En Auvergne-Rhône-Alpes, plus d’une entreprise sur quatre envisage de recruter en 2024 (28 %). Si cette statistique reste encourageante, elle est toutefois en recul par rapport à celle de l’année précédente. En effet, en 2023, les besoins de recrutement concernaient près d’une entreprise sur trois dans la région (32 %).
La belle dynamique observée dès la reprise post-Covid, avec deux années record, est bel et bien freinée. Cela se ressent également avec le nombre de projets de recrutement, passé de 370 100 à 321 700 en un an (- 13 %). Dans le Rhône, cette baisse est encore plus franche (-15 %), soit 15 100 projets en moins.
Si les entreprises embauchent moins, elles éprouvent toujours autant de difficultés à pourvoir leurs postes. 57,2 % d’entre elles en témoignent (62,6 % en 2023). « En 2014, on était à 34,4 %, remarque Frédéric Toubeau, Directeur régional chez France Travail. Mais ces difficultés sont disparates. » Les recruteurs dans les secteurs clés de la santé humaine et l’action sociale (71 %), de l’industrie (65 %) et de la construction (63 %) sont les plus à la peine.
Certains métiers pointent toujours très haut dans le classement des plus recherchés : employés polyvalents de la restauration, aides-soignants, agents d’entretien, aides à domicile et auxiliaires de vie, serveurs. Les services concentrent près des deux tiers des projets de recrutement (63 %).
Pour tenter d’appairer l’offre et la demande, France Travail développe des outils qui profitent à la fois aux recruteurs et aux demandeurs d’emploi. « Nous organisons des semaines thématiques, comme c’est le cas ces jours-ci avec la Semaine des métiers du soin et de l’accompagnement, détaille Frédéric Toubeau. Nous favorisons aussi les immersions professionnelles qui peuvent durer jusqu’à un mois, ou encore les recrutements par simulation, principalement auprès des TPE et PME. Désormais, les entreprises recrutent autrement. Beaucoup utilisent le dispositif Du stade vers l’emploi, où un candidat est jugé sur son comportement, plus que sur son CV. »
« Le CDI n’est plus le Graal »
Selon les réponses apportées par 44 % des recruteurs, le principal frein à l’embauche concerne les conditions de travail : principalement les horaires dans l’hôtellerie-restauration, l’industrie et les établissements de santé, la mobilité pour les entreprises éloignées des centres-villes, ou encore la garde d’enfants pour les familles monoparentales, qui se multiplient.
« Même si les salaires peuvent être attractifs, tous n’acceptent pas les conditions de travail proposées », explique Frédéric Toubeau. Aujourd’hui, les entreprises sont incitées à afficher des salaires les plus réalistes possibles. « Quand une entreprise dépose une offre sur France Travail, elle a connaissance du niveau salarial moyen proposé par l’ensemble des autres recruteurs, dévoile Jacques-Alex Dorliat, directeur régional adjoint. Ainsi, elle peut se positionner pour être concurrentielle. »
Autre nouveauté qui caractérise l’évolution des souhaits des demandeurs d’emploi : le type du contrat de travail n’apparaît pas forcément comme un critère déterminant. « Le CDI n’est plus le Graal, démystifie Frédéric Toubeau. Seuls 63 % des demandeurs d’emploi recherchent un Contrat à durée indéterminée à temps complet. » Les entreprises de la région suivent le schéma inverse : 61 % des offres sont des CDI (107 600 sur 176 422). Sur ce point aussi, difficile de trouver un terrain d’entente…
Source : enquête BMO 2023 réalisée par France Travail entre octobre et décembre 2023.