil, en 1989 chez P.O.L. — un éditeur auquel il restera fidèle jusqu’à ses derniers jours—, dans lequel Charles Juliet évoquait son expérience d’enfant de troupe, que l’écrivain s’était fait connaître du grand public. Plusieurs œuvres phares avaient suivi, dont Lambeaux en 1995 et les différents tomes de son journal, échelonnés de 1978 à 2020. Ses amis vénissians lui avaient consacré plusieurs entretiens, dès Aube Magazine, et avaient publié Trouver la source à La Passe du vent, réédité depuis par La Rumeur libre.
On pouvait lire dans le texte introductif : « Charles Juliet est l’un de nos plus grands écrivains contemporains. Ils sont tellement rares, en effet, les auteurs totalement engagés dans l’aventure, ceux qui marchent dans les pas du silence et qui ont tenu, dès les débuts, à emprunter la voie de l’authenticité. Il poursuit une longue quête, dont l’œuvre qu’il nous donne à lire fait partie intégrante, un parcours humain inclassable, unique et extrême en même temps. Tous ses mots sont justes. Tous ses livres, pour la plupart parus aux éditions P.O.L (Paul Otchakovsky-Laurens, disparu en janvier 2018, et dont il fut proche), journaux, récits, nouvelles, poèmes, font mouche à chaque coup pour qui sait se prêter au jeu d’une certaine et « haute » vérité. »
En 2022, dans Dans la lumière des saisons, Charles Juliet écrivait : « Il faut parfois toute une existence pour parcourir le chemin qui mène de la peur et l’angoisse au consentement à soi-même. À l’adhésion à la vie. » Ce chemin, l’écrivain l’avait suivi dignement, ne recherchant pas les hommages et les acceptant avec humilité. Tel ce prix Goncourt de la poésie reçu pour l’ensemble de son œuvre en 2013. Ou ce Grand prix de littérature de l’Académie française, en 2017. À l’occasion de la sortie de Fraternellement, Charles Juliet, un hommage rendu au grand poète par une cinquantaine d’auteurs, paru chez Jacques André Éditeur, Charles Juliet nous confiait : « J’ai toujours eu une très haute idée de l’art. Mes moyens d’expression n’étaient pas à la mesure de ce que je voulais faire et ce que j’écrivais me décevait. Il y a dans mes textes des années de recherche. » Une modestie, une simplicité qui ajoutaient davantage encore de grandeur à ses écrits.
À sa famille, à ses proches, à ses lecteurs, Expressions adresse ses plus sincères condoléances.
Michèle Gleyze
1 août 2024 à 17 h 05 min
C’est un grand ami, que j’ai perdu aussi, après plus de quarante années d’échanges, de lecture, de rencontres…
désolée aussi de ne pas avoir la possibilité d’aller lui rendre hommage
à Jujurieux,avec ses amis et lecteurs.
Valet-Huguet Renée
29 juillet 2024 à 19 h 59 min
Merci de ces mots à l’endroit d’un écrivain, poète également, qui représente l’incarnation de l’humilité.