C’est une première depuis 2014. Ce jeudi 30 mai, entre 75 et 90% des pharmacies resteront fermées, d’après les organisations syndicales des officines. Ce mouvement national vise à alerter « sur le risque de déserts pharmaceutiques et à faire part du mécontentement généralisé de ces professionnels de santé face aux difficultés économiques auxquelles ils font face depuis près de trois ans », indique le communiqué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Ils souhaitent notamment une revalorisation de leurs honoraires pour lutter contre l’inflation de leurs charges.
À Vénissieux, entre autres officines, la grande pharmacie des Minguettes et la pharmacie Molière sont mobilisées. La pharmacie du Moulin-à-Vent, à la frontière entre Lyon 8 et Vénissieux, a été réquisitionnée pour répondre aux besoins des habitants.
Toujours du côté du quartier Moulin-à-Vent, une autre pharmacie a souhaité rester ouverte mais « est totalement en accord avec le mouvement », selon une des préparatrices en pharmacie. Pour elle, cette mobilisation est nécessaire : « Nous avons de plus en plus de missions, nous ne sommes pas contre, c’est parfois une nécessité face à la situation actuelle. Mais nous ne pouvons pas le faire sans rémunération supplémentaire. Cela prend du temps et on a besoin de personnel pour réaliser ces tâches. Et avec l’inflation que nous avons subie sur nos charges, cela devient impossible, tout est impacté. »
Manque de médicaments et inflation
Avec l’augmentation des déserts médicaux, les officines peuvent en effet réaliser de nouveaux actes. En plus de délivrer des médicaments, des conseils et proposer l’accompagnement aux patients, les pharmaciens peuvent réaliser des vaccinations, proposer des dépistages ou même des tests pour diagnostiquer le Covid ou les angines.
Depuis plusieurs mois, ils doivent aussi assurer la recherche de médicaments pour leurs patients face à une tension sur le marché. La pénurie touche certains antibiotiques, traitements anticancéreux ou insulines. En 2023, près de 5000 médicaments étaient en « rupture de stock » ou en « risque de rupture » d’après l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, deux fois plus qu’en 2021.
Autre inquiétude pour les pharmaciens : le possible assouplissement concernant la vente en ligne de médicaments, qui pourrait encore plus fragiliser les réseaux de pharmacies de proximité. « Favoriser la vente de médicaments sur internet avec un stock déporté est une atteinte au réseau pharmaceutique et à la destruction de son maillage, a alerté le président de l’USPO, Pierre-Olivier Variot, sur France 3. On va être dans une course aux prix et on va faire du médicament un bien de consommation et non plus un soin. »
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