Une marathonienne vénissiane aux JO

Photo Emmanuel FOUDROT

Alors que certains athlètes vénissians comme le marcheur Kévin Campion n’ont pas réussi à obtenir leur sésame en raison d’un chrono insuffisant ; d’autres, peut-être nés sous une bonne étoile, auront l’immense privilège de participer aux JO de Paris. Ainsi de Stéphanie Tranchand, qui prendra le départ le 10 août prochain du Marathon Pour Tous, réservé aux coureurs amateurs et programmé 13 heures après le départ du marathon des pros.

“Je cours pour le plaisir depuis une petite dizaine d’années, explique l’intéressée, résidente du centre de Vénissieux et ancienne présidente du CMO-V Gym Rythmique. J‘ai commencé à courir avec des collègues de l’Université Lyon 1, et peu à peu, j’ai rejoint un groupe de coureurs à Parilly, formé grâce à l’application ‘courirauparcdeparilly’. Depuis les années 2020, nous nous entraînons ensemble deux à trois fois par semaine, principalement à Parilly et à Gerland. “

Une annonce parue l’automne dernier sur le site des JO, “Paris2024”, l’interpelle. Il s’agissait ni plus ni moins de prendre part aux JO. “Avec le Marathon Pour Tous, Paris 2024 révolutionne l’expérience grand public des Jeux Olympiques et Paralympiques. Beaucoup en ont rêvé, c’est maintenant une réalité : des athlètes amateurs emprunteront le même parcours que le marathon olympique, permettant au plus grand nombre d’emboîter le pas à des athlètes d’exception. Ce 42 km sera disputé de nuit le 10 août 2024, les sensations seront décuplées sur un parcours inédit et original qui fera honneur au patrimoine et à l’histoire de l’Hexagone et de la région parisienne.”

Pour être éventuellement sélectionné, il fallait s’inscrire via une application et croire en sa bonne étoile. “Les candidats devaient avoir obtenu un certain nombre de points, en fait avoir couru un certain nombre de kilomètres, sans souci du chrono, détaille Stéphanie. L’application officielle était synchronisée avec nos montres connectées. Ensuite, un tirage au sort permettait aux heureux élus d’avoir droit à un des 20 024 dossards attribués sur le marathon ou sur le 10 km, de façon paritaire entre hommes et femmes. Quelque 110 pays sont représentés pour cette course. Quand on m’a annoncé que j’avais été sélectionnée, j’étais sur un petit nuage. Vous vous rendez compte ! Courir sur le même parcours que le marathon olympique, dans une ambiance de fête dans la nuit parisienne aux côtés de milliers de passionnés de sport, c’est inespéré.”

Un marathon pour tous chargé d’histoire

En dévoilant le parcours officiel du marathon, l’automne dernier, le comité d’organisation des JO a tenu à rendre hommage aux femmes. “Il s’est inspiré de la célèbre Marche des Femmes d’octobre 1789, précise Florence Carpentier, historienne du sport. Plusieurs milliers de femmes ont marché sur Versailles pour ramener le roi et sa famille à Paris, alors que la famine guettait la capitale. Louis XVI ne quittera ensuite plus jamais Paris, et il signera notamment la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ce qu’il refusait de faire jusqu’ici. Cette marche des femmes de 1789 est un moment très fort de l’histoire des femmes : c’est une des premières fois où elles se rassemblent pour manifester. Ce sont les femmes des faubourgs populaires de Paris qui se rassemblent, car les temps sont durs, le coût de la vie est élevé, il y a des pénuries de denrées alimentaires.” On pourrait ajouter que faire courir le marathon féminin après celui des hommes, en baisser de rideau des Jeux Olympiques, est également très symbolique.

Franchir la ligne… “à genoux s’il le faut”

Stéphanie mesure la portée de cet événement. “Le parcours est magique, Il reliera l’Hôtel de ville de Paris à Versailles en une boucle chargée d’histoire. On va traverser neuf communes de la région Île-de-France, avec une succession de monuments dans Paris, parcs et forêts emblématiques de la région parisienne dont le site du château de Versailles. Sur le plan sportif, j’ai vu qu’il y a un dénivelé positif de 436 mètres (différence d’altitude entre le début et l’arrivée de ta course). Ça ne va pas être de la tarte. Pour la petite histoire, ce marathon pour tous, ne sera que mon 4e marathon. J’ai démarré par celui de Bresse-Dombes (4h32), puis celui de Paris (4″16) et enfin le très roulant marathon de Berlin (4h49), l’Éthiopienne Assefa Tigist y avait établi un nouveau record du monde en 2h11.

Depuis que j’ai su que j’étais invitée, je n’ai pas voulu modifier mes entraînements, mon hygiène de vie, mes habitudes. Pas question de m’astreindre à un régime de champion ou de faire appel à un spécialiste des longues distances. Je cours toujours trois fois par semaine, je vais légèrement allonger les distances d’entraînement, faire du fractionné… Il va sans dire que mon objectif sera uniquement de franchir la ligne d’arrivée prévue aux Invalides. À genoux s’il le faut.”