Certes, ils n’étaient « pas assez nombreux pour défiler » jusqu’à la médiathèque Lucie-Aubrac, comme ils l’espéraient initialement, et ont donc transformé la manifestation en rassemblement sur le point de rendez-vous initial, esplanade Jean-Cagne. Il n’empêche : les quelque soixante Vénissianes et Vénissians — qu’ils soient militants associatifs, responsables politiques ou simples habitants — ont tenu à redire, jeudi 18 avril, leur opposition aux expulsions locatives.
Il faut dire que le contexte actuel est brûlant, à de nombreux points de vue. À Vénissieux, plusieurs expulsions sont en cours ou programmées, depuis la fin de la trêve hivernale le 31 mars. Et le parc social ne parvient pas à répondre aux besoins des plus précaires : 4 000 demandes de logement social sont en attente dans notre ville. On en compte 90 000 dans la Métropole de Lyon.
« Cette situation, c’est le résultat des politiques successives, menées par les différents gouvernements depuis plusieurs années, a dénoncé André Mazuir, porte-parole du Réseau d’alerte et de solidarité des Vénissians. Les décisions prises par Emmanuel Macron ne font qu’exacerber les difficultés que rencontrent les plus pauvres. »
Et le militant associatif de détailler les propositions du Réseau pour « faire qu’avoir un toit, ce soit vraiment un droit en 2024 » : « Nous demandons la création d’un véritable service public du logement, ainsi que la construction de 200 000 logements sociaux, afin de ramener le délai d’attente entre une demande et l’obtention d’un appartement, de six ans à six mois. Nous exigeons la fin des expulsions locatives, au profit de solutions sociales, humaines : ceux qui ne peuvent pas payer leurs loyers ne sont pas de mauvais payeurs, ils font face à un problème de ressources ! La Préfecture doit prendre ses responsabilités et mettre en place un dispositif d’hébergement d’urgence à destination des familles, afin qu’aucun enfant ne dorme à la rue. »
7 demandes sur 10 d’aide sociale en lien avec le loyer
« Cette dégradation des conditions de vie, nous la constatons tous les jours sur la ville, a regretté Michèle Picard, maire de Vénissieux. 69 % des aides financières accordées concernent le paiement du loyer et 31 % les factures d’énergies. Les demandes de tarification sociale pour la restauration scolaire ont augmenté de 20 %, signe d’une précarisation qui s’installe et qui augmente. En 2023, 160 ménages ont été assignés en justice, les 3/4 pour impayés de loyer. Malgré le travail social engagé depuis des années avec nos partenaires pour gérer, le plus en amont possible, les impayés de loyer. Cette année, 27 expulsions sont d’ores et déjà programmées. »
Députée suppléante de la 14e circonscription du Rhône, Gisèle Putoud (La France Insoumise) a pour sa part estimé que « le droit au logement en France a connu une nette régression ces dernières années. Toutes les études le disent. La part du PIB consacrée à l’effort public pour le logement est en baisse depuis 2010. Des milliers de familles sont plongées dans l’angoisse d’une expulsion locative. Et le gouvernement en place n’arrange pas les choses. Cela va encore s’aggraver avec l’entrée en vigueur de la sinistre loi Kasbarian-Bergé, qui va encore piétiner le droit au logement. »
Rappelons que cette loi, au motif de « protéger les logements contre l’occupation illicite », prévoit une condamnation pouvant aller jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende pour les personnes et familles qui, faute d’hébergement d’urgence, se mettent à l’abri dans des logements inhabités. Elle accélère aussi la procédure d’expulsion locative, tout en retirant au juge le pouvoir de suspendre l’expulsion. Enfin, elle intègre une amende de 7 500 euros pour les locataires qui se maintiennent dans les lieux après une décision d’expulsion.
pam
19 avril 2024 à 16 h 48 min
J’ai compté 82 personnes… !!