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Quartiers prioritaires : les emplois francs, ces contrats gagnant-gagnant

Deux Vénissianes vivant en quartier prioritaire, ont signé symboliquement ce jeudi 11 juillet leur contrat régi par le dispositif d’emploi franc.

À table, de gauche à droite : Bernard Gouillon (DRH Carrefour Vénissieux), Triphine Niyoyimbabazi (Carrefour Vénissieux), Mounia Mebarkia (directrice de sites Elior) et Kinsley Dumesnil (Elior). Derrière ; Salwa Philibert (sous-préfète chérgée de la politique de la ville).

L’emploi franc, que le Gouvernement a généralisé le 1er janvier 2020, rencontre du succès à Vénissieux. Cette année, au 30 juin, 59 demandeurs d’emploi inscrits à l’agence France Travail de la ville ont bénéficié de cette aide à l’embauche. À l’échelle du département, 337 contrats de ce type ont été signés.

Ce dispositif incite tout employeur à engager des personnes issues des quartiers prioritaires, en contrepartie d’une allocation pouvant atteindre 15 000 euros sur 3 ans pour une embauche en CDI. Pour un recrutement en CDD, la durée minimale est de 6 mois. La signature peut rapporter 2 500 euros par an à l’entreprise pour un temps complet.

Si l’on considère que les habitants des quartiers éprouvent plus de difficultés que les autres pour accéder à un emploi, alors cette incitation financière vient rétablir un certain équilibre. « Les habitants de ces territoires souffrent d’une discrimination à l’adresse, constate Salwa Philibert, sous-préfète chargée de la politique de la ville, venue promouvoir le dispositif emplois francs dans les locaux de France Travail. On ne voit pas les pépites que l’on a dans nos quartiers. Les entreprises passent à côté. En faisant un pas de côté, entreprises et candidats s’ouvrent mutuellement des horizons. En France, on a la chance de pouvoir faire ce qu’on veut : on a les dispositifs et les partenaires pour le faire. »

Deux nouvelles Vénissianes embauchées

L’existence de ce levier de l’État a sans doute contribué à éclaircir celui de Kinsley Dumesnil. Cette Guadeloupéenne de 22 ans, qui a atterri en Métropole il y a seulement quelques mois, est désormais employée polyvalente en restauration à l’Hôpital privé Jean-Mermoz (Lyon 8e). Rassuré par ses capacités démontrées lors de ses deux mois d’AFPR (Action de formation préalable au recrutement), son employeur, Elior, lui a proposé un CDD de six mois. « En septembre, son contrat débouchera sur un CDI, assurément, promet Mounia Mebarkia, responsable de sites chez Elior. Quand j’ai rencontré Kinsley, j’ai vu une personne motivée. Elle vit chez son père. Elle a besoin de travailler. Je l’ai testée sur tous les postes, elle m’a donné satisfaction. » La principale intéressée, enthousiaste, explique ne pas avoir connu de difficultés lors de son parcours express vers l’emploi : « En Guadeloupe, il est plus difficile de s’en sortir. On m’avait dit que ce serait plus ouvert ici. »

Passée par la petite porte, Triphine Niyoyimbabazi a conclu un contrat de professionnalisation dans la grande distribution, secteur dans lequel elle est en train de se faire une place. Après avoir émigré de son Rwanda natal, cette trentenaire a découvert Carrefour Vénissieux dans le cadre d’une Préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC), du 6 mai au 14 juin. « C’est un nouveau défi pour moi, déclare la jeune femme. Au Rwanda, j’étais conseillère stratégique auprès d’entreprises. »

Bernard Gouillon, responsable RH de l’hypermarché, semble tout heureux d’avoir trouvé la perle rare : « En décembre, Triphine obtiendra son certificat de qualification professionnelle d’employée de commerce magasin. Et plus si affinités ! Pour nous, recruter des personnes capables de répondre aux exigences du métier, aux relations clientèle et de tenir le rythme et les horaires n’est pas évident. »

Le dispositif est-il efficace ?

Depuis son expérimentation en 2018, le recours aux emplois francs est globalement en hausse. En 2022, Pôle emploi avait accepté près de 27 000 demandes, pour un total de 48 900 bénéficiaires en fin d’année. Mais peut-on s’interroger sur l’efficacité de cette aide pour l’emploi des personnes domiciliées en QPV ? Selon une analyse publiée par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), le 25 septembre 2023, 77 % des employeurs ont déclaré, en 2022, qu’ils auraient embauché la même personne en l’absence du dispositif. Dans 6 % des cas, le recrutement n’aurait pas eu lieu. Et 5 % auraient bénéficié à une autre personne. Ces données traduisent un effet d’aubaine.

D’autres chiffres traduisent tout de même une utilité certaine des emplois francs : ces derniers améliorent la qualité des emplois. La part de CDI et celle des contrats à temps complet auraient été moins élevés en l’absence du dispositif. Toujours en 2022, 75 % des embauches sécurisées par l’emploi franc l’ont été en CDI. 32 % des employeurs concernés déclarent qu’ils auraient pas proposé le même type de contrat sans l’aide.

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