Impossible d’échapper au raz-de-marée médiatique qui accompagne la torche olympique, objet conique de 1,5 kg couleur champagne, réalisé par ArcelorMittal.
Partie de Grèce, le 27 avril, à trois mois de l’ouverture des JO de Paris 2024, la Flamme a embarqué à bord du Belem*. Le navire a largué les amarres depuis le port grec du Pirée et sera escorté en permanence par un bâtiment de la Marine nationale. Après une odyssée de plus de 2000 km qui l’a vu longer l’Olympie, la Sicile et ses volcans et emprunter le détroit de Messine, le trois-mâts est attendu ce 8 mai à Marseille, où il paradera dans la rade de la cité phocéenne accompagné de 1 024 bateaux. Des animations sont prévues sur terre et en mer, jusqu’au Vieux Port, tout au long de la journée.
Seize jeunes, vêtus de rouge, ont été choisis au mérite pour voyager sur le Belem entre Athènes et Marseille, dans un but précis : être les éclaireurs qui vont transporter la Flamme olympique. Et parmi les seize marins professionnels de l’équipage, on reconnaît un matelot vénissian spécialisé dans les manœuvres de voiles depuis les années 2000 : Sergio Lombardi, gabier instructeur. Lequel peut se targuer d’un vécu impressionnant à bord de ce voilier. « On a d’abord refait une beauté au Belem à La Seyne-sur-Mer, sur près de cinq mois, nous a-t-il confié par téléphone. Ça a été long, mais nécessaire. Il y a eu la cérémonie de remise de la Flamme à Tony Estanguet, président du comité d’organisation des JO, qui est monté à bord. Nous n’avons que rarement vécu une telle agitation, et nous ne sommes pas encore arrivés à Marseille. »
Précieuse flamme
Cet ancien footballeur du Surville Olympique, club évoluant au stade Pierre-Albalate, aime revisiter un pan de l’histoire autour de ces JO et du Belem. « Vous avez dû l’entendre ou le lire, mais le Belem a été construit en 1896… année de la création des Jeux olympiques de l’ère moderne. On comprend mieux ce qui peut relier le Belem aux JO. »
Outre les jeunes stagiaires choisis au mérite pour voyager, d’autres invités inhabituels incitent l’équipage à rester vigilant. Ils sont une soixantaine à bord. En ce jour férié du 1er mai, Sergio Lombardi et le Belem sont entrés dans le détroit de Messine, en Italie. « Les médias sont en nombre, il y a un journaliste de L’Équipe, des envoyés spéciaux de France Télévisions participent aux manœuvres, tout le monde est mis à contribution à tour de rôle. » Mais la vedette reste la Flamme, la passagère la plus précieuse du voilier, protégée à l’intérieur d’une lanterne, sous cloche. Parfois, l’un de ses gardiens lui fait faire un tour à bord…
Ce 8 mai, Florent Manaudou, premier relayeur français, doit récupérer la Flamme sur le Belem et s’élancer sur une piste d’athlétisme flottante posée sur la Méditerranée, lancement officiel du Relais de la Flamme olympique en France. Jusqu’au 26 juillet, elle visitera plus de 400 communes en 68 jours. Le conseil départemental du Rhône et la Métropole de Lyon ont refusé d’accueillir l’événement pour des raisons de coût. Et ils ne sont pas les seuls : 37 départements estiment la facture trop salée : 150 000 euros pour une seule journée, sans compter les taxes et le coût des animations.
*Le Belem tient son nom de la ville brésilienne qui était son comptoir de commerce. Quand il n’accueille pas des stagiaires — 1 200 par an —, ce vieux gréement sillonne le monde pour des événements prestigieux : le centenaire de la statue de la Liberté ou le jubilé de diamant de la reine Élisabeth II… Il a été classé au titre des monuments historiques en 1984.