Jeudi 16 mai, 70 % du personnel éducatif du lycée Marcel-Sembat a fait grève afin de soutenir une collègue, menacée de mort quelques jours plus tôt : « Nous souhaitons lutter contre cette violence d’une gravité exceptionnelle », alerte Patrick Samzun, enseignant dans l’établissement et délégué syndical Sud Éduc’ation.
La menace de mort sous forme d’inscription a été découverte dans l’établissement le mardi 7 mai : « La date renvoyait au jeudi 16 mai, cette grève correspondait donc au jour de la potentielle concrétisation de cette menace », indique l’enseignant. La direction et le rectorat ont tout de suite été prévenus de la situation et une demande de protection fonctionnelle a été accordée à l’enseignante.
Mais pour Patrick Samzun, c’est dérisoire : « Notre collègue a reçu un message de soutien et l’activation de cette protection qui peut se traduire par une compensation financière pour des frais d’avocat si besoin, mais ça ne va pas au-delà ». Aucun accompagnement humain ou aide psychologique n’auraient été proposés à la professeure. « On lui explique comment reprendre le travail, mais rien pour l’aider à se remettre d’un tel choc », s’indigne le syndicaliste.
Une demande de retrait prolongée
« C’est une mise en danger grave et imminente, continue Patrick Samzun. La date est désormais passée, mais la menace plane toujours. » L’enseignante, qui a porté plainte et fait jouer son droit de retrait, « ne souhaite pas reprendre les cours dans l’établissement, du moins jusqu’à la fin de l’année ».
Le personnel de l’établissement a donc envoyé une lettre au rectorat pour demander une audience en urgence et la prolongation du droit de retrait de l’enseignante. « Si l’académie ne l’accorde pas et qu’elle ne vient pas en cours, cela sera prélevé sur son salaire. » La direction académique doit rendre sa décision mardi 21 mai. En cas de réponse négative, les enseignants prévoient une nouvelle mobilisation dès le lendemain.
L’auteur des faits n’a toujours pas été identifié. Au sein du lycée, les élèves sont étroitement surveillés. « Un cadrage strict a été mis en place, précise le délégué syndical. Ils sont désormais accompagnés à la sortie des classes et ne sont plus qu’un seul par table ». Les parents des élèves de la classe où l’auteur des menaces est probablement scolarisé vont également être convoqués.
Malgré l’extrême gravité des faits, Patrick Samzun tient à ne pas stigmatiser l’ensemble des élèves : « Ils sont sérieux, travailleurs et respectueux, estime-t-il. Un tel acte est inédit chez nous. Tous les élèves sont stupéfaits et ne comprennent pas ce qu’il s’est passé. »