Un an et demi après avoir inauguré la toute première station hydrogène de l’agglomération lyonnaise à Saint-Priest, HYmpulsion en ouvre une seconde à Vénissieux, sur un terrain que met à disposition le Groupe Serfim. Le maillage du territoire métropolitain devrait être complété fin 2024 avec la mise en fonction de la station de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry. Il s’agit là de la cinquième implantation de la région. Clermont-Ferrand (63), Chambéry (73) et Moûtiers (73) sont déjà équipées.
Le site ressemble plus ou moins à une station essence en libre-service classique. À la différence près que les deux pistolets mis à disposition des usagers délivrent 350 et 700 bars de pression de ce carburant encore très marginal qu’est l’hydrogène, respectivement pour les poids lourds et les véhicules légers.
Après avoir assisté au traditionnel découpage de ruban d’inauguration, les partenaires du projet ont pu découvrir le déroulement d’un plein. Remplir le réservoir de 4 kg du fourgon Opel Vivaro-e Hydrogen prend quelques instants. Au prix public de 15,55 euros le kg, la facture s’élève à 62,2 euros. Ce passage à la pompe doit permettre à l’utilitaire de parcourir près de 400 km. Notons que le constructeur allemand commercialise ce modèle au prix hors-TVA – et hors-subventions – de 124 900 euros. Soit… 96 300 euros plus cher que le modèle thermique. La mobilité hydrogène n’est pas encore à la portée de toutes les bourses.
Pour l’Iveco Bus E-WAY H2, qui embarque quatre réservoirs de 7,8 kg à 350 bars en toiture, l’opération est un peu plus longue. Là aussi, l’autonomie théorique revendiquée est de 400 km.
Des subventions pour le déploiement des véhicules
Cette station futuriste, capable de délivrer 400 kg chaque jour, a mobilisé 2,5 millions d’investissement. HYmpulsion, entreprise commerciale issue du partenariat public-privé entre la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Banque des Territoires, Michelin, Engie et le Crédit agricole, a cofinancé l’opération avec l’État, via l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), et l’Union européenne.
« Notre objectif est de mettre en route 15 stations d’hydrogène renouvelable alimentées par un électrolyseur de 2 MégaWatts d’ici à fin 2024, a annoncé Jean-Christian Beaumont, directeur général exécutif chez HYmpulsion. Il sera possible de traverser la région d’Est en Ouest et du Nord au Sud. »
Ce déploiement s’inscrit dans le projet « Zero Emission Valley » (ZEV), un appel à projets auquel la Région a répondu. « Il n’est pas uniquement question de stations, a développé Thierry Kovacs, vice-président de la Région chargé de l’environnement et de l’écologie positive (LR). C’est aussi de la production et de l’usage, à travers l’acquisition de plusieurs centaines de véhicules H2 : fourgons, taxis et bus. On parle d’un projet de 120 millions d’euros. La Région contribue à hauteur de 15 millions d’euros. L’aide de l’Ademe s’élève à plus de 24 millions d’euros. »
Enfin, le partenariat avec l’opérateur de mobilité Watéa by Michelin signé ce jour doit contribuer à développer dans la région le plus important réseau de stations publiques en France. Dans ce cadre, près de 450 véhicules à pile à combustible devraient être mis en circulation d’ici à 2026. « Les taxis bleus de Paris vont arriver dans les 6 mois, projette Jean-Christian Beaumont. Les 14 premiers cars d’une ligne de 50 seront là en fin d’année. On complètera avec les camions et les bus à échéance 2025. »
Tous ces objectifs découlent d’une volonté politique forte qu’insuffle le Gouvernement. « Depuis le lancement de la stratégie hydrogène nationale en 2020, qui consiste à installer 6,5 Gigawatts d’électrolyseurs d’ici 2030 avec un budget de 7 milliards d’euros, l’État démontre son engagement dans l’émergence et la structuration de cette filière clé dans la transition énergétique, » a ainsi rappelé Vanina Nicoli, préfète secrétaire générale de la préfecture du Rhône.