Ces imposants poids lourds, qui effectuent les transports inter-usines, roulent à l’électrique.
La noria de camions reliant les usines Renault Trucks de Saint-Priest et de Bourg-en-Bresse est moins bruyante qu’auparavant. Et, surtout, moins polluante. Car les 90 kilomètres qui séparent ces deux imposants sites industriels ne s’effectuent plus au diesel mais bien à l’électrique.
Ce flux logistique 100 % décarboné se matérialise par cinq camions E-Tech T chargés d’essieux. Ces 44 tonnes embarquent jusqu’à 6 batteries et dégagent une puissance de 666 chevaux. Ils sont capables de rouler jusqu’à 500 km avec une charge en courant continu d’une heure. Chaque camion effectue deux rotations de 180 km chaque jour. En un an, 450 000 km sont parcourus de manière silencieuse et non polluante.
Pour électrifier ce flux, la filiale du groupe Volvo a dû résoudre deux équations : minimiser les coûts des véhicules et des infrastructures tout en limitant les contraintes des transporteurs Dupessey&Co et Transports Chazot par rapport à la recharge. « La recharge s’effectue pendant les temps de repos des chauffeurs, précise Régis Pierrelle, directeur des opérations chez Renault Trucks. Ils disposent d’une guérite pour être dans les meilleures conditions possibles. » Le constructeur a dû trouver le bon équilibre : « Il faut réussir à intégrer le temps de recharge et éviter d’embarquer trop de batteries. »
L'autonomie et le confort du conducteur sont des enjeux cruciaux.
Cette opération de décarbonation, fruit d’un travail partenarial avec Mobilize et E-Totem, n’a engendré qu’un surcoût de 5 % sur 6 ans. Les aides gouvernementales, via la prime Advenir et la subvention de l’Ademe, ont contribué à cet effort.
« Chez Renault Trucks, nous construisons, grâce à ce type de projet, un nouveau modèle de transport, annonce le président Bruno Blin. À l’horizon 2030 nous nous sommes fixés comme objectif d’électrifier massivement notre logistique et à 100 % celle entre nos sites de production. »
Oxygen, pour changer l’image du poids lourd en ville
Renault Trucks place l’électrique au centre d’autres projets. À Saint-Priest, le constructeur expose ainsi son véhicule-laboratoire baptisé « Oxygen ». Ce camion aux lignes futuristes et aux courbes harmonieuses de 16 tonnes est développé avec Geodis. L’engin expérimental bleu et noir est dédié à la logistique urbaine. Avec ce véhicule, un chauffeur-livreur peut transporter jusqu’à 17 palettes de chargement. Là encore, la question de l’autonomie est cruciale. « Geodis nous avait demandé 80 km d’autonomie, confie Guillaume Fouré, chef de projet. On a atteint 150 ! » L’autre enjeu était de l’intégrer au mieux dans un environnement urbain. « L’image du poids lourd en ville peut être négative, remarque Guillaume Fouré. Mais ce camion ne fait pas peur. Il est différent. On s’est fait repérer dans Lyon car il attire l’œil. Et le chauffeur peut être fier de son véhicule. »
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